lundi 2 mai 2011

"Nous ne voulons pas votre bien"



A propos de la citation actuelle d'ILYS : "Nous ne voulons pas votre bien", excellente, j'ai relu une nouvelle de Flannery O'Connor qui met assez bien en exergue le problème soulevé par cette volonté désormais universelle (et très étatique) de s'occuper du bien ou du bonheur des personnes à leur place :
Dans la nouvelle : "Les boiteux entreront les premiers"  un veuf est décidé à faire le salut d'un jeune garçon misérable et peu gâté par la vie envers et contre tout , surtout contre le garçon en question... Il y a ce dialogue hallucinant entre le père et le jeune qu'il veut "sauver" :

"Écoute, dit-il. [le veuf] Tu es allé fourrer ton nez à cette fenêtre à seule fin de me démonter, d'ébranler ma détermination de te sauver. Mais tu as manqué ton but. Je suis plus fort que toi. Je suis plus fort que toi et je te sauverai. Le bien triomphe toujours.
-Pas quand il n'est est ni vrai ni juste. 
-Ma décision n'est pas ébranlée. Je vais te sauver.
(...)
-Johnson [le jeune] tendit brusquement la tête. "Sauve-toi donc toi-même, glapit-il. Personne ne peut me sauver, que Jésus."


Finalement la haine entre les deux protagonistes prend le pas sur la charité mal ordonnée du veuf car la liberté prime sur tout, même sur le Salut. Les hommes sont libres ou pas d'accepter d'être "sauvés" et c'est la première condition au bonheur, cette liberté.
Le veuf déterminé à sauver ce jeune sacrifie alors non seulement la possibilité de salut du garçon en question en aliénant sa liberté mais il détruit aussi son propre fils qu'il "oublie" dans sa volonté de charité et son petit garçon se suicide... pour rejoindre sa mère dans l'espace.

2 commentaires:

  1. C'est sans doute une des plus terribles, celle-là. C'est en tout cas une de celles qui m'ont le plus profondément marqué. Je crois en avoir un peu parlé, d'ailleurs, mais comme d'habitude je serais incapable de retrouver où…

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  2. Oui, vous aviez parlé d'une nouvelle dans un de vos textes en disant qu'elle était vraiment effrayante mais je me demande s'il ne s'agit pas d'une autre où un enfant finit par se suicider en se jetant dans une rivière... Dans "Les Braves gens ne courent pas les rues".Il y a beaucoup de suicides d'enfants chez O'Connor et la dramaturgie est vraiment incroyablement bien montée dans ses nouvelles.
    Je n'avais pas trop fait attention jusqu'ici mais je les relis en ce moment et c'est vrai que c'est quand même très puissant.

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