jeudi 25 août 2011

La leçon de Margaret Thatcher,2-analyse thatchérienne de l'actualité.

 A propos du FMI :

"A l'étranger aussi elle fait des siennes. Lors d'un voyage à Washington en 1967, dans un langage tout sauf diplomatique, elle s'en prend à un malheureux directeur du FMI, français et énarque de son état, qui avait eu le malheur de défendre un interventionnisme tempéré. En dix minutes, elle lui explique l'économie de marché. Le haut fonctionnaire n'en peut mais. La délégation britannique est stupéfaite. Dans sa dépêche, l'excellence du Foreign Office conclut qu'elle s'était comportée "comme un taureau dans un magasin de chinoiseries". 


 A propos des émeutes anglaises récentes :
"Ce qui était vrai pour les terroristes de l'IRA le fut également pour les émeutiers qui, en avril 1981, ravagèrent Brixton à Londres et en juillet les banlieues de Liverpool ou de Birmingham. C'étaient de véritables scènes d'insurrection, avec pillages de magasins, incendies de voitures, jets de boulons et de cocktails Molotov sur les forces de l'ordre et les pompiers.En une seule nuit, en avril, plus de 149 policiers furent blessés. Ces incidents avaient manifestement une composante ethnique. La majorité des hooligans interpellés étaient d'origine antillaise ou en tout cas immigrés. Mais ce n'était pas le plus grave.
D'une certaine manière, ces évènements étaient plus graves pour Margaret que ceux de l'IRA, car nombre de commentateurs y voyaient un lien entre la politique sociale rigoureuse et la violence qui se développait dans les quartiers difficiles.
Mais Maggy rejette en bloc ces accusations. Elle n'a que mépris pour les voyous qui détruisent ainsi la paix civile. Elle est convaincue que les tensions raciales et la haine de la police sont "attisées par des éléments gauchistes". A Liverpool, elle a du mal à garder son sang-froid lorsqu'elle rencontre des "travailleurs sociaux" dont "l'hostilité à l'égard du directeur de la police et de ses hommes la consterne". Ils sont payés par l’État, que diable! Fille d'épicier jusqu'au bout, le premier cri que lui arrache le spectacle de boutiques calcinées est pour "ces pauvres commerçants" qui travaillent si dur. A Toxteh, elle constate que "là où les troubles avaient éclaté (...) le logement était loin d'être aussi catastrophique qu'on le lui avait dit.Mais il suffisait de jeter un coup d’œil aux terrains voisins des immeubles couverts de hautes herbes et de détritus pour comprendre que l'analyse était fausse. Les gens avaient beaucoup de choses à faire s'ils le voulaient (...). Ce qui manquait, c'était un sens de la fierté et de la responsabilité individuelle (...). Les gens devaient retrouver le respect de la loi, de leur entourage et bien sûr d'eux-mêmes". Bref, elle ne verse aucun sanglot sur les émeutiers, bien au contraire.
A court terme, elle ne voit qu'une solution : renforcer les pouvoirs de la police et lui donner plus de moyens. Elle est effarée de constater que les forces de l'ordre ne disposent ni de boucliers, ni de matraques, ni de flash-balls, ni de canons à eau. Elle charge Willie Whitelaw de mettre en place une police antiémeute digne de ce nom. D'une certaine manière, c'est une aubaine. Lors des grandes grèves de 1984, c'est cette police qui sera en mesure d'affronter les mineurs et leurs équipements lourds remontés du fond des puits. Elle se rend régulièrement à Scotland Yard pour donner des consignes de fermeté. Elle invite également les procureurs à réclamer des sanctions exemplaires. Mais à aucun moment elle n'envisage de changer de politique."

8 commentaires:

  1. Tiens ! Qu'est-ce que je disais !

    "Comme un taureau dans un magasin de chinoiseries". Elle m'avait échappé, celle-là.

    A l'évidence, le texte original anglais est : "Like a bull in a china shop".

    Ce qui signifie, en français : "Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine."

    L'expression anglaise utilise un taureau là où les Français mettent un éléphant, tandis que "china" signifie porcelaine, et certainement pas chinoiseries.

    Dans ce cas précis, cette ahurissante faute de traduction n'a pas grande conséquence. Mais si l'auteur est capable d'un contresens aussi énorme, qu'en est-il de sa compréhension des sources historiques quand chaque mot compte, quand chaque nuance fait la différence entre le vrai et le faux dans l'interprétation des forces en présence, des déclarations de tel homme politique, du sens des événéments ?

    Ce que dit l'auteur sur Margaret Thatcher ne me paraît ni absurde ni incohérent, bien au contraire. J'ai appris beaucoup de choses dans ce livre.

    Mais on se demande si l'auteur n'a pas, au mieux, omis des sources capitales faute d'une maîtrise suffisante de la langue, et, au pire, fait d'importantes erreurs historiques de ce fait.

    Accessoirement, on se rend compte ainsi que les éditeurs ne corrigent plus leurs livres : n'importe quel correcteur digne de ce nom aurait relevé l'erreur que je viens de signaler -- et bien d'autres.

