jeudi 6 mars 2014

Les orientations marxistes inquiétantes du Pape François.

Quo vadis Domine
Révérend et filial message à Sa Sainteté le Pape François
du Prince Bertrand d'Orléans-Bragance
Des mouvements radicalement opposés à la propriété privée,
y compris par l'action violente, sont invités à participer à des réunions organisées par d'importants organismes du Saint-Siège et l'un de leurs leaders est reçu par le Souverain Pontife

En ma double qualité de Prince de la Maison impé­riale du Brésil et de participant actif à la vie pu­blique de mon pays, j'ai l'honneur de m'adresser à Votre Sainteté pour Lui faire part d'une grave préoc­cupation concernant la cause catholique au Brésil, et en Amérique du Sud en général.
Les Brésiliens le savent bien, c'est sur les instances du Pape Léon XIII, et malgré le préjudice politique fa­cilement prévisible qui en résulterait, que mon arrière-grand-mère, la Princesse Isabelle, régente de l'Empire, signa le 13 mai 1888 la Lei Àureal , abolissant définiti­vement l'esclavage au Brésil. Cela lui coûta son trône, mais lui valut de passer à l'Histoire comme La Rédemp­trice, et de recevoir des mains du Pape la Rose d'or en récompense de son abnégation en faveur de l'harmonie sociale et des droits des plus faibles.
Mû par le même sens de la justice et du dévoue­ment de mes ancêtres au service du bien commun, je


m'honore d'être à l'origine et d'animer depuis dix ans l'initiative Paz no Campo [Paix dans la campagne, qui promeut l'harmonie sociale dans le secteur agri­cole brésilien. Tâche d'autant plus impérieuse que, de­puis quelques dizaines d'années, les zones rurales du pays sont notoirement troublées par des occupations d'exploitations agricoles, d'agressions, de destructions de plantations, d'expropriations confiscatoires, d'exi­gences environnementales déraisonnables, le tout dans un contexte d'insécurité juridique.
Au coeur de cette agitation agricole — principale entrave au plein développement de l'agriculture et de l'élevage brésiliens, garants de 37 % des emplois au Brésil' et près de la moitié des emplois créés au premier semestre 20134— se trouvent le Mouvement des paysans sans-terre, connu sous son sigle de MST, et l'organi­sation internationale La Via Campesina [La Voie pay­sanne]5.

[1] Un dirigeant national du MST profite du séminaire convoqué par un organisme du Saint-Siège comme tribune pour promouvoir la lutte des classes

C'est donc avec consternation que j'ai pris connais­sance de l'invitation envoyée par l'Académie pontifi­cale des Sciences à M. Joâo Pedro Stédile, coordinateur national du MST et représentant de La Via Campesi­na, à participer en observateur au séminaire organisé par cette Académie, à Rome, le 5 décembre 2013, sur « L'Émergence des personnes socialement exclues », ses dépenses de voyage étant payées par le Vatican, se­lon les déclarations du bénéficiaire lui-même.
Cette consternation s'est diffusée dans les milieux catholiques les plus divers car, comme il était facile de le prévoir, le fameux agitateur du MST profita de l'événe­ment comme tribune pour promouvoir, une fois de plus, ses principes erronés et ses fausses solutions, les uns comme les autres basés sur la prémisse marxiste de la lutte des classes et sur l'utopie d'une société collectiviste.
Deux jours seulement après le séminaire réalisé dans l'enceinte du Vatican, M. Joâo Pedro Stédile fit en effet une conférence aux militants de l'ultra-gauche al­termondialiste d'Italie, dans un ancien théâtre de Rome


occupé par eux. Dans sa présentation, reproduite par l'Agence d'informations Adista6 , il a fait l'apologie de ses méthodes illégales. Selon ce qu'il y a dit, « la route des changements par la voie institutionnelle paraît blo­quée de façon décisive »; et il s'est vanté de ce que « tout ce que le MST a conquis au cours de ses trente ans de vie provient de la pratique des occupations de masse » de domaines agricoles, c'est-à-dire la violation systé­matique de la propriété privée en milieu rural.
La nécessité de ce recours à l'illégalité et même la violence de la part du MST résulterait, selon Stédile, du « contexte historique actuel, [où] le rapport de forces au niveau de la lutte des classes est assez défavorable aux classes ouvrières » — c'est-à-dire aux forces de gauche qui usurpent la représentativité des ouvriers.
Stédile admet même que « le monde vit une pé­riode de reflux du mouvement de masse » qui affecte jusqu'au MST car « les conditions de lutte de classes sont plus difficiles : les masses ressentent l'impossibilité d'une victoire, et font machine arrière ».


1.    NdT. Littéralement : la Loi d'or.
2.    L'initiative Paz no Campo est connue au Brésil pour défendre les principes de la propriété privée et de la libre initiative, selon les enseignements contenus dans les documents du Magistère traditionnel de l'Église.
3.    http://www.feedfood.com.briagronegocio-corresponde-37-dos-empregos-gera­dos-no-pais/


5.    Zone de Texte: - 1 -NdT. Sur José Bové, leader de La Via Campesina : http://www.viacampesina.org/ fr/index.php/actions-et-nements-mainmenu-26/10-ans-domc-ca-suffit-mainmenu­35/41-le-leader-de-la-via-campesina-josovib-suite-e-fortes-protestations
6.    htlp://www.adistaonlineitnop=articolo&id=53494

[2] « Le tournant de la lutte des classes sera mondial... et la terre tremblera »

Mais il affirme que ce manque de soutien populaire ne doit pas décourager les forces de gauche. Appelant à « l'école des marxistes historiques de Grande-Bre­tagne », le chef des envahisseurs de terres agricoles es­père que l'actuelle période de reflux soit aussi une «pé­riode de résistance... prélude à un processus de reprise ».
Cette période de résistance — qui, selon lui, pourra durer «plusieurs années » — doit être mise à profit pour « apprendre les leçons de la lutte des classes au fil du temps ». Et le MST doit en profiter pour sa «formation politique », remettant en valeur et « étudiant Marx, Lé­nine, Gramsci', mais aussi les Brésiliens Paulo Freire, Josué de Castro et tant d'autres », dit Stédile à ses audi­teurs altermondialistes italiens.


