mardi 14 juin 2011

Tragédie

 " L’homme qui se casse une cheville ou se prend une tarte à la crème dans la gueule, c’est le premier homme qui croque la pomme, s’échappe dans les premiers plans du jardin d’Éden la tête haute, se voit dix secondes en maître des ombres et des lumières avant de comprendre dans sa chair que ce n’est pas vrai, que ça ne se passera pas comme ça." (XP dans "Conversation avec Baudelaire")


Cathédrale de Chartres dans le fond


"Comment aurait-il pu deviner, avec toute sa bonté soigneusement calibrée, qu'il fallait payer si cher pour vivre dans l'obéissance? L'obéissance, on la choisit pour faire baisser les enjeux, au contraire. Belle épouse. Belle maison. L'affaire se porte comme un charme. Son tyran de père, il le manipule assez bien. Il en jouit un maximum, de son paradis personnel. Ainsi vivent les gens qui réussissent. Ce sont de bons citoyens. Ils ont conscience de leur chance. Ils en sont reconnaissants. Dieu leur sourit. Quand il y a des problèmes, on s'adapte. Or subitement tout change, et ça devient impossible. Plus rien ne sourit à personne. Et alors qui peut s'adapter? Voilà quelqu'un qui n'est pas fait pour que la vie batte de l'aile - ne parlons pas de l'invraisemblable. D'ailleurs qui est fait pour l'invraisemblable? Personne. Qui est fait pour la tragédie et la souffrance absurde? Personne. La tragédie de l'homme qui n'était pas fait pour la tragédie, c'est la tragédie de tout homme."

(Philip Roth, "Pastorale américaine")

En lien avec ce texte écrit en 2009 : "Je ne comprends pas"

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