dimanche 8 juillet 2012

Mutation estivale























Les vacances débutent et nous nous retrouvons à la maison avec tous les enfants, petits et grands. Et bizarrement, loin de s'en réjouir,  avec mon mari, nous remarquons que  le simple fait de voir nos grands ados arriver vers midi hirsutes et l'oeil glauque dans la cuisine avec cette espèce de borborygme à la bouche : quancestquonmangequoi?? nous hérisse encore plus.  Enfin, c'est surtout moi que cela irrite parce qu'on mari travaille encore pour un moment avant de prendre avec appréhension et regret quelques "congés" familiaux.
C'est que nous sommes, enfin je suis, en pleine mutation estivale et cette mutation est aussi brutale et désagréable que la mue d'un serpent!

Les plus jeunes tournent en rond dans la maison comme des poissons dans un bocal, observent d'un regard sombre la pluie tomber et de temps à autre, et, dans leurs pérégrinations infinies, rencontrent un de leurs congénères... c'est la dispute assurée, cris et miaulements furieux, bagarres et griffes , je sépare en brassant de l'air avec mes bras ahuris les sauvages et c'est reparti pour un tour de cage comme les fauves dans leur zoo...

Gabrielle, seule, continue de grandir joyeusement à l'abri du monde et de ses hordes barbares et se décide maintenant à explorer la vaste maison à quatre pattes. Aucune pièce n'échappe à sa curiosité -et à ses petits doigts agiles-, elle pousse des petits cris ravis qui me permettent de la localiser dans la maison. De temps à autre je la vois apparaître au détour d'un couloir, petite bille rousse aux perles azur... Elle observe le monde étrange de ses frères et soeurs qui chacun leur tour, dans une journée prennent le temps de passer un moment avec leur petit lutin préféré. A chacun et chacune elle prête des attentions particulières. François a toujours droit à des sourires éclatants, Marie Liesse à des câlins appuyés, Jean Baptiste à des cris exaspérés -JB produit souvent cet effet-là-, Elisabeth à des enthousiasmes délirants. Le reste des troupes lui sert de porteurs et aussi de donneurs de biberons. Elle pourrait largement le prendre  toute seule mais... elle n'aime pas cela, elle préfère se coller contre un frérot ou maman et faire provision de câlins en même temps que de lait. C'est une petite princesse et elle a accepté ce titre et les honneurs qui vont avec avec une simplicité désarmante.























Etre en vacances, avec  beaucoup d'enfants, nécessite quelques "indispensabletés" et à la première place nous mettrons le téléphone : en pleine séance de repassage ou bien lors d'un discours d'assemblée générale associatif, Maman peut recevoir et reçoit donc des messages de détresse du style : "M'man tu peux venir me chercher? J'suis à tel endroit avec X et Y et faudrait les ramener aussi steuplait parce que leurs parents sont pas là..." ou bien : "Oh M'man, R. m'a laissée tomber!! C'est affreux, ma vie est foutue..."; il faut donc un certain sang froid pour sourire niaisement à l'assemblée, éteindre fébrilement le portable, cogiter une bilocation immédiate à la Star Trek pour récupérer le gamin de 15 ans dans la ville et la gamine de 16 au bord du gouffre.
Ce qui m’amène au second équipement : la bétaillère. Toujours en état de marche malgré les ans et les kilomètres qui s'accumulent, mon plus fidèle compagnon recueille les enfants et les confidences de chacun, mes coups de gueule aussi et nos prières... Le rythme des conduites s'accélère pendant les vacances, avec de nouvelles têtes qui apparaissent dans mon rétro, à des heures indues de la nuit bien souvent...
Troisième impératif de vacances : le frigo plein. Il y a deux jours, une dizaine d'ados débarque en fin d'après-midi, "ouais, M'man, j'ai invité un ou deux potes pour une petite grillade, ils dormiront à la maison ensuite..."; chez nous les réserves sont prévues, le congélo rempli c'est très important d'assurer sa survie avec les bandes de jeunes qui errent dans le coin comme les cannibales dans la Route de McCarthy. Donc, là aussi, accélération du rythme des courses qui deviennent, de bi-hebdomadaires, quotidiennes.
Autres utilités : des jeux d'extérieurs en état de marche : raquettes de ping pong, balles -un de mes enfants, Pierre, m'a montré la seconde vie d'une balle de ping pong trop abîmée : en faire un fumigène avec un peu de papier alu et un briquet... - , ballons de foot -achat hebdomadaire en raison de crevaison rapide-; des jeux d'intérieur : balles de baby foot, quelques bons films, un ou deux jeux vidéos aux scores pas encore explosés.
Il faut enfin, pour soi-même, des nerfs d'acier -que je n'ai jamais possédés vu que je suis femme et mère-, un sang-froid à toute épreuve pour recevoir les derniers résultats scolaires, comme ceux des étudiants : passages limites à négocier impitoyablement contre une armada de profs pressés d'en finir, brevet, passage en khâgne pour la fille, changement radical d'orientation pour le fiston, changement d'établissement scolaire pour d'autres encore etc... L'heure des bilans n'a pas encore sonné qu'il faut encore et toujours aller de l'avant et prendre des décisions aléatoires. Et préparer ses troupes à un laborieux été de travaux en tous genres qui passent de l'apprentissage des tables de multiplication par la lecture et la synthèse d'une liste d'ouvrages littéraires, l'entraînement intensif à des tests de logique et un passage obligé à un stage de rattrapage scolaire. Ce qui provoque quelques nuits sans sommeil alors même qu'on ne sait déjà plus si c'est le jour ou la nuit tant la fatigue accumulée et le stress sont énormes. 
Reste aussi à prévoir les inscriptions aux camps scouts, les billets de train pour chacun, le planning de tous, l'envoi de tel ou telle en urgence chez Opa et Bonne Maman pour un traitement de faveur essentiel dans une famille nombreuse, le retour et la réception à telle date, prévoir et préparer tous les sacs et valises... etc. Avec neuf enfants, notre famille sillonne la France et aussi un peu l'étranger en long, en large et en travers et je cartographie intérieurement l'ensemble des démarches de chaque membre de la famille... 

