dimanche 17 mai 2020

Dimanche 17 Mai, Les Jours d'après, à propos de la Terre Promise




Ma petite voiture a rendu l'âme hier. Coup dur pour nous : il reste le gros Jumpy mais dans ce coin reculé, impossible à long terme de vivre sans deux voitures. Et impossible vu l'état de nos finances d'en racheter une, même d'occasion. Nous avons heureusement moins de conduites en ce moment. Nous repoussons le problème jusqu'en septembre...

Le déjeuner de midi, pris dehors (la chaleur revient timidement), est morose : il y a beaucoup moins d'enfants et nos préoccupations financières plombent le repas, comme souvent. Je comprends que mon mari ne supporte pas les sermons sur le consumérisme qui mènerait en enfer nos âmes débridées parce que depuis que nous sommes mariés et famille nombreuse, ce qui nous mène en enfer c'est plutôt l'impossibilité d'acheter des biens de consommation basiques.

Quelques satisfactions de taille ces jours-ci : nous avons pu assister à une messe familiale, avec mes parents, en "zone verte", chez l'une de mes filles. Et hier j'ai pu réciter le chapelet dans ma petite église de village toujours fermée; j'ai obtenu les clés pour ce faire. Normalement je devrais pouvoir l'ouvrir régulièrement pour un chapelet. Cela m'a demandé pas mal de négociations et c'est vrai que la tentation de tout faire chez soi est grande; ce serait beaucoup de tracas évités. Mais cette église toujours fermée m'attriste; j'aime l'idée de lui rendre visite régulièrement et de tromper sa solitude un petit moment.

J'écris à un ami : " Je pense que l'Eglise va perdre beaucoup de catholiques dans cette histoire. Les personnes âgées ne reviendront pas dans les églises avant un moment. Mes parents se contentent fort bien de la messe tous les jours à l'écran. Ils ne font pas d'efforts pour aller voir des prêtres ou bien les inviter (quand ces derniers acceptent ce qui est loin d'être le cas) chez eux. Ils sont trop vieux pour s'adapter. Ils étaient ravis que je leurs dégote une messe mais ils n'auraient pas agi par eux-mêmes."

Nos prêtres s'attendent à un moment donné à pouvoir reprendre les messes à l'église; avec tout un protocole à la noix et un nombre limité de personnes. J'explique à mon curé que je me sens comme Moïse : à traîner derrière moi tout un peuple (la famille) jusqu'à la Terre Promise (l'église) et qu'il va me falloir sacrément batailler pour inscrire tout le monde sur un "doodle", arriver bien en avance à la messe pour trouver des places pour tous, etc... Et je conclus que je ne suis pas sûre d'arriver à mener ce combat toutes les semaines. D'ailleurs, Moïse n'est jamais rentré dans la Terre Promise.

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Ma belle église

La belle église, qui s’élève dans le ciel, qui jaillit de la terre,
C’est là où je vais, chaque dimanche, c’est là où je me rends
Après de dures batailles perdues bien souvent , chaque semaine
Guerres contre tous, et aussi contre moi-même, vaincue, souvent.

La belle église me voit arriver de loin, elle a guetté son enfant
Perdue, tous les jours de la semaine, elle est haute et son regard
Porte loin, il traverse les monts et les plaines, regard perçant
Qui ne dévie pas, regard brûlant : je t’attends matin et soir.

La belle église, mon église à moi, se penche anxieusement :
Dans quel état es-tu mon enfant, ma chérie, viens, entre vite
Que je soigne tes blessures, tes douleurs, tout doucement
Viens t-en sur mon cœur te reposer et retrouver ton sourire.

La belle église, mon église à moi, elle est comme ma mère
Son regard s’attarde sur ses petits, ses faibles, ses pécheurs
Pas sur les bien-portants, ceux-là, ils sont tirés d’affaire
Ma mère, m’ouvre ses bras, elle m’aime tant ! Je pleure…

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