samedi 7 novembre 2020

Journal du deuxième confinement, samedi 7 Novembre, un sermon de la Paroisse sainte Maxime dans le Var

Bonjour !
Voici ci-dessous ⤵️ l'Homélie d'hier, dimanche 1er novembre.
Bonne lecture !
🙏
HOMELIE de la Solennité de la TOUSSAINT
La sainteté à l’époque du Covid
Chers Amis,
Sommes-nous devenus fous ?
Cela faisait quelques temps que je méditais cette homélie sur la sainteté à l’heure du Covid. L’actualité dingue de ces derniers jours ne la rend que plus brûlante !
Je reviendrai ensuite sur ce que nous pouvons faire et sur le problème des restrictions, mais il y a d’abord ces deux attentats en quinze jours sur notre territoire. Mon propos s’ornera donc d’une réflexion, avant de passer aux moyens concrets sur ce que nous pouvons faire. La mort de cet enseignant, Samuel Paty et avant-hier l’égorgement d’un sacristain et de deux fidèles dans une église de Nice (faisant suite à l’assassinat du père Hamel à St Etienne du Rouvray le 26 Juillet 2016). En ce qui me concerne, avant cette date, je n’ai jamais envisagé que je pourrais avoir l’éventualité du martyre sur notre territoire. Cette pensée me paraissait inenvisageable. Depuis 2016, première fois qu’un prêtre est assassiné en France depuis la Révolution Française, je sais que cela pourrait m’arriver. Cela ne change pas mes habitudes, ne me fait pas vivre dans la peur, mais m’amène à me confesser plus souvent, à ne pas laisser des incompréhensions perdurer, à ne pas laisser des choses sans pardon ; bref, à être prêt pour rencontrer le Seigneur, ce qui est au fond le but de la vie chrétienne.
Revenons à l’attentat de Nice. Consécutif certainement aux déclarations imprudentes de republier et de défendre d’une façon officielle les caricatures de Mahomet. On peut penser ce qu’on veut de cette religion, mais je n’aime pas ce qui dégrade, ce qui blesse l’autre. Je crois profondément à la liberté d’expression, mais vouloir la défendre sous l’unique angle de caricatures dégradantes est indigne d’un peuple respectueux. En 2015 déjà, si je condamnais les attentats contre Charlie Hebdo, je ne pouvais me résoudre à dire « je suis Charlie », tant je ne pouvais accoler mon patronyme à un torchon qui rabaisse le métier de journaliste à celui de brûlot et qui ne fait pas grand cas de la recherche de la vérité. La liberté d’expression comprend le débat contradictoire, le respect des opinions politiques opposées, l’acceptation des différences, les œuvres d’art de différents styles, la liberté de culte... La limiter aux caricatures, c’est comme limiter l’éducation affective à la pornographie. C’est regarder uniquement ce qui abaisse, ce qui salit, plutôt que ce qui élève. Alors tous les 15 jours, ou 3 mois ou 6 mois, sommes-nous condamnés à élever notre petit écriteau « je suis Charlie », « je suis Paris », « je suis prof », « je suis catholique »…. Vous remarquerez qu’il y a beaucoup moins de monde qui a élevé le dernier que les 3 premiers cités….J’aimerais rendre un hommage appuyé à nos sacristains bénévoles, qui sont tout le temps dans l’église. Nous sommes extrêmement gâtés en notre paroisse et je n’ai pas rencontré cela partout. Je savais depuis toujours que les sacristains (les saints cristains comme dit l’un d’entre vous), faisaient leur chemin de sainteté par leur dévouement immense, l’offrande de leur temps, l’acceptation de tâches ingrates ou de l’ombre, l’offrande de la difficulté à trouver des lecteurs et des quêteurs certains jours (le fait de supporter leur curé aussi !), ou encore le fait d’être là une heure avant tout le monde et partir après tout le monde. Je sais aujourd’hui qu’en plus de cela ils peuvent faire leur chemin de sanctification par le martyre.
Au plan sociétal, on peut se poser beaucoup de questions sur tant d’incohérences. On ferme le pays, ses petits commerces, sa vie culturelle (j’y reviendrai), mais on ne ferme pas nos frontières ! Si elles avaient été fermées au moins pour raison sanitaire, ce terroriste ne serait sans doute pas entré en France. Il vient d’un pays (la Tunisie) où, que je sache, l’on ne meurt pas de faim, et où il n’y a pas de raison d’être réfugié politique. Je rejoins les mots très forts d’un de mes confrères, le père Alexis CARIOT :
« On doit appeler à l’amour. A la paix. Mais sans un réalisme politique, on travestit l’évangile. J’en veux aujourd’hui, écrit ce prêtre, à certains discours catho qui mélangent accueil de l’autre et complicité de ce qui vient de se passer. Parfois au plus haut sommet de l’Eglise.
