vendredi 1 avril 2011

Violence gauchiste*

"Le totalitarisme se reconnait notamment à cette volonté du parti de ne laisser aucun espace entre ce qu'il estime être bon pour les individus et l'idée de ce "bon" que se font les intéressés. L'absence d'un tel espace compromet la construction du sujet qui ne se voit rien offrir, pour la projection de ses désirs, que l'imagerie sulpicienne de la propagande qui ne lui permet de se représenter sur la scène du monde en dehors de l'affligeante pauvreté de son contenu. La novlangue communiste fut l'un des instruments d'un processus tendant à l'annuler en tant que sujet désirant. Les mots du caquetage de la propagande ne renvoyaient qu'à eux-mêmes. Aucune place n'était laissée à la littérature et à l'art pour "dire autre chose" du fait de leur assèchement par le "réalisme socialiste" qu'André Breton a défini comme un "moyen d'extermination morale".

La disparition du sujet dans les mots est pour d'une violence extrême, comme le suggère le fait que, par un atroce paradoxe, l'entrée en guerre de l'Union Soviétique en juin 1941 y apparût comme un soulagement, ainsi que le relate Boris Pasternak : "Et lorsque la guerre éclata, la réalité des horreurs, du danger qu'elle nous faisait courir, de la mort dont elle nous menaçait, a été un bien auprès de la domination dominante de l'imaginaire; elle nous a apporté un soulagement parce qu'elle limitait le pouvoir magique de la lettre morte.""

Extrait tiré de : "La faucille, le Marteau et le Divan" de Gérard Belloin

* Violence gauchiste : cf ce petit texte.
CF aussi cet excellent texte d'XP : " Cours, pédagogue, le vieux monde est derrière toi"

Enfer

Dans la maisonnette toute fleurie,
Dans le doux cocon où tous unis
Par les liens familiaux les plus forts
Les liens du sang, plus forts que la mort,

L’enfer construit sa demeure, tisse sa toile
Jour après jour, la tension infernale,
Nous suce tous, jusqu’à la moelle,
Et dans nos cœurs, et dans nos corps, dans nos esprits 
S’installe,

Les liens du sang, chair royale,
Nourrissent l’hôte parasite,
Le combat n’est pas loyal,

Dans la maisonnette toute fleurie,
Dans le doux cocon où tous réunis,
Tous déjà morts, chair empuantie,
Le démon se repaît de nos âmes, de nos  corps, de nos esprits.

Dans la maisonnette toute fleurie,
Les enfants dansent, jouent et rient,
Les parents travaillent et se plient
A tous leurs devoirs et leurs soucis.
Les enfants ? Les parents ? Leurs esprits ?
Exsangues, vidés, des sépulcres blanchis !

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