samedi 2 mars 2013

Dépasser la démocratie

Extraits d'un petit livre capital  : "Dépasser la démocratie" par Frank Karsten et Karel Beckman, à commander ici.

Visiter le site : Dépasser la démocratie
(Mais bientôt sur l'Institut Coppet)




Citation d'H16 pour introduire le sujet : "À CHAQUE FOIS QUE L’ÉTAT FOURRE SON NEZ ET CRÉE DES CRIMES SANS VICTIMES, À CHAQUE FOIS QUE L’ÉTAT DÉCIDE DE CE QUI EST BON POUR CERTAINS EN LIEU ET PLACE D’EUX-MÊMES OU DES RESPONSABLES, À CHAQUE FOIS CELA SE TERMINE DE FAÇON CATASTROPHIQUE. À CHAQUE FOIS. À chaque putain de fucking fois."



"En réalité, dans son essence, la démocratie est une idéologie totalitaire, bien qu'elle ne soit pas aussi extrême que le nazisme, le fascisme ou le communisme. Par principe  aucune liberté n'est sacrée dans une démocratie, et chaque aspect de la vie de l'individu peut potentiellement être l'objet d'un contrôle étatique. Finalement, la minorité est complètement à la merci des souhaits de la majorité. Même si la démocratie possède une constitution limitant les pouvoirs de l'Etat, cette constitution peut être elle aussi amendée par la majorité. Le seul droit fondamental que vous ayez dans une démocratie, en plus du droit de vous présenter aux élections, est le droit de voter pour tel ou tel parti politique. Avec ce seul vote vous transmettez votre indépendance et votre liberté à la volonté de la majorité.
La véritable liberté est le droit de choisir de ne pas participer au système et ne pas avoir à payer pour le financer. En tant que consommateur, vous n'êtes pas libres si vous êtes obligé de choisir entre différents postes de télévisions, et peu importe s'il existe beaucoup de marques ou non. Vous n'êtes libres qu'à partir du moment où vous pouvez également choisir de ne pas acheter un poste de télévision. Dans une démocratie vous êtes obligé d'acheter ce que la majorité choisit -que cela vous plaise ou non.

(...)

Un marché de la gouvernance
(...)
Il y a en effet peu de choix et peu de concurrence sur le marché de la gouvernance. Les gens estiment qu'il est important que les entreprises se fassent concurrence. Ils souhaitent un marché libre et flexible pour les voitures, les vêtements et les assurances, avec de nombreux fournisseurs différents. Alors pourquoi pas un marché pour la gouvernance, où les gouvernements sont en concurrence, et où les citoyens peuvent facilement se déplacer vers une autre zone étatique pour vivre et travailler? Aujourd'hui, les gens peuvent se déménager dans une autre ville, mais puisque la plupart des impôts et des lois proviennent du gouvernement fédéral, cela ne change rien. Pour obtenir un autre type de gouvernance, les gens sont obligés d'émigrer, ce qui est un énorme obstacle.
(...)
En matière de gouvernance, la concurrence fait défaut. Comme les vrais monopoles, les hommes politiques ne veulent pas de concurrence en matière de gouvernance. Ils préfèrent que toutes les questions soient décidées collectivement au niveau central. "L'immigration illégale ne peut être résolue que dans un contexte européen", diront-ils. Ou encore : "La crise de la dette ne peut être combattue qu'au niveau international." Ou encore : "Le terrorisme ne peut être combattu que par une agence centrale puissante." Cependant, il y a beaucoup de petits pays dans le monde qui ne font pas partie des "blocs" et qui n'ont pas souffert de crises économiques ou de terrorisme. De même, nous sommes censés croire que l'éducation, la santé, la finance, l'assurance sociale, et ainsi de suite, doivent être coordonnées et réglementées au moins au niveau national. mais il n'y a aucune raison pour qu'il en soit ainsi.
La décentralisation serait bénéfique pour de nombreux groupes de la société. Avec l'autonomie locale, les penseurs progressistes peuvent apporter leurs idées progressistes dans la pratique et la pensée conservatrice peut faire de même avec ses valeurs, sans forcer les autres à s'adapter à son mode de vie. Les personnes qui souhaitent démarrer une communauté éco-hippie peuvent vivre selon leurs rêves. A leurs propres frais, bien sûr. Une communauté religieuse qui veut garder ses magasins fermés le dimanche peut le faire. Le principe du "une taille unique" est inutile et indésirable. La décentralisation, contrairement à la démocratie nationale, est un système de "vivre et laisser vivre". Alors laissons fleurir un millier de nations.

