dimanche 6 avril 2014

"Nous tenons l'héritage des saints"


Livre d'Ézéchiel 37,12-14.
Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël.
Vous saurez que je suis le Seigneur, quand j'ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai sortir, ô mon peuple !
Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous installerai sur votre terre, et vous saurez que je suis le Seigneur : je l'ai dit, et je le ferai. » Parole du Seigneur. 



Il est trois heures du matin et me voilà parfaitement réveillée. Les soucis, les angoisses pour certains problèmes familiaux difficiles à résoudre...
La vie continue. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas écrit sur ce petit blog. Il y a des épreuves qu'il faut savoir digérer, assumer, et je suppose que pour moi, la façon de faire est de me replier dans le cocon familial car c'est là qu'est le cœur de ma vie, c'est là que se ramassent toutes les batailles, les défaites et les victoires.

Encore un trentenaire de mes connaissances qui demande le baptême dans l'Eglise catholique. C'est assez amusant pour ce dernier, il y va me semble t-il en râlant beaucoup contre l'Eglise, son clergé, sa doctrine élargie, il y va en traînant des pieds, lui aussi se plie à des parcours catéchétiques dont je n'ose lui demander la teneur en ridicule parfois, mais enfin il y va, appelé irrésistiblement par le Christ qui se joue de nos institutions humaines tout en nous demandant de rentrer dans son Eglise... Je trouve cela merveilleux de la part de Notre Seigneur, cette façon de nous faire venir à Lui, nous les petits enfants que nous sommes, colériques, agités, brouillons, insupportables les uns envers les autres et pompeusement rassemblés dans cette famille qu'est l'Eglise... Pour vivre au quotidien dans une famille aux membres agités, colériques, brouillons et insupportables, je ne peux que m'attendrir comme le Christ s'attendrit et nous ouvre les bras, à tous.

Dernièrement un oncle de ma famille est décédé. Il est mort le jour de la fête de la Transfiguration : cela m'a fait bien plaisir. Cet oncle au caractère et aux actes autodestructeurs, un pécheur comme on n'en fait plus, a eu droit comme n'importe quel grand saint, à une mort "glorieuse", le jour d'une grande fête! Car ce n'était pas un saint que cet oncle, à la manière de Bernanos qui explique que " l'oeuvre du saint est sa vie même". Là, de cet oncle on ne pouvait pas exactement dire qu'il avait fait de sa vie un chef d'oeuvre de sainteté, mais enfin qui peut le dire pour soi-même? Quand je vois la difficulté infinie que j'éprouve devant la plus petite restriction alimentaire pour le carême, je me dis que cet amour que le Bon Dieu nous réclame comme une "terre altérée et sans eau", et c'est cette non réponse, c'est notre inconscience absolue de cet embrasement du Maître de l'univers à notre égard, tout le temps, qui le fait crever, sans cesse. Notre Dieu se meurt, sur la croix, non pas des affreuses peines physiques subies, mais tout simplement parce que nous ne lui répondons pas.

 Il avait peut-être tout prévu, en nous créant, tout imaginé, sauf le fait que nous ne reconnaîtrions pas l'Amour.... Quel étrange destin que celui de notre Dieu infiniment puissant... et quel étrange destin que celui de sa créature de ne pas penser à l'Amour ou si rarement.

Alors je suppose que la moindre goutte d'eau dans ce désert infini et brûlant, la plus petite réponse déclenche dans les cieux haletants une explosion de joie immense, un accueil inouï de la part du Maître de ces lieux. Mon oncle avait reçu la communion quelques jours avant de mourir... et il est mort le jour de la Transfiguration. Il nous suffit donc, au fond de notre péché de nous tourner vers Celui qui meurt d'amour pour nous. Et en Le sauvant, nous nous sauvons.

Bernanos a évoqué de façon magistrale cette sainteté dont nous sommes capables, tous : "Nul d'entre nous portant sa charge -patrie, métier, famille- avec nos pauvres visages creusés par l'angoisse, nos mains dures, l'énorme ennui de la vie quotidienne, du pain de chaque jour à défendre, et l'honneur de nos maisons, nul d'entre nous n'aura jamais assez de théologie pour devenir seulement chanoine. Mais nous en savons assez pour deviner les saints."

Nous en savons assez pour deviner les saints et pour devenir, tous, des saints.





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