Votre langue a fait de moi un tueur sans pitié. Chacun de vos mensonges. Chacune de vos dérobades. Chacun de vos mauvais jeux de mots. Chacune de vos subtilités.
Je ne sais donc parler qu'en récupérant puis utilisant de nouveau, après les avoir soigneusement sucés, les mots que ces eunuques galvaudent, blessent, gauchissent, dépècent, torturent. Ces mots que vous avez détruits.
Qui a dit que les langues naissaient, vivaient puis mouraient ?
La langue française n'est pas morte mais éteinte.
Moi, je parle. Et je ne suis pas le seul à parler cette langue, oh que non ! Nous sommes des centaines, des milliers, humiliés et offensés, lie de la lie, rats parmi les rats. Cette langue est la vôtre et pourtant, dites-moi : comment se fait-il que vos oreilles paraissent ne point l'écouter ni même l'entendre, vos esprits se fermer à ce qu'elle raconte ?
Cette langue est une langue morte, non : éteinte. C'est la langue française, c'est la langue de la mort, c'est la langue qui a tué un homme et, moi, c'est la langue qui m'a fait renaître. Quel singulier pouvoir ne conserve-t-elle pas, même avilie, souillée, violée des millions de fois par chacune de vos bouches puantes.
Moi, je parle, et j'ai tué le représentant d'une des langues les plus puissantes de l'humanité. L'une des plus saintes, sinon la plus sainte.
Moi, Youssouf Fofana, je parle une langue plus ancienne que le français, le latin ou même l'hébreu.
Je parle la langue de la mort et de la folie.
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