"Et j'ai essayé d'accepter avec humilité mon destin de vagabonde qui ne sait trouver nulle part le repos - j'ai tenté d'en faire peu à peu un devoir, une discipline intime." Christina Campo, Lettres à Mita
" L'espoir est toujours l'attente d'une nouvelle aurore. Il faut pour cela supposer que les joies du monde ne sont pas encore toutes répertoriées. "(Delsol)Musique de Balavoine qui remplit la bétaillère depuis la rentrée scolaire.
Hier matin: départ vers 8h, une demi-heure environ pour atteindre R. et les écoles à travers la Forêt. La nuit est profonde et noire, les phares trouent le mur et les arbres se penchent vers nous, protecteurs.Les enfants se taisent, se laissent emplir par le son envoutant de la musique.J'ai les mains arrimées au volant, j'emmène mes vies, ma vie dans le monde, nous sortons de la Maison, nous sortons du cocon chaud et protégé... Nous partons vivre et guerroyer.Une journée de boulot, d'école.Nous partons grandir pour certains, tenir la barre pour d'autres.Ma main quitte le volant quelques secondes : "Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit", prière les enfants, allez, demandons une bonne journée, quelques luttes envers soi-même, gagnées perdues, quelques lumières, SVP Seigneur sur des problèmes qui nous obsèdent, quelques forces, Jésus, car la fatigue est intense toujours même dès l'aube et le sommeil nous terrasse au plus mauvais moment bien sûr, en pleine écriture ou lecture au moment ou ...AH la solution, lumière tremblotante et fragile commençait à luire dans le lointain, on y était presque on avait sur le bout des doigts le mot, l'éclair et.. on tombe, la fatigue, cette déesse invincible, nous fait battre des paupières, ployer le cou, puis le corps tout entier et nous sombrons dans le puits sans fond de l'endormissement sans même rêver...!
La voiture avance, , les notes s'égrènent, Balavoine "écrit à l'encre vide un désert" : je médite un instant sur ces paroles : n'est-ce pas le propre de l'écrivain d'écrire à "l'encre vide un désert"? C'est le lecteur qui va donner de la couleur à cette encre invisible en imprimant ses yeux, son cerveau, son encre à lui, son jus de citron ( qui révèle l'encre invisible) sur le texte écrit. Et le désert se pare de mille couleurs, le paysage apparaît d'un coup, c'est une oasis luxuriante... ( "une trace dont les écumes font la beauté") Ecrivain-lecteur le couple inséparable. L'un écrit sans même avoir de prise sur son message,("sans comprendre la détresse des mots que j'envoie") l'autre lit et dévoile le tableau..("J'ai ramassé les bouts de verre, j'ai recollé tous les morceaux : tout était clair comme de l'eau.")
"Contre le passé il n'y a rien à faire, il faudrait changer les héros dans un monde ou le plus beau reste à faire..."
La prière des enfants se termine sur ces paroles, nous arrivons en ville, dans le monde où le plus beau reste à faire et les "héros", c'est nous, avec notre passé aux "mille peaux" dirait Costes.Oui, pauvres héros à la carapace bien dure et bien lourde mais qui peut voler en éclats par une simple prière ou signe de la Croix, par un geste, un acte qui nous orientera vers le plus beau...Un petit bout de verre dans les écumes de l'océan, un petit bout de verre qui lorsqu'on le ramasse vous entaille la main et vous fait saigner : rien n'arrive si ce n'est par le sang, la douleur et la victoire.
Je me tourne vers mes enfants qui descendent de la voiture, le coeur serré, comme chaque matin, comme un capitaine qui envoie ses soldats au front, comme une mère que je suis qui voit son sang couler au loin. Je reste reliée jour et nuit avec mes vies, ma vie, et chaque bout de verre, chaque lutte perdue ou gagnée par mes petits pour grandir, je la subi aussi. Mais moi, mon corps est couvert de cicatrices, je suis un vieux soldat revenue de tous les combats.
La voiture repart, la vie reprend, "je me soule avec le bruit des corps qui m'entourent..."
Paroles :
Comme un fou va jeter à la mer des bouteilles vides et puis espère. Qu'on pourra lire à travers S.O.S écrit avec de l'air pour te dire que je me sens seul je dessine à l' encre vide un désert .Et je cours je me raccroche à la vie je me saoule avec le bruit des corps qui m'entourent . Comme des lianes nouées de tresses . Sans comprendre la détresse des mots que j'envoie .Difficile d'appeler au secours quand tant de drames nous oppressent et les larmes nouées de stress étouffent un peu plus les cris d'amour. De ceux qui sont dans la faiblesse et dans un dernier espoir disparaissent .Et je cours, je me raccroche à la vie je me saoule avec le bruit des corps qui m'entourent...Comme des lianes nouées de tresses . Sans comprendre la détresse des mots que j'envoie."
"Tous les cris les SoS partent dans les airs dans l'eau laissent une trace dont les écumes font la beauté
Pris dans leur vaisseaux de verre les messages luttent mais les vagues les ramènent en pierre d'étoiles sur les rochers."
J'ai ramassé les bouts de verre , j'ai recollé tous les morceaux tout était clair comme de l'eau
Contre le passé il n'y a rien à faire il faudrait changer les héros dans un monde ou le plus beau reste à faire."
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