vendredi 10 avril 2020

Vendredi 10 Avril, Journal de Bord, Dieu meurt sur la Croix


Vendredi 10 Avril




4h59. Comme d'habitude, je me réveille pile à l'heure souhaitée, sans réveil. Les enfants ont organisé une nuit d'adoration devant notre coin prière, transformé pour l'occasion en petit reposoir. J'ai pris un premier tour entre 22h et 23h mais il manquait quelqu'un à cette heure-ci pour faire une nuit complète. C'est une heure que je préfère entre toutes parcequ' à partir de cinq heures, le chant des oiseaux commence immuablement, immanquablement. C'est le son le plus reposant, vivant que j'aie jamais entendu. Après le sommeil, c'est la musique qui vous rattache aux monde des vivants avec sérénité, sans angoisse, dans une joyeuse ébriété matinale. C'est le moment de prendre les décisions importantes de la journée, le menu des repas, telle démarche à mener.

Hier soir, après le lavement des pieds dignement assuré par le chef de famille et la messe suivie de chez nous, j'ai lu cette phrase de saint Augustin dans le carnet consacré au chapelet de la divine Miséricorde.
"Le péché seul, en effet, sépare les hommes d'avec Dieu, et s'ils peuvent en être purifiés en cette vie, ce n'est point par vertu, mais bien par la Miséricorde Divine."
S'il y a une chose dans laquelle j'aurais la certitude d'avoir avancé dans ce confinement, c'est dans ma foi. Je croyais. Oui je croyais sans trop de difficulté aux messages du Credo. Dieu venu sur terre pour nous sauver par sa propre mort et résurrection. Mais je n'avais pas saisi jusqu'à présent que ce salut ne dépendait que de Lui et certainement pas de moi. Et la découverte de cette évidence, qui était sous mes yeux depuis le début mais que je voyais pas, est une immense libération. Je peux maintenant dire "que votre volonté soit faite" sans crainte parce que cette volonté de Dieu c'est de prendre en charge ce salut impossible à accomplir de moi-même.
Je peux dire et comprendre :"Dieu saint Dieu fort, Dieu éternel, prends pitié de nous et du monde entier. J'ai confiance en Toi."





A l'aube, le ciel lumineux, le jardin en fleur
Jonquilles blanches et jaunes, rosée froide
Le soleil peine à réchauffer la terre, son cœur
Quelques oiseaux silencieux, une brise qui effleure

Et pourtant! Aujourd'hui mon Dieu se meurt!
Aujourd'hui! Sur la Croix! A quinze heure!
Le Dieu infini, Tout-Puissant, le Créateur!
Il disparaît,maintenant, Il n'est plus, Il meurt!

Des cris, un rire perlé, un enfant qui pleure
La journée s'écoule comme si de rien n'était
Sans que le ciel s'effondre, sans que la mer
Là-bas cesse son ressac régulier, sans heurt

J'avance toute seule, dans mon chemin bien réglé
Il avance vers le Calvaire, le dos en sang, fouetté
Je prends dans mes bras les petits, je les embrasse
Il prend sur ses épaules le poids lourd qui l'écrase

Je rentre en ma demeure, avec les soucis, des projets
Il monte sur la Croix, avec la souffrance si vive,
Les clous enfoncés, le corps qui pend, tiré, indicible
Je regarde ailleurs, je m'agite, Il meurt! J'ai oublié.

Il meurt sur son bois, Il ne ressemble plus à rien,
Ce Dieu Tout-Puissant, Il va tout prendre avec Lui
Tout détruire, remodeler sa créature mal pétrie
C'est sa ruse d'Amour, son Grand Secret, sa fin.

N'as-tu donc rien compris?! Arrière misérable Satan!
C'est l'Homme lui-même qui va me tuer, me piétiner
Je vais mourir broyé, en poussière, vidé de mon Sang,
Je l'ai permis, c'était pensé depuis la nuit des temps!

J'ai ordonné tout ce plan magnifique, cette mort obscure
J'ai crié vers Mon Père sans mentir car tu l'aurais discerné
"Mon Dieu! Mon Dieu! je suis seul! sans personne! Abandonné!"
Pour sauver de tes griffes diaboliques, mes aimés, ma créature.

Sur ce cadavre brisé tu ne pouvais rien,tu cherchais alentour
Satan,dans le tombeau, dans les limbes, tu le traquais partout

Mais Il était loin mon Dieu Ressuscité,
Et Il cachait en son sein toute l'Humanité
Qu'Il avait broyée contre son cœur et recréée et régénérée, 
Il était loin, Mon Roi,hors de ta portée,

Il s'était sauvé et avait sauvé ses enfants bien-aimés.

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