Permettez-moi, Saint-Père, de relever la menace par laquelle Stédile a conclu sa harangue : il a insisté sur la nécessité pour « la classe ouvrière de se réunir au niveau international », mais aussi en dehors des ONG et des Forums sociaux mondiaux — puisque ceux-ci auraient échoué dans leur mission d' « organiser le peuple » — et il a indiqué qu'il faut maintenant réu­nir « tous les mouvements sociaux du monde » dans un « autre espace » de confrontation face au capital finan­cier et international. De cette façon, a-t-il conclu, « le tournant de la lutte des classes sera mondial et, enfin, quand la phase d'ascension aura commencé, cela se fera de tous côtés. Et la terre tremblera ».

[3 ] Stédile se vante d'avoir reçu le soutien du Vatican et Leonardo Boff s'en félicite

Pour le moment la terre ne tremble pas. Mais je ne peux m'empêcher de me demander, Saint-Père, pour quelle raison l'Académie pontificale des Sciences a-t-elle invité ce paladin d'une utopie révolutionnaire si viscé­ralement antichrétienne et ce promoteur de la violation systématique des lois. Les classes populaires étant de plus en plus réfractaires à la prédication révolutionnaire, il est en effet évident que le leader du MST et l'ensemble de ses camarades révolutionnaires ne peuvent qu'avoir l'ambition d'instrumentaliser l'Église catholique et cer­tains organismes du Saint-Siège comme compagnons de route dans cette utopique aventure (d'où l'appel à étudier Gramsci, le grand idéologue de cette stratégie).
C'est ce qu'admet J. P. Stédile lui-même dans une entrevue' donnée à la presse aussitôt après sa confé­rence au Théâtre Valle Occupato, se vantant d'avoir réussi à « motiver le Vatican à nous aider, ainsi que La Via Campesina, en tant que mouvements sociaux, pour organiser plusieurs conférences l'an prochain ».
Il en attend « dorénavant un plus grand dialogue entre le Vatican et les mouvements sociaux », dont le ré­sultat serait que « dans nos pays [...] les églises locales écoutent les peuples au lieu du nonce apostolique, un bureaucrate au service de je ne sais qui ». Voilà com­


ment il rétribue le Vatican de l'invitation et du billet d'avion qu'il a reçus de lui, selon ses propres dires...
Si ce n'est les adeptes de la Théologie de la li­bération, quels sont les membres de ces « églises lo­cales » qui devraient mépriser les avis du représentant du Saint-Siège sous le prétexte d'écouter « les peuples » ?
Fort significatif est le ton euphorique par lequel un des coryphées les plus en vue de ce courant – l'ex-frère Leonardo Boff – a commenté l'incursion de M. Stédile au Vatican9.
Boff a manifesté sa joie de voir « les pauvres et les exclus » – en vérité les leaders d'extrême gauche ­maintenant « convoqués à Rome, auprès du Siège Apos­tolique, pour parler en leur propre nom ». Il a relevé que « le thème est éloquent : L'émergence des exclus. Voilà qui nous renvoie à un thème central de la Théo­logie de la libération quand elle en était à ses débuts : l'émergence des pauvres ».
D'après l'ex-religieux, le colloque en question peut signifier « le début d'une nouvelle volonté de réin­venter l'Humanité » (sic). Comme nous voilà proches du mythe de « l'homme nouveau » collectiviste, rêvé par Marx !

Zone de Texte: - 2 -[4] Message d'encouragement à une organisation internationale
Zone de Texte: Peut-être Votre Sainteté n'en a-t-Elle pas été cor¬rectement informée, mais les Brésiliens ont pris contact avec cette organisation subversive en avril 2006 à tra¬vers la télévision, quand ils ont assisté aux larmes de la chercheuse Isabel Gonçalves : cette dernière avait vu des efforts de vingt ans anéantis lors d'une attaque barbare par 2 000 militants de cette organisation contre l'entre¬prise Aracruz Celulose, dans l'État du Rio Grande do Sul'''. Au cours d'une opération parfaitement synchro¬nisée, les vandales avaient dévasté de vastes serres ex¬périmentales, des systèmes d'irrigation, des pépinières de plants, et avaient incendié des installations ainsi que détruit des équipements modernes de laboratoire.responsable d'actes de vandalisme
Tout ce qui vient d'être exposé, Saint-Père, est de nature à choquer des millions de catholiques brési­liens au courant du passé de violence, de crime, de des­truction et de misère que le MST et La Via Campesina ont laissé derrière eux en trente ans d'occupations illé­gales de terres et de domination totalitaire sur les mili­tants qu'ils réunissent dans leurs campements.
Ces Brésiliens seront encore plus déconcertés en ap­prenant qu'en plus de l'invitation envoyée à Joâo Pedro Stédile pour participer au séminaire de l'Académie pon­tificale des Sciences, mentionné plus haut, Votre Sainteté a enregistré sur vidéo, à cette occasion, un message de sa­lutations adressé aux participants de La Via Campesina.
7.      Ici et dans la suite du texte, les passages les plus significatifs de quelques            9. hilp://leonardoboff.wordpress.com/2014/01/10/os-movimentos-populares-latino‑
citations sont soulignés en caractères gras.                                americanos-junto-ao-papa-francisco/

