mercredi 10 juin 2009

Mettre un visage là où il n’y en a plus.


Ecrit à partir de la terrible photo de Pasolini mort publié sur ILYS.

Le titre est une réflexion d'XP.


« L’espace vient, s’approche et cherche à me dévorer. Il y a un petit bruit au centre de la pièce. Les fantômes sont là, ils constituent l’espace, ils m’entourent. Ils se nourrissent des yeux crevés des hommes. » (La possibilité d’une île, Houellebecq)



La face écrasée en sang, le visage renversé

Les trous noirs des yeux crevés tournés

Non pas vers le ciel mais vers le néant le plus

Effrayant, je vois le visage qui n’est plus.


Je songe que sa mère a contemplé et scruté

Jusqu’à la passion, jusqu’aux plus infimes détails

Ce visage, ce beau visage d’homme écrasé

Toute sa vie de mère, sa seule vraie bataille


Je songe que son père a façonné et taillé

Avec patience et dureté, jour après jour

Ce visage presque parfait, celui de l’amour

Porté sans faille, une belle sculpture édifiée


Je songe en observant jusqu’à la nausée

Ce visage crucifié, horriblement défiguré

Je songe que c’est la douleur éprouvée

Qui lui rend toute sa noblesse et sa beauté.


Je voudrais prendre comme la sensible Véronique

Au Golgotha un doux tissu, bien fin, tout léger

Et d’une caresse pleine d’amour et trempée

De mes pleurs, essuyer l’Adorable Face Unique


Du Crucifié, de mon Dieu que j’ai souffleté et broyé

Par pensée, par parole, par action et par omission

Je voudrais enlever chaque poussière incrustée

De tous les visages, de toutes les âmes en perdition.


Dévoiler sous le masque noir de la Négation

L’éclat magnifique de la Transfiguration.

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