Je me rends compte alors que mon cerveau, ma mémoire sont mis à rude épreuve et ressemblent de plus en plus à un ordinateur avec GPS interne qui localise heure par heure tous ceux que j'aime et ce que je dois faire pour eux, les plans organisés comme les nombreux imprévus et d'ailleurs, ça y est, je sens que ça vient, je suis en passe de réussir ma mutation estivale,je suis en mode automatique.










17 commentaires:

  1. Robert Marchenoir8 juillet 2012 à 12:18

    Vous devriez vous faire sponsoriser par votre garagiste et/ou votre concessionnaire automobile.

    Peut-être aussi par votre fournisseur de congélo.

    Par l'Educ' Naze, je suis moins sûr.

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    1. Et pourtant, j'suis une bonne cliente de l'Educ Naz...
      Mon congélo : je le couve comme un berceau!^^(pareil pour ma voiture)

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  2. C'est Grégoire qui fait la gueule ?
    J'ai bon ?

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    1. Grégoire fait TOUJOURS la gueule. C'est le truc infaillible pour les distinguer, les deux

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    2. Vous êtes sûr qu'il fait la gueule ? C'est pas plutôt de la concentration ? un sourire crispé ? du stress photographique (moi aussi je fais toujours la gueule quand on me photographie - le reste du temps aussi - mais ça n'a rien à voir) ? Et puis vous parlez duquel au fait ? L'autre aussi fait la gueule non ? Ou alors c'est le même. Mais la chemise n'est pas la même. Ou alors il a changé de chemise entre-temps. Au fait qui suis-je ?

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  3. " http://4.bp.blogspot.com/-GGnMGkk2www/T_ltTd37ggI/AAAAAAAAAcg/bzI9Hl-t37Y/s640/6280.jpg "

    Ca doit être dur , tout de même ...

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    1. Bah une fille ça a toujours de la défense...

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    2. Quoi , elles font aussi du Krav-Maga ?!? De petites choses si fragiles ?

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    3. On vit une drôle d'époque Prolo, et les "petites choses fragiles" doivent à mon sens s'endurcir un peu...

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    4. Oh que oui. Mais il n'empêche : que l'on soit homme ou femme aujourd'hui, il faut connaître et surtout avoir quelques réflexes de survie.

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    5. Le coup de pied dans les parties est un réflexe inné , chez la Femme .

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    6. En fait dans ces histoires d'apprentissage d'un sport de combat, ce qui me semble important c'est d'insister sur le "mental" que cela procure. Nous avons perdu l'instinct élémentaire de légitime défense, par exemple, et ces sports de combat permettent de les retrouver.

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    7. Personne n'approche les Roux , voyons .
      Ils sentent trop mauvais .

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  4. Votre famille me fait penser aux Wisley, dans Harry Potter... Il vous faudrait une horloge comme celle qui orne leur cuisine: une aiguille pour chaque membre de la famille et à la place des heures, les différents lieux où chacun se trouve!!

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    1. Oui la comparaison est bien vue! Mais je crois que je ne préfère pas trop savoir ce que fricotent mes aînés maintenant...Il vaut mieux qu'ils restent à tout jamais figés dans le temps, mes petits bébés chéris!^^

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