Ecrit à partir de la terrible photo de Pasolini mort publié sur ILYS.
Le titre est une réflexion d'XP.
« L’espace vient, s’approche et cherche à me dévorer. Il y a un petit bruit au centre de la pièce. Les fantômes sont là, ils constituent l’espace, ils m’entourent. Ils se nourrissent des yeux crevés des hommes. » (La possibilité d’une île, Houellebecq)
La face écrasée en sang, le visage renversé
Les trous noirs des yeux crevés tournés
Non pas vers le ciel mais vers le néant le plus
Effrayant, je vois le visage qui n’est plus.
Je songe que sa mère a contemplé et scruté
Jusqu’à la passion, jusqu’aux plus infimes détails
Ce visage, ce beau visage d’homme écrasé
Toute sa vie de mère, sa seule vraie bataille
Je songe que son père a façonné et taillé
Avec patience et dureté, jour après jour
Ce visage presque parfait, celui de l’amour
Porté sans faille, une belle sculpture édifiée
Je songe en observant jusqu’à la nausée
Ce visage crucifié, horriblement défiguré
Je songe que c’est la douleur éprouvée
Qui lui rend toute sa noblesse et sa beauté.
Je voudrais prendre comme la sensible Véronique
Au Golgotha un doux tissu, bien fin, tout léger
Et d’une caresse pleine d’amour et trempée
De mes pleurs, essuyer l’Adorable Face Unique
Du Crucifié, de mon Dieu que j’ai souffleté et broyé
Par pensée, par parole, par action et par omission
Je voudrais enlever chaque poussière incrustée
De tous les visages, de toutes les âmes en perdition.
Dévoiler sous le masque noir de la Négation
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