dimanche 28 août 2011

La leçon de Margaret Thatcher,3- Un mariage de convenance

Alors même que Denis [Thatcher] fait sa cour, ils restent très indépendants l'un de l'autre. Pour elle, priorité à la politique, pour lui priorité aux matchs de rugby, de cricket, aux parties de golf ou aux safaris. En décembre 1950, il lui offre un poudrier en cristal à couvercle d'argent. La voilà vraiment émue. Elle sent qu'il se passe quelque chose de sérieux. En septembre 1951, il fait sa demande. Peu de temps auparavant, il avait définitivement compris que "c'était la bonne". Sa vitalité, sa volonté, son courage l'enthousiasment. Il l'admire même. En outre, il sait qu'elle ne sera pas une plaie collante à toujours exiger présence et cajolerie. Il pourra continuer de mener sa carrière et sa vie. Quant à elle, elle comprend qu'il sera l'époux à la hauteur qui respectera ses choix et n'exigera pas une ménagère aux ordres, tenue d'apporter chaque soir le whisky rituel en attendant que Monsieur se déclare prêt à passer à table. Pour un homme né en 1915, c'est assez remarquable. Il acceptait parfaitement ce que disait Maggy dans une interview à Sunday Dispatch : "Une femme doit maintenir la paix avec son mari. Si elle n'a pas d'intérêts extérieurs, elle n'aura rien à lui dire." Sans doute pensait-elle à sa mère...
En tout cas, elle dit oui, d'autant plus que sir Bossom lui a vivement recommandé de faire une fin. Pour se lancer en politique, elle a besoin d'une aisance matérielle suffisante qui lui libère l'esprit de toute autre contingence. Elle a aussi besoin d'un mari à présenter, d'enfants à faire valoir, d'un home à faire visiter. Rien de moins romantique, mais rien de plus solide.
C'était un mariage de convenance, sans doute, mais qui était plus fort que tant d'unions, décidées trop vite au printemps de la passion et rompues trop tôt à l'automne de l'amour.Ce couple tiendra étonnamment bien. Denis acceptera son rôle de prince consort. Au grand désespoir des biographes toujours friands d’anecdotes croustillantes, impossible de trouver la moindre anicroche au contrat. Apparemment l'un et l'autre avaient banni la bagatelle illégitime. Chez les Thatcher, la morale victorienne n'était pas une tartuferie. Quarante-cinq ans plus tard, Margaret écrira : "Mon mariage est une des meilleures choses que j'ai jamais faites." Lorsque Denis disparaîtra le 26 juin 2003, elle ne s'en remettra jamais totalement. Les premiers symptômes de la maladie qui la mine aujourd'hui apparaîtront à ce moment-là. Quant à Carol, leur fille, elle écrira dans le livre consacré à son père : "Ce fut un mariage heureux, c'était un contrat fondé sur des valeurs communes et un tacite laissez-faire (...). Il n'y avait pas de possessivité, seulement du respect et de la fidélité."

4 commentaires:

  1. Merci pour ce texte qui confirme que conformément aux anciens l' amour conjugal ne repose pas sur la passion amoureuse.

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  2. De nos jours, on ne dira jamais assez de bien des mariages de raison.

    Question subsidiaire : je me suis toujours demandé à quoi pouvaient bien ressembler les réceptions officielles pour Denis Thatcher. Quelle impression cela fait-il d'être le seul first lad parmi un escadron de first ladies ?

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  3. Aristide, je suppose que Denis s'en accommodait fort bien.

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  4. Chère Crevette, Aristide, il s' en accommodait avec peut être la petite consolation qu'à la différence des autres first ladies son prime minister à lui portait son nom patronymique.

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