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  2. Oui Robert, je comprends votre indignation mais d'un autre côté le côté libéral débridé voire échevelé (ultra peut-être?? ce serait fou) de ce français Thiérot est assez rare pour être souligné sous nos contrées et il me plait bien...

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  3. No-no-non, la Crevette, je ne suis nullement indigné, tout juste vaguement aterré (chuis pas Stéphane Hessel, moi...).

    Et j'ai moi aussi choisi ce bouquin parce que c'était le seul achetable dans un océan de titres gauchistes au rayon "économie" -- je veux dire au rayon anticapitaliste d'une grande librairie tout à fait indépendante -- c'est à dire de gauche.

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  4. Ben oui, on en est tous à chercher le libéral franchouille!^^
    Mais vraiment merci Marchenoir de souligner le problème de la traduction, c'est vrai que ça peut être embêtant.
    Trouver de bons traducteurs est un sacré défi, cela nécessite de bien parler la langue à traduire mais plus encore de bien écrire en français... C'est un travail assez subtil en fait.

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  5. Tant qu'à signaler des erreurs de traduction je ne vois pas trop comment Margaret Thatcher aurait pu déplorer l'absence de flash-ball en 1981 vu que cette arme n'a été inventée que dans les années 1990 si j'en crois ceci

    http://eurekaweb.free.fr/ah1-flash_ball.htm

    Au surplus il me semble bien me souvenir qu'on a commencé à parler de ce type de matériel qu'il y a une quinzaine d'années.
    Ce n'est qu'un détail certes, mais c'est dommage car cela nuit à la crédibilité de l'ouvrage.

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  6. Concernant le deuxième point, elle n’a quand même pas osé remettre assez sérieusement en question l’une des causes majeures du problème : la politique d’immigration. Parce que bon, responsabiliser les gens et faire la guerre au laxisme, c’est certes essentiel, mais c’est aussi insuffisant quand on sait l’importance de l’hétérogénéité ethnique dans ce conflit permanent.
    La petite épicière de Grantham a eu du mérite pour pas mal de réalisations lors de sa carrière, mais Enoch Powell était un cran au-dessus.

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  7. Je suppose que là où l'auteur fait regretter à Margaret Thatcher que la police ne dispose pas de flash-balls, elle a déploré en réalité qu'elle de dispose pas de balles en plastique.

    Celle-ci ont été utilisées en Irlande du Nord par l'armée, et je pense qu'elles étaient en usage du temps de Thatcher. Les munitions en question sont tirées par des armes qui ressemblent davantage à des fusils normaux que le flash-ball.

    Elles sont aussi nettement plus dangereuses. Sauf erreur de ma part, la décision de tirer des balles en plastique veut dire que les autorités assument un risque mortel dans certaines circonstances.

    L'usage éventuel des balles en plastique a fait l'objet d'une controverse lors des récentes émeutes de Londres. Certains le réclamaient, tandis que d'autres rappelaient qu'elles n'ont été utilisées que contre l'IRA (sous-entendu : dans une situation de guerre).

    Cela a donné lieu d'ailleurs à une gigantesque erreur de traduction de l'AFP, qui a titré, en plein coeur des violences et alors qu'une partie de l'opinion réclamait l'usage des armes à feu, "La police autorisée à employer des matraques".

    Ce qui peignait le gouvernement sous des couleurs incroyablement timorées, alors que les émeutiers étaient en train de mettre littéralement le feu à la capitale, sous les yeux de la police impuissante.

    En réalité, le gouvernement avait dit que la police pourrait employer des "baton rounds" si elle l'estimait nécessaire. "Baton" veut dire matraque, donc l'abruti de service de l'AFP a compris (à rebours de toute vraisemblance étant donnée la situation) que le gouvernement donnait le feu vert à l'usage des matraques.

    Mais "baton rounds" veut dire balles en plastique : munitions, tirées par une arme à feu, qui sont censées avoir le même effet qu'une matraque.

    Et voilà comment une petite erreur de traduction "pas grave", "de détail", aboutit à présenter de façon totalement fallacieuse la politique d'un gouvernement au milieu d'une crise majeure.

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  8. Ah, c'était donc ça!
    Je n'ai suivi les affaires anglaises que de très loin, étant alors en vacances dans un endroit sans guère de média et sans internet, mais j'avais néanmoins entendu cela un jour à la radio et j'avais failli m'en étrangler : "la police anglaise autorisée à utiliser des matraques".
    Bon sang me suis-je dis, mais qu'est-ce qu'ils utilisent habituellement, des pistolets à eau? leurs pieds de leurs poings?
    J'en avais conclu avec amertume à la décadence irréversible de la Grande-Bretagne. Ce que vous dites me rassure un peu sur nos amis en Anglais.

    Concernant les balles en plastique je pense que vous avez raison. Je me souviens effectivement que ce genre de matériel était utilisé avant l'invention du flash-ball, et que ces balles pouvaient se révéler parfois mortelles.

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