La diversité dans la gouvernance implique que les gens peuvent décider plus facilement sous quel système ils souhaitent vivre. Ils peuvent aller dans une autre municipalité ou une autre région s'ils désirent un mode de gouvernement différent. Une telle concurrence veille à ce que les dirigeants soient tenus responsables, ce qui n'est guère le cas quand l'influence d'un citoyen est limitée à des élections tous les quatre ans. Même si seulement quelques citoyens déménagent vers une autre zone géographique, les dirigeants seront fortement incités à améliorer leurs politiques.

Si tout n'est pas déterminé au niveau central, les régions peuvent tout de même choisir une direction qui convient à leurs particularités et à leurs préférences. Par exemple, une zone particulière peut choisir de réduire considérablement les impôts et la réglementation afin de stimuler l'activité économique. L'historien américain Thomas E. Woods souligne que la liberté politique s'est développée en Europe occidentale précisément en raison de la fragmentation et de la différenciation qui, historiquement, y régnait. La multitude de petits territoires a permis aux gens de fuir les lieux où régnait l'oppression en destination des lieux plus libres. Les dirigeants tyranniques se trouvent donc contraints de laisser plus de liberté."

8 commentaires:

  1. Robert Marchenoir2 mars 2013 à 18:48

    Ce texte soulève des questions importantes, mais il est fallacieux.

    Il nie une réalité fondamentale : l'homme est un animal social. Ce qui définit une société, ce sont des règles. Et par définition, des règles s'imposent à tout le monde, sous peine d'exclusion du groupe.

    On peut toujours s'exclure du groupe, ou accepter de s'en faire exclure. Cependant, par définition, le prix à payer est élevé : perte du soutien d'autrui, exil, solitude, pauvreté, survie aléatoire, etc.

    Cela fonctionne ainsi dans toutes les sociétés. Y compris (mais pas seulement) dans les démocraties occidentales développées du XXIème siècle, qui sont les seules auxquelles les auteurs font allusion.

    On peut être pour ou contre la démocratie. On peut être pour ou contre le fascisme. On peut être pour ou contre le libéralisme. On peut être pour ou contre le christianisme. On peut être pour ou contre le judaïsme. On peut être pour ou contre le culte de l'oignon.

    Mais on doit être pour quelque chose. C'est-à-dire une société définie par des règles acceptées par tous, de plus ou moins bonne grâce.

    A cet égard, la liberté qu'évoquent les auteurs de quitter la "démocratie" sur un coup de tête pour fonder, ailleurs, une société hippie fonctionnant sur d'autres règles est tout à fait illusoire.

    Oui, c'est possible, dans une certaine mesure, précisément dans les sociétés "démocratiques" occidentales (les seules dont parlent les auteurs, apparemment), précisément parce qu'elles sont plus ou moins libérales, plus ou moins fondées sur l'initiative individuelle.

    Si l'on peut envisager, aux Etats-Unis, par exemple, de faire sécession dans ce but, c'est précisément dans la mesure où l'on accepte, où l'on comprend et où l'on profite des règles de la démocratie libérale américaine, basées sur le "can do spirit" et la liberté individuelle.

    Si, par exemple, on vit dans une société islamique ou judaïque (pas "démocratiques" du tout), ce n'est pas possible. Ou, du moins, c'est beaucoup plus difficile, et plus risqué. Le prix à payer est beaucoup plus élevé.

    Et pourtant, la société islamique comme la société juive ont traversé les millénaires, et sont toujours là. Le secret de leur survie, ce sont des règles contraignantes (voire tyranniques), qui ont été respectées jusqu'à nos jours.

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    1. Il faudrait d'abord lire le livre. Le livre n'a aucun rapport ni avec les hippies, ni avec Etienne Chouard. Les amalgames ne font pas avancer la réflexion. Dommage...

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    2. Je n'ai peut-être pas choisi les meilleurs extraits... je tâcherai d'en rajouter d'autres plus explicites...
      Il ne s'agit en aucun d'un libéralisme idéalisé, au contraire, c'est extrêmement concret et ce qui m'a plu dans cet ouvrage; il n'y est pas question non plus de n'avoir aucune règle fondamentale de vie en société. Il s'agit réellement de surmonter le fait que la démocratie ne tient aucun compte des libertés individuelles et qu'il existe certainement des modes de gouvernement qui permettent à ces libertés individuelles d'être mieux respectées.

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    3. Robert Marchenoir3 mars 2013 à 03:35

      C'est à dire que le pitch ne donne pas très envie de lire le livre, justement... On ne peut pas tout lire, la vie est courte.

