jeudi 3 décembre 2020

Journal du deuxième confinement, Jeudi 3 Décembre, "c'est proprement surnaturel"


 Comme d'habitude, je suis en retard le matin pour emmener ma petite à l'école, simplement parce que je n'ai pas intégré dans le "timing" le temps passé à produire mon attestation. Une minute en gros mais ça désorganise tout. Evidemment, en revenant de l'école je m'arrête faire des courses. Dois-je refaire une attestation? Question épineuse, digne des délires de nos gouvernants : aller se balader dans un rayon de 20km en trois heures, porter un masque même dans la forêt et sans cueillir les champignons, aller au ski sans remonte pente, aller à l'hôtel (mais pour quel motif acceptable?) sans pouvoir s'y restaurer, aller à l'église sans trop pouvoir s'assoir, etc...

J'avoue essayer faire abstraction le plus possible au quotidien de ces histoires de virus et de restrictions. J'essaie de vivre normalement, ce qui s'apparente de plus en plus à de la survie mentale. Ma sœur me fait rire : elle m'explique avoir acheté de jolies custodes pour ses beaux-parents qui voudraient recevoir la communion par un tiers chez eux de temps en temps. Je lui demande où est-ce qu'elle a acheté ses custodes : "ben par Amazon pardi! c'est mon dieu, Amazon".

Je regarde dimanche un reportage sur un entrepreneur en Alsace, qui a plusieurs boutiques de produits alsaciens, (au départ du pain d'épice) et donc aussi des usines. Il a développé l'affaire de ses parents. Le gars est vraiment attachant; l'entrepreneur inventif, dynamique, travailleur, qui fourmille d'idées et qui crée des emplois, réaliste et humain. Bref, un gars bien. La pandémie passe par là, ou plutôt une gestion étatique passe par là et tout ce qu'il a édifié est balayé. Il reste héroïque dans la tourmente. Il doit fermer ses boutiques, ses usines, licencier des personnes. Il rentre le soir chez lui et pleure devant sa femme et ses deux garçons. Vraiment, il demeure pour moi l'archétype de l'homme "bien". Je voudrais que tous mes garçons lui ressemblent. Curieusement, ce témoignage, même s'il fait froid dans le dos, me procure aussi un sentiment positif. Tant qu'il y aura des personnes comme cet entrepreneur, il y aura de l'espoir pour notre pays. Pourvu que les suicides ne fauchent pas tous ceux qui restent.

Grandes manœuvres hier mercredi, je grimpe à l'échelle dans mon préau pour choper dans le grenier ma crèche. Il y a plusieurs caisses et des sacs de guirlandes. Gaby à qui je demande de tenir l'échelle (c'est symbolique comme soutien mais cela me rassure) m'encourage : "mets ton pied plus bas... oui c'est bon!" Je suis sujette au vertige mais je le surmonte parce que la crèche c'est important. Ironie de l'histoire, j'ai commencé "Les hauteurs béantes" de Zinoviev, magnifique roman sur les totalitarismes. Sur mon échelle, en regardant vers le bas, je cogite comme Zinoviev : ""Comment expliquer cette vitalité de l'ivanisme [ remplacez "ivanisme" par "socialisme" ou bien par  "fanatisme de la crèche"] ... L'histoire ne suit pas du tout le cours qu'il avait prédit. La science le réfute à chaque pas. Tout le monde se moque de lui. Mais il ne fait que se renforcer et s'étendre. C'est proprement surnaturel!"


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