mercredi 18 mars 2020

Mercredi 18 Mars, Nécessité de la main

Avant le décret de confinement, j'ai réfléchi à l'organisation des journée et la nécessité de garder un rythme d'horaires très régulier, avec des tâches quotidiennes bien définies. Pour les enfants, c'est facile, ils gardent au maximum des horaires d'études ou de télétravail. D'instinct, ils ont compris l'intérêt et c'est d'eux-mêmes qu'ils s'organisent. Pierre est le seul réfractaire pour le moment, les horaires fixes l'ennuient, l'organisation du travail, il ne sait pas faire. Il est parti hier soir camper en forêt, tout seul, avec sa boîte de cassoulet. Il est revenu plus apaisé ce matin. Il y a des personnes qu'on ne mettra jamais en boîte et qui sont des électrons libres heurtant les autres plus ou moins violemment. Parfois, il y a assez d'espace pour qu'ils puissent traverser comme l'éclair et poursuivre un chemin aléatoire sans trop de dégâts pour eux-mêmes et pour les autres. Parfois non. C'est ainsi.
Je comprends mieux son amour du rugby.

Le mercredi est un jour à part : moins de travail scolaire pour Gabrielle, j'ai donc envie de cuisiner un peu plus ( du moins, de faire des plats qui demandent plus de temps), et de me poser sur ma terrasse dans le premier beau soleil. En short et débardeur, une paire de lunettes de soleil sur le nez. Dans certains endroits, c'est la guerre, dans les hôpitaux, dans les groupes alimentaires, que sais-je. Je me sens un peu inutile dans mon transat mais je décide de profiter de l'instant donné. Quatre canards volent en escadrille au dessus de la maison, un rapace tournoie, intéressé de loin. 

Je lis Sylvain Tesson, "Géographie de l'instant", le début d'un chapitre au sous-titre intitulé "Nécessité de la main" : "Les autorités sanitaires préconisent d'arborer sur le revers de sa veste un badge frappé d'un slogan invitant nos interlocuteurs à un salut de la main afin d'éviter "les contacts directs" et la transmission des pandémies. Le titre du chapitre  : "Février 2010". S'ensuit une longue réflexion sur l'indispensable contact physique qui s'amenuise dans ce monde, d'autant que le virtuel prend une place conquérante... pour la plus grande inquiétude de l'auteur. "Comment croire que les cœurs continueront à être touchés par quoi que ce soit si les mains n'ont plus le droit de toucher à rien?"

Mon mari est toujours fiévreux, et ce matin, un peu ridiculement, je n'ai pas embrassé ma Gaby.




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