jeudi 9 avril 2020

Jeudi 9 Avril, Journal de Bord, Jeudi Saint, retour en arrière




Jeudi 9 Avril
La journée d'hier avait débuté de façon morose. Je soupirais à l'idée de jouer au curé pendant trois jours. J'avais à nouveau mal à gorge sans savoir si c'était le virus ou bien trop de soleil.
Mais cette morne atmosphère a été balayée à petits coups, tout au long de la journée.
Premier déjeuner barbecue dehors, sur la terrasse. Sauvetage de la chatte de la voisine coincée en haut d d'une porte de hangar. Elle me laisse la prendre dans ses bras, en haut de l'échelle, sans me griffer, ce qui me touche car elle est assez sauvage. J'en profite pour discuter avec les fermiers qui m'expliquent que le confinement ne change rien à leur vie.
Dans l'après-midi, rugissements de moteur et de voix, dans le désert de la rue. Nous nous précipitons pour voir, ahuris, un étrange équipage. C'est le curé local qui débarque en Jeep, faisant la tournée de tous ses clochers. "Nous prévenons la population, nous passerons dimanche de Pâques bénir les maisons et les rameaux ! Faire sonner les cloches des églises !"
Merveille des merveilles! J'en profite pour parler à tous mes voisins sortis sur le pas de la porte. Tous sont séduits par l'initiative du curé qu'ils ne connaissent pas.
Les enfants proposent de préparer le Triduum Pascal au dîner. C'est un festival. Entre le lavement des pieds à exécuter par le père de famille et l 'idée d'une nuit d'adoration jeudi soir à vendredi matin, devant le coin prière avec le feu de la cheminée à entretenir, je suis touchée de voir que tous sont bien décidés à vivre leurs Pâques bien chrétiennement. Ces catholiques du futur, comme dirait Dantec, ce sont mes enfants!!
Le soir, petite balade aux poneys, Whisky le chat trottine avec nous comme un chien. Douceur du soir, bon anniversaire de baptême à un de mes grands filleuls, aujourd'hui au séminaire.






J’ai soif
L’enfant est né, après bien des alarmes.
Il est beau et repose sur le sein de sa mère.
L’enfant est né, après des cris et des larmes.
Il est maintenant une créature de la terre.

Mais son regard se porte déjà vers le ciel,
Ses bras se tendent vers l’immatériel,
Se referment dans le vide et le néant.
Il est une créature des cieux, pourtant.

Baptisé selon la coutume, avec de l’eau
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
Dieu se love dans son cœur aussitôt
Feu ardent et rouge-sang dans le joyau.

Feu ardent et brûlant attiré par l’eau,
Il murmure maintenant et pour l’éternité,
Dans le cœur de cette âme embrasée
« J’ai soif , Moi le Seigneur, le Très-Haut » .

Descendu aux enfers, volontaire prisonnier
Au cœur de l’homme, un brûlant et divin secret.
Le Seigneur-Dieu, le Créateur, le Crucifié
« J’ai soif » murmure t-Il à l’enfant nouveau-né.

« J’ai soif ! » la Voix enfle et se perd
Dans une vie d’épreuves et de misère.
« J’ai soif ! » crient l’enfant et son Dieu-Trinitaire,
Ils sont à la fois, tous deux, l’eau et le désert.
« J’ai soif ! » parfois la Voix se tait, tout s’endort.

Le bruit du monde, la mollesse de nos corps
Assourdissent le doux murmure, le cri délirant
La voix du Père, et celle de l’enfant.
Occultée, la Voix du Tout-Puissant
Moquée, piétinée, écrasée, cette voix d’enfant

Et dans un silence d’outre-tombe
Quand tout est fini, mort, nuit sombre
Les martyrs, les saints, les pauvres, les malheureux !
De leur bouche pleine de cendre et qui ne s’ouvre plus
Naît un merveilleux sourire. Ils ne crient plus
Puisqu'ils ont appelé, et le Verbe est venu .
Le Calice suprême, La Coupe du salut,
S’est versée sur leurs lèvres, jusqu’à la lie
Ils ont bu.

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