      Outre le problème de la sécession que j'ai évoqué, quel est le mode de gouvernement par lequel nos amis voudraient remplacer la "démocratie" (que je mets entre guillemets pour ne pas limiter le concept en fonction de ce que les uns et les autres pourraient mettre derrière ce mot) ?

      En gros, comment se proposent-ils de désigner les chefs ? J'espère qu'ils ont une proposition ferme et précise à cet effet. Je vois bien ce qu'on peut reprocher à la démocratie (ou à "l'ultra-libéralisme", d'ailleurs), mais quand on me dit "qu'un autre monde est possible", j'aime bien qu'on m'explique lequel.

      On ne veut pas de l'élection au suffrage universel ? OK. Ca peut se défendre. Donc, c'est quoi ? Le tirage au sort (Chouard) ? Le suffrage censitaire ? La monarchie héréditaire ? Le concours de gladiateurs ? Le gouvernement par les universitaires qui ont obtenu les meilleures notes ? Tout cela est possible, mais c'est ce choix qui éclaire l'affirmation selon laquelle la démocratie est oppressive, et qu'il faut s'en débarrasser.

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  2. Robert Marchenoir2 mars 2013 à 18:49

    L'illusion d'un certain libéralisme dévoyé, c'est de croire que la liberté absolue des individus est possible. Cela, c'est le libéralisme dogmatique, le libéralisme intellectuel, le libéralisme hors-sol, déconnecté de l'histoire humaine et de la société. C'est une utopie qui n'a jamais existé, et qui ne peut pas fonctionner.

    D'ailleurs, que proposent les auteurs pour remplacer la "démocratie" ? "Une société volontaire, fondée sur les libertés individuelles." Quelle différence avec la démocratie libérale ?

    La possibilité pour chacun des membres de la société, si je comprends bien, de faire sécession à tout moment, pour se reconstituer sur d'autres bases à côté, avec d'autres individus semblablement disposés.

    Mais c'est stupide. Ca ne peut pas fonctionner. Aucune société n'a jamais fonctionné comme cela.

    Ce n'est pas possible, parce que le prix de la sécession est très élevé. Par nécessité. Par nature.

    Ce n'est pas possible, parce que les règles de fonctionnement d'une société ne sont pas établies sur un coin de table, ou dans une salle de réunion, par quelques dizaines d'intellectuels d'occasion qui forment une "assemblée constituante", comme le croient cet abruti d'Etienne Chouard et ses partisans décérébrés.

    Il faut des siècles et des milliers de morts pour que les règles de fonctionnement d'une société s'établissent, par un processus historique. On n'en change pas comme ça. On ne choisit pas ses règles et sa société comme on choisit un forfait de téléphone mobile.

    La liberté, c'est d'avoir la possibilité de ne pas acheter de poste de télévision, prétendent les auteurs. Mais qu'est-ce qui les empêche de ne pas avoir la télévision ? La police démocrate les met en prison s'ils n'ont pas de télévision ? Personnellement, je n'ai pas la télé, et les milices fascistes–démocrates me foutent une paix royale.

    Les auteurs prennent une posture anti-consumériste, mais c'est pour revendiquer une attitude ultra-consumériste à l'égard du mode d'organisation de la société, de ses règles communes, de ses croyances, de ses valeurs.

    L'erreur est là : c'est bien au sein de la démocratie libérale qu'on a, à la fois, la possibilité d'avoir la télévision et le droit de la refuser. Et c'est dans le domaine de l'organisation sociale que la liberté individuelle radicale, celle qui s'exerce, par exemple, sur l'achat de produits de consommation, ne peut pas s'appliquer, parce que la nature de l'homme s'y oppose.