Nous ne laisserons pas, nous, prêtres, nos sacristains, nos fidèles et confrères se laisser égorger en allumant ensuite des petites bougies et en prenant des mines graves.
Il faut une vraie réflexion sur l’immigration qui ne soit ni excluante, ni naïve. Accueillir a toujours été une tradition française et évangélique. Mais ouvrir les vannes au dhijadisme et au crime sous prétexte d’accueil de l’autre, sans moyens de contrôle sur ces flux, laissant des loups affamés de sang arriver avec la bénédiction niaise de certains prélats, me répugne ce soir. Je continuerai de soutenir ceux qui ont besoin de notre hospitalité. Pas ceux qui en abusent pour mieux nous décapiter. Le temps est venu de ne plus se taire. »
Le premier ministre, intervenant hier depuis St Etienne du Rouvray et réagissant aux tirs qui ont blessé ce prêtre orthodoxe (j’ai dès cette nuit envoyé un message à la communauté orthodoxe grecque de Lyon), a déclaré « je dois vous dire que vous devez compter sur l’entière détermination du gouvernement pour permettre à tous de pratiquer son culte en toute sécurité et en toute liberté. » Je lui réponds « chiche ! Ne fermez pas le culte public ! »
Au plan sociétal toujours, on peut s’interroger si nos forces de l’ordre (n’oubliez pas de saluer et de remercier chaleureusement ceux qui nous protègent dehors) ne seraient pas mieux employées et valorisées pour elles-mêmes, à faire de la sécurité intérieure, plutôt qu’à vérifier si un masque est bien porté ou si toutes les cases d’une attestation sont bien remplies.
Et puis il y a le virus. Loin de moi de dire qu’il n’est rien, ou pire qu’il n’existe pas. Mais on ne peut manquer de s’interroger sur toutes les maladies graves que notre pays a eu à affronter, sans faire le quart du dixième des mesures prises aujourd’hui. Un célèbre professeur marseillais aussi admiré que décrié, s’est écrié « on enferme les gens parce qu’il ya un virus dans l’air, mais il y aura toujours des virus dans l’air ! On va donc vivre tout le temps enfermés ? »
Alors on arrête un pays entier, enfin presque. Sauf la vie économique et l’alimentaire. Comme si l’être humain était condamné à n’être qu’un consommateur, pire qu’un ventre sur pattes. Le voir ainsi, c’est lui enlever une partie de sa dignité, c’est le rabaisser au rang d’animal. Comme si tout ce qui faisait que nous sommes humains était « non essentiel » !
Comme si l’être humain, n’avait pas besoin d’affection, de gestes de tendresse, de culture, de loisirs, de livres, de choses qui aident à penser, qui élèvent son âme ?
Après tout il y a peut-être un lien entre tout cela. A force de ne considérer l’être humain que comme un consommateur et un ventre sur pattes, il n’est pas difficile d’en ôter ce qui fait sa dignité d’être humain, de supprimer la vie dès qu’elle n’est pas conforme à des attentes ou à des standards, y compris la suppression de la vie in utéro jusqu’au neuvième mois si cette loi va jusqu’au bout. D’ôter la liberté de se réunir, de vivre une expérience spirituelle ensemble, ou de faire des choses qui n’ont pas de valeur marchande et qui n’enrichissent que l’esprit.
Ce qui est cruel, c’est que le pire reproche que nous font les musulmans extrémistes, d’être devenus qu’un peuple de consommateurs, sans foi ni raison, intéressés que par le matériel, bien malgré nous, avec toutes ces mesures, nous y tombons à pieds joints, prêtant ainsi le flanc à leur pire critique. Une raison de plus de vouloir la réouverture du culte public.
Il est temps de nous réveiller, d’affirmer vraiment ce que nous sommes.
Justement vous allez me dire, et ce sera mon second point, beaucoup plus court, face à cela, que pouvons-nous faire ?
En un mot, comme en mille, ce que je m’évertue à dire depuis des semaines : non pas être moins chrétien, mais plus chrétien !
