jeudi 9 avril 2009

Jeudi Saint


Ce soir, retour en bétaillère dans la plaine après la Messe du Jeudi Saint : instauration par Notre Seigneur de l'Eucharistie.A la fin de la messe, le prêtre prend le ciboire plein d'hosties consacrées et va les mettre dans un reposoir spécialement préparé à cet effet.(le vendredi saint Jésus est mort sur la croix, il n'y a donc pas de consécration, on communie avec les hosties gardées dans ce reposoir).
Une dernière fois, nous contemplons Jésus-Hostie puis nous repartons chez nous.

Sur le chemin du retour, une immense lune bien ronde, une hostie dans un ciel sombre...
Cette hostie lumineuse repose sur un gros nuage noir.
A un moment donné, je vois que ce nuage envahit la lune toute pure et grignote de ses franges sombres l'astre resplendissant.
Et je pense : voilà, c'est la nuit qui tombe, le Seigneur est parti au jardin des oliviers après la Scène, avec ses disciples et son agonie commence."Veillez et priez!" implore t-il à ses amis pendant que l'angoisse l'envahit. Et je la vois monter, cette agonie, dans ce nuage qui dévore l'hostie lentement mais sûrement. Nous rentrons chez nous, nous reposer, dormir pendant que le drame qui engage toute l'humanité dans son Salut se noue...

Dans la voiture, c'est "Ne me quitte pas" de Brel qui nous appelait.Et le Christ dit à ses disciples : "Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi"
Puis le Seigneur revient vers les apôtres et les trouve en train de dormir et il dit à Pierre :"Ainsi, vous n'avez pas la force de veiller une heure avec moi! Veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent mais la chair est faible." Ne me quitte pas crie Brel, j'inventerai pour te retenir des mots qui n'existent pas...Le Seigneur, qui est Dieu, a inventé sa crucifixion et sa mort pour nous sauver.

Le Christ dit enfin : "Désormais vous pouvez dormir et vous reposer : voici toute proche l'heure où le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs."
La bétaillère est rentrée avec tout son monde.Brel s'est tu.
Ma tête penche, mes yeux se ferment et je ne vois plus rien, je n'entends plus rien, je ne ressens plus rien.
La lune a disparu. La nuit a gagné.

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