" Cette nuit-là, Jacob se leva, il prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants, et passa le gué du Yabboq.
Il leur fit traverser le torrent et il fit passer aussi tout ce qui lui appartenait.
Jacob resta seul. Or, quelqu'un lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore.
L'homme, voyant qu'il ne pouvait pas le vaincre, le frappa au creux de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant ce combat.
L'homme lui dit : « Lâche-moi, car l'aurore s'est levée. » Jacob répondit : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis. »
L'homme lui demanda : « Quel est ton nom ? - Je m'appelle Jacob. -
On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël (ce qui signifie : Fort contre Dieu), parce que tu as lutté contre Dieu comme on lutte contre des hommes, et tu as vaincu. »
Jacob lui fit cette demande : « Révèle-moi ton nom, je t'en prie. » Mais il répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » Et à cet endroit il le bénit.
Jacob appela ce lieu Pénouël (ce qui signifie : Face de Dieu), car il disait : « J'ai vu Dieu face à face, et j'ai eu la vie sauve. »
Au lever du soleil, il traversa le torrent à Pénouël. Il resta boiteux de la hanche." Bernanos, Le journal d'un curé de campagne :
"Madame, lui dis-je, si notre Dieu était celui des païens ou des philosophes (pour moi, c'est la même chose) il pourrait bien se réfugier au plus haut des cieux, notre misère l'en précipiterait. Mais vous savez que le nôtre est venu au-devant. Vous pourriez lui montrer le poing, lui cracher au visage, le fouetter de verges et finalement le clouer sur un croix, qu'importe? Cela est déjà fait ma fille..."
Écrit après la double nouvelle du tremblement de terre en Chine et de l’ouragan en Birmanie en 2007 ou 2008.
Re-mis pour le tremblement de terre en Haïti.
Relire les extraits du Grand Passage de Cormac McCarthy, à droite dans le blog.
http://oralaboraetlege.blogspot.com/2009/12/le-grand-passage-cormac-mccarthy-pas.html
http://oralaboraetlege.blogspot.com/2009/12/le-grand-passage-suite.html
http://oralaboraetlege.blogspot.com/2009/12/le-grand-passage-de-cormac-mccarthy.html
http://oralaboraetlege.blogspot.com/search/label/J%27ai%20lu%20Le%20grand%20passage%20de%20McCarthy%20D
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Prière
Il est là, debout, appuyé contre un mur,
Son odeur insoutenable l’encercle comme une armure,
Un pantalon gris, en loque, couvre sa misère,
Un sac en plastique, tous ses biens, par terre.
Elle est, à genoux, dans ses bras enserrés
Sa fille unique, le tremblement de terre
Au matin, dans son école, l’a écrasée,
Morte, broyée, dans les bras de la mère..
Ils sont là, dans la boue, le désert, nus
Ils n’ont plus rien : l’ouragan a tout dévasté
Leur maison, leur terre, tout est figé
Après la tempête. Ils ont tout perdu..
Elle est là, Seigneur, l’humanité,
Celle que tu as voulu, et créée.
Comme des pantins disloqués
Aux mains cruelles de la destinée.
La révolte gronde, la haine s’épanche
En un immense fleuve noir, brûlant
Seigneur, il faut que tu te penches
Pour emporter, de l’univers ardent
Ceux qui brûlent et se noient
Ceux qui pleurent et s’assoient,
Ils n’ont pas vu ta Croix
Tomber sur eux avec Toi.
Ils restent en terre et ne se retournent pas
Pour te prendre Seigneur et relever tout à la fois
Pour te rependre, Seigneur, bien droit
Ou t’emporter, Jésus, dans leurs bras
Te soigner, te guérir, te consoler
Enlever, la boue, la suie et la poussière
Avec leurs mains, leurs gestes et leurs prières,
Les corps brisés, les âmes noyées et submergées
Tu es notre Berger, tu vas nous chercher
Dans le fleuve, dans le noir, dans la nuit
Tu es notre Berger, tu vas nous sauver
Rassembler le troupeau de ceux qui fuient
Affolés. Et moi qui ai tout vu, tout observé
A tes côtés, mon Dieu, je vais courir rattraper
Les petits agneaux mais aussi les noirs béliers
Te les remettre, ces âmes, Seigneur, à jamais.
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