D’abord dans la charité. Des pans entiers de la société s’effondrent ; des gens vont perdre leur emploi. Nous ne pourrons pas tout, nous ne pourrons pas subvenir à toute détresse, mais que nous ayons au moins la compassion. Il y a 8 jours, à deux pas d’ici, je croise une serveuse toute triste, je m’arrête discute un peu avec elle. Elle me dit « mes patrons vont fermer, et ensuite je ne vais pas être reprise, c’est fini pour moi. » Combien vont rester sur le carreau ? Je ne pouvais rien d’autre que l’écouter. Que nous ne détournions pas de ce devoir de compassion. Imagine-ton un St Vincent de Paul, une Louise de Marillac, une Mère Térésa, ne pas écouter, ne pas compatir, ne pas consoler ? Ne pas venir en aide chaque fois que c’est possible.
Des commerces seront fermés. Ne nous ruons pas sur les achats par correspondance pour enrichir les gaffa, n’achetons que le nécessaire, mais gardons notre argent, non pas pour l’accumuler, ce serait tomber dans le péché d’avarice, et ça n’a rien à voir avec la sainteté, mais pour soutenir les petits commerçants au sortir de la crise, pour aider maintenant ceux qui en ont besoin, pour soutenir votre communauté.
Le soin et la visite aux malades. Que cette période ne nous fasse pas oublier ce service d’Eglise essentiel. Imagine t-on un saint Camille de Lelis, saint parton des infirmiers, un saint Luc saint patron des médecins ne pas soigner un malade ? Imagine t-on un Saint François d’Assise repousser le lépreux parce qu’il est contagieux ? Il fait honneur à tous les visiteurs de malades (que je salue et que je remercie) et ces saints nous montrent le chemin d’une vraie charité en actes.
Le don de soi. Nous sommes faits pour nous donner. Imagine t-on un Don Bosco, une Sainte Thérèse d’Avila, un Saint curé d’Ars, un saint Jean Paul II, ne pas se donner ? Être avare de leur temps ? Dans le premier confinement, dans certaines paroisses, on a interdit aux laïcs tout bénévolat, tout service. C’était une intention louable pour les protéger. Mais certains ont très mal vécu cette interdiction, cette impossibilité de se donner, comme s’ils étaient punis. Lorsque le Seigneur nous fait la grâce du don, il faut que ça serve, ça ne peut pas être gardé pour nous, égoïstement. Aussi, je n’obligerai personne à faire son service, ceux qui ont besoin d’être confiné, qu’ils le soient ; mais je n’interdirai à personne de faire son service. Ceux qui le peuvent du moins. Les catéchistes, les animatrices d’aumônerie, les animateurs de chants seront au chômage technique… Mais si les sacristains veulent venir ouvrir et fermer l’église, si l’organiste veut venir s’entraîner, si les réparateurs de santons veulent les vérifier, les permanents d’accueil passer de temps en temps, ceux qui entretiennent et lavent les bâtiments paroissiaux de le faire, et bien sûr les bénévoles du secours catholique autant qu’ils le peuvent, je ne les empêcherai pas de se donner.
Le culte est interdit de façon publique à partir de mardi matin, (mettant toutes les paroisses sous le même régime, même celles qui n’ont que 50 ou que 10 paroissiens dans nos villages de France) et cela pour plusieurs semaines. Nous allons donc vivre au bas mot la solennité du Christ Roi et le 1er dimanche de l’Avent confiné . Peut-être, puisque tout le monde imagine que cela se continuera, tout le temps de l’avant confiné ? Peut-être Noël confiné ? Peut-être davantage. Nous n’avons déjà pas eu de semaine Sainte, pas eu Pâques ensemble, pas de Bravade, pas d’Ascension. Toutes ces fêtes si belles et si importantes. Devons-nous mettre notre vie chrétienne et cultuelle entre parenthèses ? Nous avons dû annuler une retraite de confirmations, nous devrons reporter les confirmations du 4 décembre (deuxième report). Hier soir, dans un doyenné voisin, un vicaire épiscopal fait « en urgence » 50 confirmations de jeunes. J’ai moi-même avancé à ce matin en urgence un baptême que nous avions le 15 novembre. Devrons-nous vivre éternellement dans l’urgence, les annulations, et l’arrêt de la vie chrétienne ? Prenons exemple sur les chrétiens persécutés à travers le monde et à travers les siècles : certains pays ont persécutés les chrétiens pendant des décennies : heureusement qu’ils ont eu le courage de prendre des moyens détournés pour vivre leur foi ! Que le bienheureux cardinal Wisinsky, que les martyrs de Pologne, d’URSS, de tout le bloc de l’Est et de tous les pays persécutés, nous inspirent les actes de courage pour continuer à être chrétiens et à pratiquer notre foi !
