vendredi 27 février 2015

Du combat spirituel



Une petite semaine passée en Bretagne avec cinq de mes enfants. A cette époque de l'année il n'y a pas grand monde en Bretagne dans ce coin proche de la mer mais la maison est confortable, bien chauffée et c'est mon luxe à moi d'y aller seule -ou pratiquement. Nous établissons une routine rapidement : le matin, lever vers 8 heures, déjeuner et travail scolaire pour les enfants pendant que je range et prépare le déjeuner. Parfois une course mais c'est rare. S'il fait beau, balade dans la matinée.Déjeuner puis repos dans le salon pour moi pendant que les enfants sortent ou lisent, là aussi au gré du temps. Puis deux heures de piscine pour les 4 garçons et balade pour moi et Gabrielle ou bien ballade tous ensemble et piscine après. Puis retour à la maison, jeux, télévision et préparation du dîner. Généralement les enfants lisent puis regardent une moitié de programme télé et vont se coucher en même temps que moi vers 22h. Gabrielle, elle s'est couchée avant mais viendra trotter dans la nuit pour dormir auprès de moi une heure avant de repartir dans son lit.

Je ne suis pas très bien connectée ce qui me force à une cure d'internet (toute relative) et me permet de lire. Je feuillette une anthologie de la littérature chrétienne passionnante puis me plonge dans le palpitant Magellan de Stefan Sweig que je dévore comme un roman. Du coup, j'achète et je commence sa vie de Balzac. Brimé par une mère mesquine, haineuse littéralement, c'est un miracle que le génie de Balzac se soit dévoilé (et qu'il ait tout simplement survécu à une jeunesse vraiment terrible). Magellan et Balzac, deux destins lancés comme des boulets de canons mus par la seule force de leur génie. Rien n'a dévié leur trajectoire et pourtant tous les obstacles possibles et inimaginables se sont dressés sur leurs routes.  Ces trajectoires "hors normes" sont intéressantes à étudier parce qu'on s'aperçoit que leur déploiement tient à deux choses : leur obstination invraisemblable et qu'ils ne semblent pas contrôler eux-mêmes et quelques coups de pouce de la Providence qui apparaissent toujours au départ comme de la malchance.

Coup de fil de mon aîné qui est en formation d'éducateur spécialisé, dans le Nord de la France. Il me décrit un peu ses périodes de stage et confie à ma prière un jeune garçon de 13 ans admis au foyer (public) pour des faits graves. Il est parti en garde à vue m'explique mon fils désemparé par la jeunesse et la gravité des actes commis. 
Je me disais que s'ouvrait à moi une nouvelle période, celle de la fin de mes maternités. Je soupirais en songeant à ce temps béni où j'ai porté mes enfants. Je ressens souvent ce vide maintenant que je ne suis plus enceinte. Et par la requête de mon fils aîné qui me confie ce petit jeune mal barré dans la vie, je m'aperçois que c'est à une autre maternité que je suis maintenant appelée : je porte dans la prière tous ces jeunes que mon fils me confie dans la dureté de sa formation. Une maternité spirituelle mais qui comporte bien une forme de réalité; j'y songe tous les jours, moi, à ces jeunes dont il me parle, je prie pour eux, j'essaie d'offrir des sacrifices pour eux : au lieu de me nourrir "pour deux" comme je le faisais pour mes grossesses, j'essaie de jeûner pour eux (avec beaucoup de peine d'ailleurs). Bref, une mère reste une mère et je m'efforce de combler ce vide "matériel" par une réalité spirituelle.
Mon fils m'explique combien il ressent les forces obscures du Mal à l'oeuvre dans le monde par sa formation. Cet aîné, en proie au doute bien souvent vis à vis de sa propre pratique religieuse, conclut : "en tant que catholique, je suis condamné à être meilleur". Tout est dit. Il y a des combats dans la vie des hommes, qui sont loin d'être visibles. Mais certains, bien cachés, sont d'une âpreté sans nom.






















2 commentaires:

  1. Balade au sens de promenade ne prend qu'un l.
    Mais chronique toujours intéressante(de la part d'un agnostique...cad d'un athée modéré,hu hu hu!).
    rocardo

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