Votre Sainteté peut calculer combien les millions de téléspectateurs effrayés par les sanglots inconsolables de la scientifique, trouveront invraisemblable qu'Elle ait stimulé La Via Campesina à « aller de l'avant » ­précisément ce que la scientifique ne peut plus faire, c'est-à-dire continuer ses méritoires recherches" !
Ces agissements de La Via Campesina, Saint-Père, n'ont pas été les seuls. Pour ne pas m'étendre, je n'en ajouterai qu'un exemple. En juin 2008, des membres de l'organisation ont détruit le fruit des recherches de la Sta­tion expérimentale de canne à sucre de Carpina, dans la Mata Norte'2, organisme lié à l'Université fédérale rurale du Pernambouc (UFRPE). Vers quatre heures du matin, deux centaines de membres de La Via Campesina sont arrivés sur place dans des autobus et ont neutralisé le veilleur de nuit. En une heure de temps, une action rapide leur a suffi pour détruire des plantations expéri­mentales dans les champs, et des résultats de recherches


du Centre de végétation pour les expérimentations. S'y trouvaient aussi des études de la Station expérimentale et celles d'étudiants en maîtrise et en doctorat.
Pour le directeur de l'unité de recherches, Djalma Eusébio, le préjudice scientifique et technologique est incalculable : « Ils ont détruit des plantes issues de re­cherches de plus de dix ans d'amélioration génétique. Également des études menées depuis deux ans ont été complètement détruites. Le préjudice est irréparable » a-t-il dit. Les militants ont pris la fuite avant l'arrivée de la police sur les lieux et ont laissé deux de leurs dra­peaux dans les champs".
Quant aux déprédations commises par le Mouve­ment des paysans sans terre, le MST, pendant des occu­pations de terre à caractère délictueux, voire criminel, leur relation occuperait un ouvrage volumineux. J'en épargne l'insipidité à Votre Sainteté.

[5]Comment La Via Campesina interprètera-t-elle l'encouragement du Pape François à « aller de l'avant » ?
Zone de Texte: bien d'autrui, envahir les propriétés étrangères sous prétexte d'une absurde égalité, sont des choses que la justice condamne et que l'intérêt commun lui-même répudie' (Rerum Novarum, 55). L'Église ne peut stimu¬ler, inspirer ni appuyer les initiatives ou les mouvements d'occupation de terres dans les propriétés agricoles, que ce soit par l'irruption avec usage de la force, ou par l'intrusion avec usage de la ruse ».14
C'est un avertissement que S. S. Jean Paul II répéta en novembre 2002 : « Pour atteindre la justice sociale, ce qu'il faut c'est beaucoup plus que la simple appli¬cation de schémas idéologiques à l'origine desquels se trouve la lutte des classes comme, par exemple, à tra¬vers l'occupation de terres — déjà dénoncée dans mon voyage pastoral en 1991 »15.
Les membres de La Via Campesina interprèteront probablement ses encouragements à « aller de l'avant » d'après leurs actions illégales décrites plus haut. Ce qui les mettra en net contraste avec les mots catégoriques avec lesquels son prédécesseur, S. S. Jean Paul II, a condamné à trois reprises entre 1991 et 2002, les occu­pations illégales de terres reprenant en cela l'enseigne­ment de Léon XIII.
Et plus particulièrement l'avertissement de Jean Paul II aux évêques de la région Sud 1 de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), en visite ad limina apostolorum au mois de mars 1995, quand il réitéra l'enseignement traditionnel de l'Église : « Je rappelle, également, les paroles de mon prédécesseur Léon XIII quand il enseigne qu"enlever de force le
[6]Un leader argentin de « cartoneros » considère la propriété comme du vol et rêve d'un socialisme fortement planifié

On comprend toutefois que Votre Sainteté n'ait pas eu connaissance des faits délictueux concernant La Via Campesina au Brésil, et que les paroles « aller de l'avant » ne signifiaient rien de plus qu'une clause de style destinée à conclure des salutations.
Mais — qu'il me soit permis de le dire avec tout le respect — ma perplexité serait plus grande dans l'éven­tualité où Votre Sainteté ne saurait pas parfaitement qui est Juan Grabois, argentin militant de la « gauche po­pulaire » péroniste, également invité par l'Académie pontificale des Sciences, non seulement comme un des organisateurs du séminaire précité mais aussi comme premier de ses conférenciers, donc celui qui donnerait le ton à l'ensemble du colloque.
Coordinateur du réseau des cartoneros — les ra­masseurs de vieux cartons de Buenos Aires — du Mou­vement des Travailleurs Exclus (MTE), et un des fonda­


teurs de la Confédération des travailleurs de l'économie populaire, cet avocat et militant de la gauche péroniste ne cache pas ses convictions ouvertement marxistes.
Dans un article pour l' AgendaOculta.net16, Grabois soutient la thèse que l' « accumulation originelle » de richesse par les classes aisées « provient d'un grand crime » que « le temps ne lavera jamais ». Pour lui la richesse des particuliers est nécessairement le fruit « du pillage, de l'esclavage, du vol, de la contrebande, de l'évasion de capitaux, de trafics [en tous genres, NdT], de malversations, du non paiement de dettes, de la cor­ruption, du détournement de fonds publics... ».
Et il ajoute : « Voilà, et rien d'autre, ce que sont les méthodes qui figurent au menu de tout aprenti-bour­geois ». Il inclut dans cette dernière catégories les tra­vailleurs de l'économie informelle qui réussissent dans leurs efforts car, selon lui, ils se transforment ipso facto


12.  NdT. Littéralement : la Forêt Nord.
14.  http://www.vatican.vatholy father/john_paul_ii/speeches/1995Imarch/documents/hf jp-ii spe 19950321_brasile-ad-limina_po.html (seulement disponible en portugais).


