vendredi 13 mars 2009

Poèmes domestiques


Avril 2008

Mes amours, mes enfants, ma vie.

Mains d’enfants

Petites mains nues, roses et potelées,
Aux doigts courts, épais, boudinés,
Aux ongles noircis, cassés,
Petites mains souillées de terre,
Abîmées, griffées,
Petites mains adorées,
Je vais vous croquer
Et vous dévorer
De baisers !


A la douche
A la douche ! A la douche !
Deux petites têtes, jumelles,
Deux petits corps joufflus
S’extirpent des vêtements, sales.
Je respire un doux parfum,
Celui des corps humains.
C’est moi le premier ! non, c’est moi !
Cris, pleurs, rires, baisers, eau, savon,
Deux petits corps joufflus
A croquer tout crus !
Un troisième, plus âgé :
Mince, fragile, il a froid.
Je l’enserre doucement, dans mes bras.
Si fragile, je pourrai le briser !
Je le serre, fort, très fort
Pour le fortifier.
Oh ! Mes amours ! mes trésors !
Je vous tiens ! je vous ai !
Ils fuient au-dehors,
Tous nus, mes blondinets,
Leur mère-louve qui veut les manger !


Écrire

Écrire ? écrire !
Quand ?
Le matin, se réveiller,
Et la maison endormie éveiller.
Le pain griller et pour tous tartiner,
Un bol, chocolaté, sucré, préparer.
Les petits habiller,
Les sacs, compléter
Le déjeuner, ranger
Et bousculer, bousculer.
Dans la voiture, se signer
Pour demander une bonne journée :
« Notre Père qui est…
Mais avancez ! oui ! avancez ! «
Les leçons, les tables réciter
Et doubler, oui, doubler
Sans respirer,
Sans avoir pris encore un bon café !
Dans la cour de l’école déposer
Les enfants et saluer, bavarder.
En voiture, rentrer ;
Fin du premier round de la journée.
Préparer de quoi déjeuner,
Ranger le terrain miné,
Et aspirer, aspirer.
Réparer quelques jouets,
Les papiers à signer,
Les coups de fil à passer,
Le repassage amoncelé,
Les ampoules ont sautées,
La voiture à vérifier,
Et acheter, acheter,
De quoi manger.
Les enfants à récupérer,
Dans la voiture, les écouter :
« le goûter ? et le dîner ? »
Les devoirs à commencer…
Puis à terminer !
Les douches à donner,
Les vêtements à trier,
La soupe à éplucher,
La quiche à dévorer.
Et bousculer, bousculer.
Fin du deuxième round de la journée.
Les petits à coucher,
L’histoire à raconter,
Se signer pour demander
Une bonne nuit à passer.
Des baisers à donner,
Des baisers à emporter,
Et câliner, câliner.
Fin du troisième round de la journée :
Se vautrer,
L’esprit vidé,
Devant la télé.
Se relever,
Quand l’être aimé fait son entrée.
Communiquer, se relier, se retrouver, s’embrasser
Enfin !!
Dans la chambre, le lit luit faiblement.
Se laisser envelopper,
Se laisser tomber,
Se laisser aimer.
Mais écrire ? Quand ?
Jamais ! Jamais !
Jamais.

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