jeudi 4 juillet 2013

Poutine, par Marchenoir



Robert Marchenoir 17 juin 2013 à 0 h 38 min 
Vladimir Poutine, tant adulé par une certaine partie de "notre mouvance", est un voleur. Pas au sens où il détournerait les finances de son pays (ce qui ne veut pas dire qu’il ne le fait pas aussi), mais un vrai voleur, un voleur de grand chemin, une authentique racaille qui vole physiquement une bague de 25 000 dollars à l’un de ses invités, une personnalité américaine qui l’avait ôtée pour la lui faire admirer.
Poutine, après l’avoir passée à son propre doigt et lancé une vague menace ("je pourrais tuer quelqu’un avec ça"), est ensuite sorti de la pièce, entouré par ses gorilles du KGB, ignorant la main tendue de l’infortuné Américain qui espérait recouvrer sa bague :
Mais je suppose que cet incident est plutôt de nature à conforter l’admiration d’une partie de l’extrême-droite française, celle qui porte aux nues un Aymeric Chauprade venant de se livrer à un exercice de soumission éhontée à Vladimir Poutine, en chantant ses louanges devant la Douma à Moscou, comme aux plus belles heures des péans à Joseph Staline déclamés par l’intelligentsia française :
Arnaquer un riche Américain sous son nez, voilà qui ne peut que faire bicher nos "patriotes", toujours fascinés par la tentation totalitaire et le culte de l’homme fort. Si ce dernier, en plus, est un peu voyou sur les bords et joue de la menace physique, ils sont aux anges.
Aymeric Chauprade est allé faire allégeance à Moscou en y vilipendant l’OTAN et le bouclier anti-missiles américain, tout en oubliant commodément qu’il doit sa liberté, durant des décennies, à la machine militaire américaine qui le protégeait contre les communistes. Maintenant que, grâce largement aux efforts américains, le mur de Berlin est tombé, Chauprade peut faire semblant de croire que la menace communiste n’a jamais existé, et que l’OTAN ne nous a servi en rien.
Lors de la même session à la Douma, une Française dont je ne retrouve pas le texte a félicité les Russes pour leur lutte contre le "fascisme" pendant la Seconde guerre mondiale, sans la moindre allusion à la dictature et aux massacres communistes. On se serait cru en 1945 chez les "compagnons de route".
On comprend qu’il y ait des Américains pour regretter d’avoir sauvé la France des nazis puis de Moscou, et pour lesquels la France est le symbole de la lâcheté et de la trahison.
Et tout ça sous le prétexte de soutenir l’opposition de Poutine au mariage homosexuel, comme si la politique étrangère de la France devait se faire sur ce critère.
Robert Marchenoir 17 juin 2013 à 17 h 55 min 
Je ne suis pas atlantiste, Koltchak, pas plus que vous n’êtes raciste ou fasciste (enfin, je suppose).
L’atlantisme n’existe pas. "Atlantiste" est une insulte communiste inventée dans les années cinquante par le PCF pour stigmatiser tous ceux qui s’opposaient à leur prise de pouvoir au sein de la société française, téléguidée par Moscou.
La vérité historique est que nous devons notre liberté aux Etats-Unis, et non à l’URSS.
Maintenant, il y a des gens qui n’aiment pas la liberté. Il y a des gens qui préfèrent le despotisme. Je suis convaincu qu’une bonne partie de l’extrême-droite française, et des Français tout court, sont dans ce cas.
Et je viens d’ajouter une brique à ma démonstration avec mon commentaire sur Poutine. C’est précisément parce que la Russie est un pays autoritaire, un pays qui rejette l’Etat de droit, c’est précisément dans la mesure où Poutine est personnellement un voyou et cultive son image de voyou qu’une part de l’extrême-droite le vénère.
C’est précisément parce qu’une bonne part des Français sont lâches qu’ils sont attirés par les dirigeants qui se présentent comme des autocrates piétinant la loi. C’est parce que les Français rêvent tous les jours de faire ce que fait Poutine (voler une bague de 124 diamants à quelqu’un qui la lui montre), mais en sont bien incapables sinon en loucedé, qu’Aymeric Chauprade peut se livrer à un acte de haute trahison en prononçant le discours qu’il a prononcé, et recueillir l’admiration émue de milliers de "fachos".
Il n’y a pas de vassalisation de l’Europe envers les Etats-Unis. Il y a une France qui pète plus haut que son cul en cherchant à rivaliser avec les Etats-Unis, ce qui tout aussi impossible et ridicule que pour une mouche de rivaliser avec un éléphant.