On nous rétorque « il y a la messe à la télé ! » Quelle bonne blague. Cela peut être un pis aller, un mieux que rien, mais imagine-t-on sérieusement n’importe quel médecin du sport nous raconter que c’est pareil pour le cœur de regarder le sport à la télé que de le faire vraiment ? Non, ce n’est pas pareil pour le cœur et pour les artères d’être passif en regardant le sport que de le faire vraiment ! Pour la messe c’est pareil, mon âme a besoin d’y être vraiment, dans un lieu consacré par le Seigneur, où il y habite de toute sa présence, où le décor m’aide à me recueillir plutôt que de regarder la messe dans ma cuisine sur ma tablette, en surveillant le rôti !
D’ores et déjà, tout ce qui est de la prière individuelle (adoration, laudes, confession) continuera sur la paroisse, la communion sera donnée individuellement dans l’église le dimanche de 10h à 12h. Dans certaines paroisses, les paroissiens se sont sentis abandonnés lors du premier confinement : nous sommes là pour être au milieu de vous et nous ferons tout pour que vous ne soyez pas abandonnés des secours spirituels.
Venez, à l’occasion d’une sortie, venez dans l’église, prier, parler au Seigneur, allumer un cierge, vous poser un petit moment. Nos églises sont vandalisées uniquement quand elles ne sont plus visitées. Donc ne cessez pas de la visiter, lors de vos promenades.
Certains semblent obnubilés par ce qu’il faudra marquer sur l’attestation. Marquez ce que vous voulez. De toute façon, en plus de la privation du culte, il n’y a même pas la case pour venir à l’Eglise, signe d’un monde qui veut nous zapper. Vous pouvez cocher « motif familial » : après tout, ne venez-vous pas rendre visite à votre Père du Ciel, parler à Jésus votre frère ? Vous pouvez cocher « rendez-vous médical » : le Seigneur n’est-Il pas le médecin des âmes, Celui qui les soigne mieux que quiconque ? Et le prêtre est son infirmier ! Ou encore « produits de première nécessité » quand vous venez communier le week-end ; L’eucharistie n’est-elle pas pour vous une première nécessité ? Le pain de vie est-il donc accessoire ? ce que je trouve particulièrement injuste, c’est que, comme beaucoup, je peux me passer de manger, je peux jeûner (je ne vous dis pas que c’est facile pour moi, c’est toujours un effort, car j’aime bien les bons repas, mais je peux le faire), je peux même temporairement me priver d’une partie de mon sommeil (par exemple quand on doit partir tôt quelque part ou qu’il y a un avion à prendre), mais je ne peux pas me priver de Jésus ! Je ne dis pas cela parce que je suis prêtre ! Depuis que j’ai rencontré personnellement Jésus, comme Dieu vivant, à l’âge de 15ans, je m’efforce d’aller à la messe tous les jours. Au lycée déjà, à la fac ensuite, je regardais mon emploi du temps, pour vois si pouvais aller à la messe le matin ou le soir ! Un chrétien qui a vraiment fait cette rencontre ne peut vivre sans messe !
Enfin, gardons l’espérance ! Imagine-ton un Saint Paul se laisser abattre par l’adversité ? Plusieurs fois sa vie a été mise en jeu, comme celle des premiers chrétiens : heureusement qu’il ne s’est pas laissé aller, sinon nous ne serions pas chrétiens aujourd’hui ! Imagine-ton une Sainte Blandine refuser de dire son amour pour le Seigneur ? Elle est allée jusqu’au martyre dans la fosse aux lions pour cela !
Imagine-ton une Sainte Bernadette, céder devant les pressions et ne pas livrer son céleste message ? Il n’y aura pas le sanctuaire de Lourdes aujourd’hui ! Cela lui a coûté, et toute sa famille est allée en prison, en France, il y a deux siècles à peine !
N’ayons peur d’aucune pression, ne cédons pas au monde, suivons l’exemple des saints et des bienheureux. Que le bienheureux Carlo Acutis nous aide à faire un bon usage des réseaux sociaux, que la bienheureuse Maria Goretti nous aide à garder un cœur et un regard purs, que Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous aide à faire de chaque minute de nos journées, une offrande au bon Dieu, que St Jérôme qui dû lutter contre un caractère colérique, nous aide à nous apaiser, que Saint Joseph nous aide à avoir confiance dans la Providence et à ne pas nous inquiéter outre mesure, que la bonne Vierge Marie nous aide à être vraiment disciples de Son Fils, vraiment chrétiens !
Que le Saint dont vous piocherez le nom tout à l’heure vous aide non pas à baisser les bras, mais à lever les bras vers votre Père du Ciel dans une attitude de confiance et d’intercession, afin d’être meilleurs chrétiens, c'est à dire des saints !

Amen + 

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