15.  http://www.vatican.vatholy father/john_paul_ii/speeches/2002/november/docu­ments/hf jp-ii_spe_20021126_brazil-sul-iii-iv_po.html (seulement disponible en portugais)

d'auto exploités en exploiteurs et tissent, eux aussi, des « systèmes péri-capitalistes d'accumulation basés sur le délit, l'exploitation, l'esclavage et la violation de tous les droits sociaux » de leurs collaborateurs et par­tenaires.
Ce qui veut dire que tout propriétaire individuel serait un voleur du simple fait d'être riche : la vieille thèse de Marx et Proudhon. Votre Sainteté notera qu'une simplification aussi grossièrement unilatérale, une telle haine de classe contre le « bourgeois » et la propriété privée, la libre initiative et le système salarial, se situe aux antipodes de la pensée de l'Église, et ne peut que conduire au « socialisme réel ».
C'est précisément le discours de l'idéologue des cartoneros argentins. « La construction d'une écono­mie populaire solidaire, austère, non consumériste », présuppose un « cadre stratégique » à caractère nette­ment socialiste et étatique : la « société sans exploités


ni exploiteurs » ne pourra se réaliser qu'à travers une économie « socialisée et planifiée »17, dit-il, ce qui im­plique « une intervention très forte de 1 'État »18, «régu­lant, planifiant, complétant et finançant les unités popu­laires de production »19.
En quoi ce modèle se distingue-t-il d'un retour à la défunte Union soviétique ? Du poison marxiste enrobé de mélasse humanitaire : voilà ce que sont les idées fonda­mentales de cet avocat révolutionnaire. Votre Sainteté a toutefois invité les cartoneros de Grabois à monter sur la tribune lors du chemin de Croix des Journées mondiales de la Jeunesse20, à Rio de Janeiro, en plus de gratifier leur chef d'autres gestes bienveillants comme l'audience qu'Elle lui a accordée21, deux heures durant, au mois d'août dernier, dans sa résidence de Santa Marta, à Rome.
Ces gestes de Votre Sainteté présupposeraient-ils un appui à la ligne tracée par l'idéologue Juan Grabois ? C'est ma filiale et respectueuse interrogation.

[7] Dans l'enceinte du Vatican résonnent les élucubrations anticapitalistes de Karl Marx

Naturellement Me J. Grabois s'est avidement em­paré de la tribune inaugurale du séminaire du 5 décembre [2013] pour appuyer ses analyses sur le marxisme, et « ex­pliquer » au cardinal Turckson, du Conseil pontifical «Jus­tice et Paix », et aux autres participants à l'événement, que Marx avait raison et qu'il n'avait seulement pas prévu tous les développements ruineux du capitalisme !
Je n'abuserai pas du temps de Votre Sainteté en résumant la conférence de Grabois, intitulée « Capita­lisme d'exclusion, périphéries sociales et mouvements populaires »22. Je souligne simplement qu'il reprend de vieux clichés marxistes sur le « caractère structurel de l'exclusion », qui d'après lui « sortent des entrailles du système économique financier global » comme une « conséquence de structures humaines injustes ».


Il considère donc nécessaire » d'analyser le capitalisme dans sa phase actuelle » globalisée, ainsi que « les nou­veaux antagonismes sociaux qu'il engendre ».
Selon l'avocat marxiste, cette question avait déjà été abordée par Karl Marx dans le chapitre XXIII du Capital. Ce que Marx n'a pas prévu, dit-il, c'est que ce monde globalisé sécrèterait une partie croissante de la population qui resterait en dehors du processus de production formel, constituant la « masse margi­nale » des « travailleurs exclus » qui, pour survivre, en­treraient dans le secteur informel de l'économie : ceux-là constituent « le sujet social le plus dynamique de cette étape historique ». Frei Betto23, cité par Grabois, qualifie les travailleurs de ce secteur comme « pauvre­tariat » (sic).

[8] Le MST et La Via Campesina, paradigmes du nouveau « pauvretariat » pratiquant l'action directe comme instrument de libération

Ces travailleurs informels seraient supposément motivés par l'aspiration à « un monde sans exploitation de l'homme par l'homme, où chacun recevrait selon sa nécessité et contribuerait selon sa capacité » (principe marxiste bien connu). C'est-à-dire que tous seraient des communistes en puissance, adeptes complets de l'uto­pie marxiste, même sans le savoir ! Saint-Père, que cette contre-vérité hurlante — qui prêterait à rire si elle n'était aussi terrible — ait été prêchée dans les enceintes du Siège apostolique, c'est ce qu'on n'arrive pas à comprendre...
Toujours dans sa conférence introductive au col­loque, Grabois reprend à son compte la vieille dualité marxiste oppresseur-opprimé, pour dire qu'émerge aujourd'hui un nouveau prolétariat prêt à se rebeller, constitué par les « va-nu-pieds du XXle siècle, chô­meurs, ramasseurs de vieux cartons, indigènes, paysans


sans terre, immigrés, vendeurs à la sauvette, sans-logis, sans-travail, sans-papiers ».
Selon Grabois, ce « pauvretariat » se présente avec de nouvelles formes d'organisation et de nou­veaux moyens d'action, parmi lesquels il souligne « différentes formes d'action directe », euphémisme forgé par les anarcho-syndicalistes français du début du XXe s. pour désigner l'illégalité et la violence. Cette stratégie d' « action directe » serait nécessaire de nos jours parce que, contrairement aux ouvriers de l'indus­trie qui « comptent sur la grève comme principal ins­trument, les exclus ne peuvent se faire entendre qu 'au moyen d'attroupements, de mobilisations et d'autres formes de lutte habituellement réprimées par la loi ».
L'activiste cartonero mentionne précisément comme paradigmes de cette « action directe » les mou‑



vements invités par l'Académie pontificale des Sciences pour participer au séminaire qu'elle avait organisé : le Mouvement des Travailleurs Exclus (MTE) en Argen­tine (représenté par lui-même, Juan Grabois), et le Mou‑


vement des paysans sans-terre (MST) du Brésil (repré­senté par M. J. P. Stédile), «partie intégrante de La Via Campesina, qui compte plus de cent organisations dans le monde » et dont le siège central est en Indonésie.

