"-Vous n'ignorez pas, Monsieur, que de tout temps, des religieuses se sont offertes pour servir de victimes d'expiation au Ciel. Les vies des Saints et des Saintes qui convoitèrent ces sacrifices et réparèrent par des souffrances ardemment réclamées et patiemment subies, les péchés des autres, abondent. Mais il est une tâche encore plus ardue et plus douloureuse que ces âmes admirables envient. Elle consiste, non plus à purger les fautes d'autrui, mais à les prévenir, à les empêcher d'être commises, en supplantant les personnes trop faibles pour en supporter le choc.
Lisez, à cette occasion, sainte Thérèse; vous verrez qu'elle obtint de prendre à sa charge les tentations d'un prêtre qui ne pouvait les endurer, sans fléchir. Cette substitution d'une âme forte débarrassant celle qui ne l'est point, de ses périls et de ses craintes, est une des grandes règles de la Mystique.
Tantôt, cette suppléance est purement spirituelle et tantôt, au contraire, elle ne s'adresse qu'aux maladies du corps; sainte Thérèse se subrogeait aux âmes en peine, la soeur Catherine Emmerich succédait, elle, aux impotentes, relayait, tout au moins, les plus malades; c'est ainsi, par exemple, qu'elle put souffrir les tortures d'une femme atteinte de phtisie et d'une hydropique, pour leur permettre de se préparer à la mort en paix."
("En route", Huysmans)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire