vendredi 7 septembre 2012

Portrait du Réac.; 2 : le consommateur de spirituel.


Agudeza

ACTU — ARTICLE ÉCRIT PAR  LE 5 SEPTEMBRE 2012 À 18 H 30 MIN 
Nous sommes entrés dans la phase ultime de la société de consommation, la société de consommation spirituelle.
L’homme des foules, le consommateur, ne se contente plus de petits plaisirs vulgaires; le monstre a grossi, il veut manger du Sens, de la Verticalité, du Sacré, il pense qu’on lui en doit, qu’il doit être fourni par le Prince, les pouvoirs publics et le législateur.
Le consommateur dépendant jusqu’à l’os de son vice ne supporte pas la publicité, l’entertainment, le coca-cola, les petites choses, il lui faut une dose plus forte, une théocratie, l’Albanie des années 1960… il déplore l’absence du sacré dans les sociétés occidentales et postmodernes, entendre par là que désormais, les choses de la Pensée, il revendique le droit de les consommer sans avoir à y penser.
Dans la société de consommation, on étale les richesses sous les yeux du pauvre, et c’est pour ça, dit-on, qu’il casse des vitrines… Dans la société de consommation spirituelle, on étale les richesses philosophiques sous les yeux du pauvre d’esprit, en classe de terminale, en philo, il lui prend aussi l’envie de casser des vitrines, à sa manière, il réclame un monde sans beauté enfouie sous du laid, sans grandeurs pliées dans des petites choses, de la richesse spirituelle authentifiée en préfecture …
Dans la société de consommation, le pauvre veut tout de suite les Nike qui sont en vitrine, et dans la société de consommation spirituelle, le pauvre d’esprit veut qu’on le fournisse en richesses immatérielles, que ce soit écrit dessus, qu’il n’ait pas à juger lui-même si c’est grand ou si c’est petit, ce qu’il a sous les yeux, il veut que le trouble de la pensée lui soit ôté, atteindre les sommets de l’Esprit par le savoir, avec des fiches de lecture, en hélicoptère.
Dans La traversée de Paris, une femme dit d’un flic que ce n’est pas un flic mais un flic de flic, pour expliquer à Jean Gabin que c’est le pire de tous… Jean-Claude Michéa, Jacques de Guillebon, Richard Millet, ce ne sont pas des consommateurs, mais des consommateurs de consommateurs, des types qui veulent manger du Sens, un monde qui fasse sens pour qu’ils n’aient pas à le chercher.
Merci à R.A.
En illustration, Balthazar Gracian

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