[9] Apologie d'une nouvelle société collectiviste et egalitaire

L'agressive exposition de M. Grabois stupéfie sur­tout par un point d'insistance particulier : dans l'éco­nomie informelle populaire actuelle, affirme-t-il, bien que « les moyens de production nécessaires soient à la portée des couches populaires », ils ne sont pas « ex­ploités collectivement » et ne génèrent pas des « rela­tions sociales horizontales » — comme il se devrait.
Il faut donc que l'économie informelle soit aussi contrôlée par le « pouvoir populaire » — autrement dit par de nouveaux soviets. De là naîtrait « une nouvelle société » qui, cela transparaît avec suffisamment de clarté, s'identifie avec le communisme le plus achevé.
Sans compter que, si le modèle de cette « nou­velle société » est celui des « assentamentos »24 de la


réforme agraire contrôlés par le MST, on ne peut oublier que Miguel Stédile (fils de J. P. Stédile), membre de la coordination nationale du mouvement, a déclaré à la re­vue Época (n° 268, juillet 2003) : «Nous voulons la so­cialisation des moyens de production. Nous adapterons au Brésil les expériences cubaine et soviétique » 25
Saint-Père, mon coeur de catholique et de brési­lien ne réussit pas à s'expliquer comment M. Grabois a pu faire résonner dans les enceintes sacrées de la Cité du Vatican une telle apologie du communisme — avec son idéologie fondée sur la négation de la propriété pri­vée et la lutte des classes — soixante-seize ans après que le Pape Pie XI ait condamné ce système anti-naturel comme « intrinsèquement pervers »26 !

[10] Stédile et Grabois placent leurs esperances non seulement dans l'Académie pontificale des Sciences mais aussi dans le Conseil pontifical « Justice et Paix »

Une cause supplémentaire de perplexité vient du fait que l'avocat ayant prononcé un semblable discours ait été invité le jour suivant, par Votre Sainteté, pour une audience privée. Et qu'au cours de cette audience, ait été enregistré le message à La Via Campesina men­tionné plus haut, à quoi s'est ajouté un autre vidéo en­courageant le Mouvement de travailleurs exclus, fondé et animé par ce même militant néo-marxiste convaincu.
On comprend donc que La Via Campesina, le MST et le MTE se soient empressés de tout faire connaître comme « un événement sans précédent », dans un com­muniqué conjoint" amplement diffusé dans les médias et où il est relevé que l' « l'activité fut organisée par le recteur de l'Académie, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, à la demande du Pape François »
Le communiqué souligne qu' « au terme de la jour­née, Stédile et Grabois poursuivirent par une longue réunion avec le cardinal Turkson, président du Conseil pontifical [I] justice et [P] aix, où ils échangèrent leurs opinions sur différentes questions sociales et discutè­rent d'alternatives pour poursuivre le dialogue entre l'Église catholique et les mouvements populaires ».
De ces rencontres avec des prélats de la Curie ro­maine, le MST et le MTE comptent bien tirer de mul­tipes avantages. Grabois lui-même a affirmé, dans une entrevue à Radio Vaticann: « Nous devons globaliser la lutte (..). Et je crois que dans ces conditions, même le Conseil 'Justice et Paix, avec quelqu'un comme [le cardinal] Turkson, va nous y aider ». Il a également dit qu'il croyait que, « bien que cela puisse paraître un peu étrange », l'Académie pontificale des Sciences « est aussi disposée à suivre de près, en ce qui la concerne,


les revendications, nos positions, nos luttes, et même à renforcer les processus d'organisation. Toujours dans une ambiance de dialogue, de paix, de convivialité, de respect pour les institutions ».
Quant aux promesses de paix et de respect envers les institutions, au moins pour ce qui touche le MST, je me sens dans le droit de les qualifier d'habile dissimula­tion pour mieux recueillir l'appui du Saint-Siège.
Si l'Académie pontificale des Sciences s'est réelle­ment engagée à apporter sa contribution pour renforcer les processus d'organisation de ces soi-disant « mouve­ments sociaux », comme l'affirment ces leaders du MST et du MTE, il n'est cependant pas étonnant de voir leur communiqué commun affirmer que les deux mouve­ments partagent le « sentiment renouvelé » d'avoir reçu « un important appui dans leur lutte », et que « s 'ou­vrait désormais une nouvelle étape dans l'unité glo­bale du camp populaire ». C'est un cri du coeur : cette fois-ci, ça y est, nous réaliserons l'appel de Marx et En­gels : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !»
Cette « nouvelle étape » ne présagerait certaine­ment rien de bon pour l'Etat de droit et le régime dé­mocratique de nos pays. Car selon le même commu­niqué commun du MST et du MTE, « la démocratie formelle ou bourgeoise a failli. Les formes de représen­tation sont en crise et ne répondent plus aux intérêts des peuples. [..] Il y a un besoin urgent de développer de nouvelles formes de participation populaire parmi ces trois pouvoirs [exécutif, législatif et judiciaire] et de nouvelles formes de représentation politique partout dans le monde pour réaliser une démocratie qui en plus d'être formelle, sera réelle ».


24.  NdT. Zones d'exploitation collective — sur le modèle des kolkhozes russes ­organisés par l'Institut national pour la réforme agraire sur les terres expropriées.
26.  Lettre Encyclique Divini Redemptofis, du 19 mars 1937, § 58 — http:llwww.


vatican.va/holy_father/pius2d/encydicals/documents/hf_p-xi_enc 19031937_di­vini-redemptoris_fr.html

En d'autres termes, le tandem MST — MTE propose le style de « démocratie populaire » en vigueur à Cuba ou dans le Vénézuéla tyrannisé par les chavistes. Donc une dictature de fait, et d'autant plus dangereuse que


ces deux « mouvements sociaux » aspirent à bâillonner la presse libre : « La construction d'une démocratie re­quiert en premier lieu [la démocratisation] des moyens de communication ».

[11] u'où vient l'espérance de ces extrémistes de gauche pour compter sur l'appui d'organismes du Saint-Siège ?