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  3. Les gouvernements n'ont certainement pas intérêt à voir se multiplier les concurrents, pas plus qu'une entreprise en situation de monopole n'a intérêt à en voir surgir une autre.
    Soit une entreprise a recours à des moyens illégaux pour empêcher un conccurent de s'installer, soit elle s'adapte. Elle ne peut recourir à la force.
    L'état, si.
    Et il y a les petits arrangements. De la même manière que les grandes compagnies téléphoniques semi-publiques s'entendaient sur les prix, vendaient leurs services très au-dessus du prix du marché dans une situation de "monopole partagé". Cette situation existait parce qu'ils avaient l'appui d'un organisme supérieur: l'état.
    Il en va de même pour les états. La montée en puissance des institutions européennes, la passation de pouvoir des états nationaux à l'état européen est du même ressort. L'europe reglemente, instaure de nouveaux impôts, fait en sorte que la fiscalité de chaque état s'aligne sur les autres. En un mot, fait du jacobinisme à l'échelle européenne.
    Le capitalisme n'aurait pas pû autant se dévelloper en Europe en-dehors des principautés, cité-états, républiques autonomes... Un régime centralisateur aurait annexé, taxé et tué la poule au oeufs d'or pour financer son fonctionnement. Un "paradis fiscal" n'existe que parce que l'ailleurs est un enfer fiscal. Une principauté est florissante parce qu'elle est attractive, parce que son état est limité et sa fiscalité n'est pas abusive.
    A l'échelle européenne, tout est fait pour que toutes les régions revendiquant l'autonomie s'alignent sur la logique politique et fiscale de l'union européenne. Une Catalogne indépendante, par exemple, pourrait émerger à condition qu'elle ai le même modèle d'état-providence, la même fiscalité et qu'elle reste aussi attractive que le reste de l'Espagne.
    Globalement, toutes les régions, toutes les provinces gagneraient à sortir de leur état national. Si nous dressons une cartographie fiscale, toutes les provinces génèrent des revenus important et toutes les capitales sont des gouffres financiers. A l'échelle européenne, tout les provinciaux gagneraient à avoir un état local.
    La concurrence entre états est impossible pour deux raisons:
    1: L'état national fera tout pour garder une province, qui est toujours génératrice de revenus.
    2: Si un territoire prend un semblant d'autonomie, fiscalité et gouvernement seront alignés sur les autres états via l'union européenne.

    Ou alors les états se superposent au sein d'un pays, comme des entreprises.
    Impossible. Un état est toujours en situation de monopole dans un territoire donné. Le rôle fondamental d'un état, c'est la sécurité. Armée, police. Un pays n'aura jamais l'armée "France Inc." aux côtés de l'armée "Republic Corporation". Ou alors chaque état se rend le plus compétitif possible et réduit ses coûts en ayant l'armée la plus réduite, ce qui ne présage rien de bon pour l'avenir d'un pays.
    Il faut en revenir aux fondamentaux: le rôle de l'état, c'est d'assurer la sécurité et maintenir l'ordre sur un territoire donné; il est payé via l'impôt.
    Point barre.
    La nature a horreur du vide, qu'un état disparaisse dans un pays donné, il sera remplacé par un autre encore pire, ou annexé. Ou dans les mains de la première organisation armée venue.
    Tous les états ont pour fondateurs des envahisseurs armés ou une aristocratie guerrière issue de son propre peuple.
    Que l'état s'en tienne à son rôle.

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  4. Robert Marchenoir4 mars 2013 à 00:59

    Beaucoup de réflexions en ce moment aux Etats-Unis sur l'hypothèse sécessioniste. Il y a des schémas tout à fait convaincants. En voici un, établi sur une base pragmatique, réaliste, et non théorique:

    http://www.amnation.com/vfr/archives/024257.html

    Bien sûr, il ne propose nullement de sortir de la démocratie, simplement de rompre avec les hommes et les pratiques qui oppriment et détruisent l'identité américaine.

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  5. Moi, ce qui m'intéresse dans ce débat, c'est cette phrase:

    "À CHAQUE FOIS QUE L’ÉTAT DÉCIDE DE CE QUI EST BON POUR CERTAINS EN LIEU ET PLACE D’EUX-MÊMES OU DES RESPONSABLES, À CHAQUE FOIS CELA SE TERMINE DE FAÇON CATASTROPHIQUE.

    En fait, le libéralisme, avant d'être une doctrine économique ou politique, est un état d'esprit. Lequel pourrait se résumer trivialement par une phrase, "occupons nous de nos fesses." Je pense que si l'Etat décide de "ce qui est bon pour certain en ieu et place d'eux même", c'est parce que ça correspond foncièrement à l'état d'esprit des électeurs, qu'ils attendent qu'on décide ce qui est bon pour certain parce qu'eux même ont cette facheuse propention à se mettre à la place des autres, ressentir à leur place et décider ce qui serait bon pour eux. Après, ils ont les hommes politiques qu'ils mérites, lesquelles ne sont qu'une émanation de leurs électeurs.

    Je pense qu'il en va du libéralisme comme de la foi:la meileure façon de faire du prosélytisme, c'est de faire envie. Commencer par ne jamais juger son prochain, accepter de ne les juger que sur ce qu'ils veulement bien nous montrer, sans se mettre à leurs places.

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