lundi 25 janvier 2021

Pendant ce temps...



 Bernanos, en évoquant saint Dominique et son combat contre les cathares, écrit : " Ces magnifiques espérants se battent toujours en désespérés." 

Loin de moi de me prendre pour une "magnifique espérante", mais je me retrouve dans le fait qu'aujourd'hui je fais face (comme tout le monde)  à tout combat spirituel, idéologique, intellectuel, moral, en désespérée.

 Par exemple, hier soir, avant de partir sur des routes risquées pour l'internat des jumeaux, je faisais un petit bilan du week end. Il s'était passé deux choses, des petits riens aux yeux d'un spectateur peu sensible aux micro évènements qui jalonnent un quotidien à la limite de l'ennui, mais ces deux actions m'ont pourtant plongée dans un ravissement certain.

Ma voisine, une pauvre femme de la campagne avec une fille accoquinée à un tunisien prêt à l'emmener au bled, elle et sa progéniture, cette voisine vient  prendre un café pour s'épancher et pleurer. Je lui donne après avoir compati, la prière de saint François de Sales à saint Joseph et elle me raconte qu'elle est née justement un 19 mars, jour de la saint Joseph! Je lui propose de l'emmener à une messe dans les jours prochains, elle accepte. Je l'encourage à garder le lien avec son petit fils malgré les réticences de la mère, et je propose de donner des contacts de prêtres à son fils qui veut se marier à l'église sans trop savoir comment s'y prendre.

Dimanche après-midi, je me rends dans la petite église du village, qu'ouvre de temps à autre une dame. Nous y avons confectionné une jolie crèche. En arrivant sur le parvis, je tombe sur une tribu de gamins en train de jouer dans la neige. Je les invite à rentrer dans l'église qu'ils ne connaissent pas. Nous plaçons ensemble les rois mages autour de l'Enfant de la crèche et je leur raconte la belle histoire de ces derniers, qui étaient des savants, qui observaient la nature, qui ont découvert une étoile dans le ciel, ont vu en elle un signe indubitable de quelque évènement majeur et l'ont suivie jusqu'à Bethléem en Galilée. Pour finir par adorer l'Enfant Dieu. 

Puis, je leur raconte saint Rémi, car l'église lui est dédiée, et il y a une belle statue du saint à l'intérieur. Clovis, premier roi chrétien, baptisé parce qu'il avait promis de recevoir le sacrement si Dieu lui donnait la victoire à Tolbiac, et sacré dans la foulée comme roi de France par saint Rémi à Reims. Je leur raconte l'histoire de la sainte ampoule qui servait à oindre le roi : à cause de la foule en délire, le moine chargé d'apporter l'ampoule ne parvient pas jusqu'à Rémi qui attend dans la cathédrale. Rémi implore le ciel et voilà qu'une colombe vient déposer une petite fiole, remplie du saint chrême, dans les mains de l'évêque.

Les gamins dans l'église suivent attentivement ce pan de l'histoire de France qu'ils ne connaissent pas. Puis ils posent des questions sur les statues, le mobilier, etc. Bref, un petit moment de catéchèse absolument parfait. 

On pourrait se dire que tout ceci est bien désespérant, que cette vieille voisine qui a tout largué de sa foi et de son éducation envers sa fille, comme ces gamins à qui rien n'a été transmis dans une culture basique, sont l'exact et terrible reflet d'une société détruite. Mais je préfère y voir une sorte de renaissance incongrue et presque intempestive.

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