Je ne peux m'empêcher de m'interroger, Saint-Père, avec une profonde appréhension et même avec angoisse : d'où vient à ces extrémistes de gauche l'es­pérance de pouvoir compter sur l'appui d'organismes du Saint-Siège pour mener à bien leurs plans révolu­tionnaires et dictatoriaux ?
Ils semblent convaincus que le Saint-Siège a fait un revirement doctrinal. Un indice en est que le com­muniqué MST — MTE enregistre le fait que « tous les participants firent référence à de nombreuses reprises à l'Exhortation apostolique Evangelii Gaudium comme comportant des catégories et des concepts éclairants sur la situation des exclus et la matrice excluante de l'économie globale ».
Un autre indice en est que Radio Vatican, dans une émission du 22 janvier dernier, s'est associée aux com­
mémorations des trente ans de la fondation du MST". Et qu'elle a pour cela mis ses micros à la disposition du P. Savio Corinaldesi, Missionnaire de St-François Xavier, pour lequel le MST représente « une lumière ». Ce prêtre, recourrant à des expressions d'un radicalisme hors du commun, en vient à dire que le MST est « haï, exécré et combattu par ceux qui haïssent, exècrent et combattent le peuple ». Puis, aussitôt après, convoque le peuple à s'organiser : «Mais, encore aujourd'hui, il y a un message que nous devons tous écouter et mettre en pratique : le peuple sait résoudre ses problèmes, et il le fait quand il s'organise ».
Comment ne pas voir, dans cette ahurissante trans­mission de Radio Vatican, une triste et blâmable sé­quelle de ce qui s'est passé à l'Académie pontificale des Sciences ?

[12] La question sociale n'est pas simplement économique mais avant tout morale et religieuse
Zone de Texte: des deux vices qui se trouvent à l'origine de tous les dé¬sordres et de toutes les révolutions modernes : l'orgueil et la sensualité".
Ces vices alimentent les deux erreurs fondamen¬tales et opposées en apparence de notre époque : le collectivisme utopiste et l'individualisme libéral. D'un côté, ils engendrent en effet un rêve anarchique et éga¬litaire d'une société sans gouvernement, sans classes et sans lois ; et, de l'autre, ils sont à la racine du libéra¬lisme moderne qui refuse toute référence à une vérité objective, à des valeurs absolues, à une loi supérieure et qui conduit, à cause de cela, à la « dictature du rela-tivisme » opportunément dénoncée par celui qui était encore le cardinal Ratzinger32.
De sorte qu'à la racine la plus profonde de la crise an¬thropologique par laquelle passe l'humanité aujourd'hui, il n'y a pas simplement la négation des droits fondamen¬taux de la personne humaine mais principalement la né¬gation de la primauté de Dieu dans l'organisation de la société humaine. Tout le reste n'est que conséquence.
Pour éviter toute équivoque, je tiens à rassurer Votre Sainteté sur le fait que je n'attribue aucun caractère de panacée économique à l'actuel hyper-capitalisme globa­lisé et qu'en tant que catholique, je déplore, entre autres défauts graves de l'économie mondiale contemporaine, le fait que de nombreux secteurs sociaux n'aient pu jouir des bénéfices élémentaires du progrès matériel. Mais la question est loin de se réduire au domaine économique.
Léon XIII a enseigné que la dite « question sociale » est principalement une question d'ordre moral et religieux. Le Pontife a affirmé : « Certains hommes, en effet, profes­sent l'opinion, et elle se répand parmi le peuple, que la question sociale ; comme on dit, n'est qu'une question 'conomique'. Il est très vrai, au contraire, qu'elle est avant tout une question morale et religieuse, et que, pour ce même motif il faut surtout la résoudre d'après les règles de la morale et le jugement de la religion »".
Pour être couronnée de succès, une intervention de la Hiérarchie ecclésiastique dans le domaine écono­mique et social devrait ainsi partir de la dénonciation

[13] Restauration de la civilisation chrétienne
La société actuelle, d'inspiration laïciste, méprise les biens de l'âme. Cette inspiration laïciste a pénétré l'Occident comme un poison à partir du rejet de l'ordre austère et sacral qui, était en vigueur dans la Chrétienté lorsque, selon les paroles lumineuses de Léon XIII, « la


philosophie de l'Évangile gouvernait les États. À cette époque, l'influence de la sagesse chrétienne et sa divine vertu pénétraient les lois, les institutions, les moeurs des peuples, tous les rangs et tous les rapports de la société civile »".


29.  http://it.radiovaticana.va/news/2014/01/22/brasile:_compie_30_anniil_ movimento_%E2%80%9Csem_terra%E2%80%9D/it1-766279
30.  Encyclique Graves de communi, du 18janvier 1901 — http://www.vatican.va/ holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf kdii_enc_18011901_graves-de­communi-re_fr.html
31.  Cf. Plinio Conta de Oliveira, Révolution et Contre-Révolution, 'ère Partie, chap. VII, 3.
32.  Le Cardinal a dit : « L'on est en train de mettre sur pied une dictature du relati‑


visme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs » (Sermon de la Messe Pro Eligendo Romano Pontifice, 18/4/2005 — http://www.vatican.va/gpll/documents/homily-pro­eligendo-pontifice_20050418 Jr.html
33.  Zone de Texte: - 6 -Encyclique Immortale Dei, du 1er novembre 1885 — http://www.vatican.va/holy_ father/leo xiii/encyclicals/documents/hf I-xiii_enc_01111885immortale-dei_fr.html

Conformément aussi aux enseignements de Saint Pie X, un véritable retour à l'ordre dans la société humaine suppose donc de restaurer toutes choses dans le Christ — la belle devise de son pontificat : Instaurare omnia in Christo (Ef. 1,10) — et de renouer avec l'idéal chrétien de société, qu'il énonça magistralement. Face à l' « anarchie sociale et intellectuelle » qui se propageait au début du XXème siècle, le saint pontife désignait la véritable solu­tion : « On ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l'a bâtie ; on n'édifiera pas la société, si l'Église n'en jette les bases et n'en dirige les travaux ; non, la civilisation n'est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est; c'est la civilisation chrétienne, c'est la cité catholique. Il ne s'agit que de l'instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et di­vins contre les attaques toujours renaissantes de l'utopie malsaine, de la révolte et de l'impiété »m.