Et il y a une Europe qui tente naïvement de singer les Etats-Unis pour leur damer le pion, alors que l’Europe n’est pas et ne sera jamais un Etat fédéral, que l’Europe est constituée de nations indépendantes qui ont leur propre histoire, leur propre identité et leur propre culture, qui s’enrichissent et se renforcent dans des échanges mutuels, qui ont une histoire commune, une identité et des cultures proches, mais ne peuvent s’effacer sous une direction unique, comme on le voit assez en ce moment avec la crise financière.
Cela n’a rien à voir avec la question de savoir s’il faut, ou non, opérer un rapprochement avec la Russie. C’est très possible. Je ne connais pas suffisamment le dossier. Il est tout à fait probable que, vu la puissance russe, l’effondrement du communisme et tout de même certaines parentés historiques et culturelles, nous ayons tout intérêt, sous des formes et sur des points que je suis insuffisamment qualifié pour préciser, à tisser des liens avec Moscou.
Cela n’a rien à voir avec le comportement abject, grotesque, vichyste de cette partie de l’extrême-droite qui se cherche sans cesse un maître étranger, qui a le tropisme de la trahison : se prosterner devant Poutine, par haine des Etats-Unis ; s’allier avec les arabo-musulmans, par haine des Etats-Unis, des Juifs et de la réussite capitaliste.
Chercher à tisser des liens intelligents avec la Russie ne veut pas dire rejeter les Etats-Unis, ni oublier ce qu’on leur doit, ni oublier que les Américains sont avant tout des Européens, ni oublier ce qu’ils ont apporté au monde et à la civilisation.
Jusqu’à présent, les Etats-Unis ont apporté infiniment plus au monde que les Russes. Il est profondément malhonnête de feindre de l’ignorer.
Relisez le discours de Chauprade à la Douma, et comparez avec le discours de Geert Wilders au Capitole, devant des membres du Congrès. Geert Wilders n’a pas fait allégeance au président américain. Il n’est pas allé à Washington tresser des couronnes à Obama, comme Chauprade l’a fait avec Poutine. Il n’est pas allé au Capitole pour diffamer la Russie, comme Chauprade l’a fait avec les Etats-Unis.
Geert Wilders a rendu hommage au peuple américain. Geert Wilders est un homme libre et digne. Aymeric Chauprade est un laquais qui a choisi sa servitude — et certains Français avec lui.
J’ajoute que ces derniers sont bien naïfs, car la Russie est avant tout russe, et défend ses propres intérêts. Pas ceux de l’Europe, ou de tout autre pays. Poutine doit bien rigoler intérieurement des carpettes françaises qui rêvent à un Führer russe.
Cela n’empêche pas les relations diplomatiques, des accords, des alliances ou que sais-je encore. On ne s’allie qu’avec des gens qui sont des ennemis potentiels.
Mais quand je vois une partie de l’esstrêm’ drouâte lâcher la purée sur "L’appel de Moscou d’Aymeric Chauprade, le 13 juin 2013", comme ce dernier l’appelle lui-même sur son blog, en toute modestie, ça me fait gerber.
Ca me rappelle le voyage à Berlin des artistes français en 1941, ou les différents voyages à Moscou et Pékin de nos grands intellectuels découvrant le communisme.
Toujours cette incapacité à s’en tirer par ses propres moyens, ce refus d’assumer ses responsabilités, cette négation de ce qu’on est, avec ses défauts et ses faiblesses, ce refus de s’attaquer à ses propres problèmes avec ses propres moyens, remplacés par la quête éperdue d’un dominateur étranger pour écraser par procuration un ennemi imaginaire, celui d’où vient tout le mal, celui auquel on va pouvoir attribuer ses propres échecs : les Etats-Unis, les Juifs, les "Anglo-saxons", le capitalisme, la finance internationale, "l’ultra-libéralisme"…
Toujours le même depuis les HLPSDNH, vous remarquerez (et même avant). Toujours le bon vieux bouc émissaire des paresseux et des ratés.


3 commentaires:

  1. Vous avez fort bien fait, Chère Comtesse, de reprendre ces deux longs et roides commentaires : ils avaient dû échapper à beaucoup comme ils m'avaient échappé à moi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a une autre série de Bob, sur un autre sujet que je mettrai plus tard...

      Supprimer
  2. La sémantique ne ment pas. Ceux qui fustigent la mondialisation capitaliste réclament "un état protecteur"... "Protecteur", c'est aussi le nom qu'on donne aux macs, et c'est en effet ce qu'attendent d'eux les putes... Un petit voyou, une petite frappe violente, ça correspond parfaitement à l'image qu'on se fait d'un "protecteur", ça rassure ceux qui sont en attente de protection.
    Tout est en ordre.

    RépondreSupprimer