vendredi 1 janvier 2010

New York, 4, les églises

Cathédrale catholique St Patrick
Crèche de St Patrick

Icône de Saint Jean L'évangéliste, à St John the Divine
Cathédrale épiscopale St John the Divine


Il faudrait que je vous parle des églises de New York. Lorsque je me rends quelque part, je cherche toujours en premier lieu l'église, catholique de préférence, "la tente" où je vais pouvoir rencontrer mon Seigneur et mon Dieu. L'église, mon refuge, le "lieu miné et sacré" dit McCarthy, où terre et ciel se rejoignent.L'église où le temps se réunifie, où le passé, le présent, l'avenir ne forment plus qu'un souffle, une prière, un gémissement ineffable, un pleur, une paix.

Nous sommes allés à la messe le dimanche de la Sainte Famille, à la cathédrale St Patrick, perdue entre les grattes-ciel. Elle parait minuscule ainsi coincée entre les immeubles alors que c'est une très grande église.
Service minimum en ce dimanche soir : l'église est pleine.Mais un seul prêtre, vêtu d'une moche aube trop courte, une dame qui fait chanter avec des trémolos dans la voix (elle chante bien cependant, mais sans âme)et un type cravaté qui attaque en insistant sur les deux quêtes proposées pendant le service : cela ne me choque pas : j'aime par dessus tout l'efficacité de cet esprit anglo-saxon, le type fait son job, il doit récolter des fonds pour les projets ecclésiaux, il le fait sans minauderies particulières, avec force, avec conviction. Je trouve cela très bien, pas de culpabilité, pas de précautions oratoires particulières, on attaque le sujet et on rentre directement dedans sans fioritures.
C'est plus le prêtre qui me heurte et me déprime, tout seul, sans enfants de chœur, il récite littéralement sa messe sans vraiment porter le feu de l'Esprit. Je me dis en moi-même que je me trompe, que la foi n'est pas dans le "ressenti", mais c'est un peu raide, cette messe du dimanche soir avec ces trois "acteurs" dans une cathédrale comble. La ferveur des personnes venues assister à l'office ne fait aucun doute, par contre, des latinos, beaucoup qui font des signes de croix à répétition et récitent leur chapelet.
J'arrive à prier quand même. J'arrive depuis longtemps à prier partout et quand même.Mon regard se dirige sans dévier vers l'Eucharistie, alpha et oméga de tout chrétien. Le reste importe peu.
Je m'endors épuisée pendant le sermon en anglais : je n'y comprends rien. J'avais mieux compris l'homélie de feu du prêtre rencontré l'année dernière près de Washington.
Je vais voir la crèche, très grande, à la taille de la cathédrale.

Le prêtre a fait une allusion à la fin de la messe : n'hésitez pas à venir avec vos enfants, pendant les services a t-il gentiment demandé. Les enfants... Tout est là, n'est-ce pas?
Les miens me manquent : lorsque je voyage, j'ai toujours comme une espèce de poids sur le cœur, un truc qui me pèse, me blesse sans me faire souffrir spécialement mais comme une cicatrice qui tiraille.
Les jumeaux me manquent : ils viennent plusieurs fois dans la journée ou le soir, lorsqu'ils sont à l'école, avec leur "doudou", ils se placent l'un à droite, l'autre à gauche de mon siège et se retrouvent face à face collés à ma poitrine et se reniflent avec de petits gémissements. Ils se font des "mamours" contre mon cœur et nous formons une sorte de trinité. Je me penche tout contre leur deux têtes et c'est comme s'ils étaient revenus en mon sein.J'aime tellement, j'ai tant besoin de ces interludes... C'est un peu une respiration d'amour.
Souvent les autres (Rémi et Pierre en particulier) viennent profiter de ces instants pour me faire un câlin.On ne se rend plus vraiment compte mais les baisers, les câlins gouvernent nos journées!

Mes enfants me manquent, tout le temps, grands et petits, et je crois que j'ai appris à m'habituer à ce fait.J'ai appris, c'est tout.Je vis avec. Ils font partie, physiquement, spirituellement, de ce que je suis, et ces cicatrices que j'ai nombreuses, saignent de temps à autre. Rien de bien grave, elles font partie intégrante de ce que je suis. L'amour est avant tout une blessure.

Il faut maintenant que je parle des églises épiscopales de New York car elles sont nombreuses.J'ai déjà évoqué St Paul, haut lieu spirituel et lieu de rassemblement des équipes de secours lors des attentats du 11 septembre.Je vais donc, pour Denis parler de St John the Divine, allusion à saint Jean l'Evangéliste, la première pierre de cet édifice imposant a été posée le jour de sa fête. Nous sommes allés la visiter un soir, après un périple en métro. L'église était quasiment vide, par rapport à St Patrick, grouillante de monde. Elle est située dans un coin plus reculé de Manhattan et pas en plein centre, il est vrai.Elle contient des trésors et un Colombarium c'est à dire une chapelle où sont entreposées les urnes contenant les cendres de défunts.Cela m'a fait un drôle d'effet, je ne suis pas très férue de la crémation mais d'un autre côté, être "enterrée" directement au sein d'une église, c'est assez tentant je trouve.Bon, je suppose que pour être placé dans le Colombarium de St John the Divine, il faut mériter ce lieu d'une quelconque façon.
Nous avons tourné un peu en rond en sortant du Subway, à la recherche de cette énorme cathédrale et une jeune femme nous a dirigé en concluant, comme d'habitude : "you're welcome!" J'aime cette formule très usitée et qui, ce soir où nous recherchions l'église, "refuge des pécheurs", a pris dans sa bouche et dans mon esprit une signification un peu particulière.Dans le dépliant proposé en plusieurs langues à l'entrée de l'édifice religieux, il y a a écrit : "Bienvenue".



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