En ce qui concerne le relèvement et la régénération des classes ouvrières, Saint Pie X soutenait déjà que «les principes de la doctrine catholique sont fixés » et, citant Léon XIII, soulignait la nécessité de « maintenir la di­versité des classes, qui est assurément le propre de la cité bien constituée, et vouloir pour la société humaine la forme et le caractère que Dieu, son auteur, lui a im­primés »".
En même temps ce grand pontife dénonçait la perversité qu'il y a à « poursuivre la suppression et le nivellement des classes » sociales — comme le font le MST et le MTE — et à substituer les bases naturelles et traditionnelles de la société humaine par la promesse d' «une cité future édifiée sur d'autres principes »36, tout particulièrement ceux de l'égalitarisme.

[14] Les pauvres rejettent la prédication révolutionnaire et aspirent à l'ordre véritable

Ce ne sont donc pas les programmes altermon­dialistes à caractère « écologique » et néo-marxiste des soi-disant « mouvements sociaux » qui résoudront la crise économique actuelle et réduiront la pauvreté dans le monde.
Si le problème est celui de la solution au problème des exclus, Cuba est précisément l'exemple à éviter à tout prix, sous peine de transformer le monde entier en une société de miséreux, et, là oui, bel et bien exclus : exclus du bien-être, exclus de la vie politique, exclus de la culture, exclus de la liberté de voyager et, par-dessus tout, exclus de pratiquer sans entraves la religion catho­lique dans cette île-prison !
Les pauvres ne veulent pas pour eux un tel cauche­mar. C'est justement pourquoi peu d'entre eux se lais­sent enjôler par les rêveries d'un MST ou d'un MTE, dussent ceux-ci revêtir pour leur prédication révolution­naire les habits faussement chrétiens d'une Théologie de la libération à l'orientation clairement marxiste.


Il est significatif qu'en 2009 une enquête de l'institut de sondage Ibopen ait montré que 92% de la population brésilienne considèrent comme illégales les invasions de terres promues par le MST ; 72% des personnes inter­rogées jugent que les pouvoirs publics devraient utiliser la police pour faire appliquer les ordonnances judiciaires d'évacuation de campements illégaux. Plus de 70% des sondés jugent que le MST porte préjudice au développe­ment économique et social, à la création d'emplois et aux investissements nationaux et étrangers. Plus significatif encore : pour 85% des Brésiliens le droit de propriété pri­vée est essentiel pour le pays, clair échantillon qui montre que les peuples rejettent le communisme et sa misère.
Saint-Père, la démagogie de la gauche peut trouver une résonance dans les rédactions de certains journaux et télévisions, dans des milieux universitaires, dans la nomenklatura des partis politiques... et même — il est douloureux de le constater — dans certains milieux ec­clésiastiques ; mais elle ne trompe pas la grande majo­rité du peuple, qui s'éloigne d'elle de plus en plus.

[15] Échec fracassant de la réforme agraire : au lieu d'avantager les pauvres, elle les pénalise

Preuve en est que, parmi les revendications les plus constantes des mouvements imbus de ces idées révolutionnaires, il s'est toujours trouvé l'implantation d'une réforme agraire radicale prétendant éliminer la grande et la moyenne propriété, pour réduire la struc­ture rurale d'une nation dans son ensemble à des terres de petite surface qui, pour la plupart, n'appartiendraient même pas à ceux qui la cultiveraient car elles seraient aux mains de coopératives fortement étatisées.
Or, malgré la propagande gigantesque faite en sa faveur et les sommes considérables mises dans cette propagande, la réforme agraire a échoué au Brésil. La situation économique et sociale dans les « assentamen­tos »38 de réforme agraire est si grave que même des ministres reconnaissent que la grande majorité d'entre eux se sont transformés en authentiques « bidonvilles ruraux ». Reconnaissance tardive puisque cette expres­


sion avait été estampillée de nombreuses années aupa­ravant par le Pr. Plinio Corrêa de Oliveira, dans sa lutte incessante pour alerter les Brésiliens sur l'issue inévi­table de cette aventure. Inévitable, en effet, car tout ce qui contrarie l'ordre naturel finit tôt ou tard en désastre. C'est pourquoi les Français disent avec raison : Chassez le naturel, il revient au galop.
Ce n'est donc pas faute d'avertissement. Depuis le début des années 1950, le Pr. Plinio Corrêa de Oliveira avait noté que la propagande révolutionnaire soufflait dans le sens de la réforme agraire, laquelle finit par prendre substance dans des projets concrets à la fin de ces années-là. C'est pour en bloquer la route qu'il écrivit et lança, en 1960, avec deux évêques et un économiste co-signataires, le livre Réforme agraire — Question de conscience, dans lequel il prophétisa qu'elle était vouée à l'échec. Ce fut la marque initiale d'une lutte qui comporta la publication de

34. Zone de Texte: - 7 -http://jesusmarie.free.friencydique_notre_charge_apostolique.html               37. http://www.estadao.com.brinoticiasinacional,ibopecna-92-condenam-ocupa‑
35. Op. cit. Encyclique Immortale Dei.                                                                   coes-do-mst,485449,0.htm
36. Id.                                                                                                             38. NdT. Voir note 22.

