samedi 3 juillet 2010

Du cercle et de la croix



"La meilleure définition [du fou] que nous puissions en donner est sans doute la suivante : son esprit évolue dans un cercle parfait, mais étroit. Un petit cercle est tout aussi infini qu'un grand cercle, mais il a beau être aussi infini, il n'est pas aussi grand. De la même manière, l'explication d'un fou est aussi complète que celle d'un esprit sain, mais elle n'est pas aussi vaste. Une balle est aussi ronde que le monde, mais elle n'est pas le monde. Il existe une universalité étroite, de même qu'il existe une éternité étriquée, comme on peut le constater dans bien des religions modernes. 
(...)
De même que nous avons choisi le cercle comme symbole de la raison et de la folie, de même, nous pouvons très choisir la croix pour symboliser à la foi le mystère et la santé. Le bouddhisme est un culte centripète, alors que le christianisme est centrifuge : il éclate. Car, de par sa nature, le cercle est parfait et infini, mais il est à jamais circonscrit par sa dimension : il ne peut être ni plus grand ni plus petit. Bien qu'elle ait, en son cœur, une collision et une contradiction, la croix, elle, peut étendre ses quatre bras à l'infini sans jamais se déformer. C'est parce que son centre est marqué par ce paradoxe qu'elle peut croître sans changer d'aspect. Le cercle se referme sur lui-même et il est limité. La croix ouvre ses bras aux quatre vents : c'est un sémaphore pour voyageurs libres." (Orthodoxie, Chesterton)

2 commentaires:

  1. Très judicieux cette comparaison de Chesterton entre le cercle fermé et la croix ouverte…

    Deux images me viennent à l’esprit :
    D’abord, la croix celte : la croix s’affranchit du cercle, la dépasse, en sort pour étendre ses bras…
    Ensuite, le croissant qu’on nous vend chaque jour un peu plus : Ce n’est jamais qu’un cercle inachevé, ou plutôt le figure géométrique circonscrite par la superposition de deux cercles de rayons distincts (ceux de la rigidité dogmatique et de la violence du sabre…) Le problème, c’est que le croissant est ouvert. Centripète, il se nourrit de tout ce qu’il avale venant de l’extérieur pour élargir son diamètre.
    La croix, elle, centrifuge, trouve à nourrir sa croissance en elle. C’est sa force immense, certes, mais c’est aussi sa faiblesse car il n’est de richesse (ici-bas) que d’hommes.

    Bon, ce n’est jamais qu’une divagation en passant. Merci pour cet extrait d’Orthodoxie.

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  2. Moi le croissant me fait songer également à un cercle que l'on aurait plié. Ces gens-là aiment plier les choses pour en simplifier l'accès, les réduire, les limiter. Les remarques du Plouc sont excellentes : "Le problème, c’est que le croissant est ouvert. Centripète, il se nourrit de tout ce qu’il avale venant de l’extérieur pour élargir son diamètre." Toute la Grande Culture Islamique est principalement basée sur ce processus. On vole aux autres après les avoir convertis et on peut, ainsi, déclarer que leurs trouvailles sont partie intégrante du Corpus Islamique. Comme le "Zéro" par exemple, volé aux mathématiciens d'Inde. Et lorsque l'Islam accouche vraiment de quelque chose d'intéressant, par exemple le Soufisme, les barbus le déclarent "hérétique" ou "christianisé". Ces gens sont névrosés.

    Pour en revenir à Chesterton... il faut tenir compte, tout de même, du fait que le Cercle peut être concentrique et, si possible, ascendant vers le Ciel... ou descendant, vers les sphères de l'Enfer. Le Cercle tordu et déformé, étiré et maltraité par LA QUESTION peut devenir Ruban de Möbius avec un Espace temps multidimensionnel à une face. Dieu est partout.

    http://antique.mrugala.net/Celte/Images/Irlande%20-%20Clonmacnoise%20-%20Croix%20celtique%20(2).jpg

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