divers livres, manifestes et déclarations, ainsi que des cam­pagnes publiques de divulgation et de pétitions, pendant les quarante années suivantes, jusqu'à son décès en 1995.
Des chercheurs et des professionnels parfaitement compétents réfléchissent aujourd'hui sur l'échec de la réforme agraire. H y a peu de jours encore, le Pr Zander Navarro, de l'Université fédérale du Rio Grande do Sul, dans un article publié dans un grand quotidien du matin à Sâo Paulo,39 décrivant l'exode rural existant du nord au sud du Brésil, a ainsi écrit : «Et il y a les 'assentados'40, [dont la présence dans les zones rurales] devrait être si­gnificative. En fin de compte, ils devraient représenter un ensemble de 1 250 000 familles sur 8 800 campements, oc­cupant 88 000 000 d'hectares : presque l'équivalent de la superficie totale de l'État du Mato Grosso. Mais la ré­forme agraire est un échec fracassant : une bonne partie
[16] Quo vadis, Domine?
Votre Sainteté définit peu à peu et avec prudence la direction de son pontificat. H est naturel que les fidèles sui­vent avec attention les pas successifs qui la manifestent.
Devant les inévitables perplexités que produit tout changement de direction, on comprend que nom­breux soient ceux qui se posent, dans l'intimité de leurs coeurs, la question que, selon la légende, Saint Pierre fit lui-même lorsque, fuyant la persécution de Néron, il rencontra Jésus-Christ venant en sens contraire : Quo vadis, Domine ? — Où allez-Vous, Seigneur ?
A la réponse de Notre Seigneur lui disant qu'Il se dirigeait vers Rome pour y être crucifié à nouveau, Saint Pierre comprit que le moment était venu de souffrir à son tour le martyre. Et c'est avec une grande humilité qu'il se soumit au supplice, demandant à ses bourreaux de le crucifier la tête en bas — selon la pieuse tradition — parce qu'il se considérait indigne de subir une mort égale en tout à celle de son Maître.
Devant les faits détaillés plus haut et les perplexi­tés qu'ils entraînent, un fidèle pourrait être amené à adresser à Votre Sainteté une semblable question — Quo vadis, Domine?
Serait-ce légitime ? Et dans quelles conditions ?
Le Code de droit canonique consacre dans son canon 212 § 345, le plein droit de tout fidèle à exposer respectueu­sement son opinion, dans cette matière ou dans d'autres : «Selon le savoir, la compétence et le prestige dont ils jouis­sent, ils [tous les fidèles] ont le droit et même parfois le de­voir de donner aux Pasteurs sacrés leur opinion sur ce qui touche le bien de 1 'Église et de la faire connaître aux autres fidèles, restant sauves l'intégrité de la foi et des moeurs et
39.  Journal 0 Estado de Sâo Paulo, 22 janvier 2014.
40.  NdT. Les paysans installés dans les « assentamentos » de réforme agraire.
41.  Evaristo Eduardo de Miranda, Docteur en Écologie, responsable du secteur de contrôle par satellite de l'Embrapa.
43.  Noticias Agroinwesti, 17 juin 2011, Cleber Bordignon : Agronegôcio, um mundo de oportunidades (« L'agro-industrie, un monde d'opportunités ») http://www. agroinwesti.com.brnmenu=noticias&id=907
44.  Noticias CNA, 2 novembre 2011, Brasil e EUA: grandes potências para alimen­tar o mundo (« Le Brésil et les États-Unis : grandes puissances pour alimenter la population mondiale ») —

des bénéficiaires ont renoncé, laissant les `assentamentos' raréfiés, spécialement dans la zone qui s'étend du centre du pays vers le haut, surtout au Nord-Est et au Nord ».
Zone de Texte: - 8 -Tandis que les « assentamentos », établis dans un cadre d'agitation et de réforme agraire, ne produisent rien et vivent des oboles de l'État, les petits, moyens et grands agriculteurs, aidés par la technologie, ont une producti­vité tellement élévée qu'un experte de l'Institut brésilien de recherche agronomique (Embrapa) peut commenter : « La production agricole du Brésil alimente 1 milliard de personnes »42. Une autre étude établit que « le prix du panier de la ménagère a été divisé par deux entre 1975 et 2010 »43, ce qui explique que, « au cours des années 1970, la famille moyenne au Brésil dépensait en nour­riture près de 40% du revenu familial. Cette valeur est tombée aujourd'hui à moins de 16% »44.
la révérence due aux pasteurs, et en tenant compte de l'uti­lité commune et de la dignité des personnes ».
C'est ce que je souhaite accomplir dans ce RÉVÉ­REND ET FILIAL MESSAGE, convaincu que Votre Sainteté le recevra avec sa paternelle bienveillance comme une contribution loyale au succès de son émi­nente mission dans le gouvernement de la Sainte Église.
* * *
Réaffirmant mon obéissance sans restriction et pleine d'amour envers la Sainte Église mais aussi envers le Pape, dans tous les termes prescrits par la doctrine catholique, je prie Notre Dame Aparecida, Reine et Patronne du Brésil, d'illuminer Votre Sainteté et d'aider tous les catholiques latino-américains à rester fortes in fade, dans leurs convic­tions catholiques et leur rejet de l'extrémisme de gauche.
Et qu'ainsi cette Terre de la Sainte Croix conjoin­tement avec les nations soeurs de l'Amérique espagnole continuent à former le continent de l'Espérance avec les bénédictions de leur chère protectrice, Notre Dame de Guadalupe.
Zone de Texte:  Embrassant l'anneau du pêcheur, je demande hum­blement la bénédiction apostolique,
in Jesu et Maria
Bertrand d'Orléans-Bragance Sâo Paulo, 8 février 2014
Son Altesse impériale et royale le Prince Bertrand d'Orléans-Bragance descend des empereurs du Brésil qui sont issus des rois de Portugal.
La dynastie de ceux- ci se confond, depuis le )(Vile siècle, avec la Mai­son de Bragance qui remonte à la fin du XIVe et dont la plus glorieuse figure est le connétable Nunez Alvares Pereira, béatifié par le Saint-Siège.
La Maison des Orléans-Bragance est issue du mariage du Comte d'Eu avec la Princesse Isabelle, fille aînée du dernier empereur du Brésil. Par sa mère la Princesse Marie de Bavière, le Prince Bertrand hérite des traditions de la Maison royale des Wittelsbach.
Né en 1941 à Mandelieu —Alpes- Maritimes — il rentra au Brésil à l'âge de quatre ans avec la famille impériale. Fervent catholique, il est un défenseur actif des valeurs fondamentales de la civilisation chrétienne.
Son père, le Prince Pierre-Henri d'Orléans-Bragance, était un ami proche du professeur Plinio Corrêa de Oliveira, fondateur de la TFP, auquel il confia la formation intellectuelle et politique de ses aînés. Dès sa jeunesse, le Prince Bertrand a apporté son enthousiasme et sa collaboration à la Société brésilienne de défense de la Tradition, Famille et Propriété.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire