Je m'attarde hier après midi dans la cour de l'école, je raconte à une amie les premières convocations de maîtresses pour mes jumeaux qui ne fichent rien en classe. Seigneur, j'ai l'impression sempiternelle de "vendre" un produit d'occasion un peu abîmé (mes gosses donc) et de temps en temps j'aimerais en avoir fini avec tout ce système scolaire qui exige un préformatage unique et des produits impeccables et parfaits... dès le départ. Mais les enfants, c'est le contraire de la perfection, en fait, il y a tout à faire au début, il y a tout à entreprendre avec eux et c'est cela qui m'intéresse et qui est merveilleux : c'est réussir à les épanouir, à développer les talents qu'ils ont et ceux qu'ils n'ont pas. Ces petites victoires quotidiennes (une leçon bien récitée, une dictée réussie) sont les défis qui me touchent profondément, surtout chez des enfants pas très doués (scolairement s'entend, parce que leur intelligence n'est pas à remettre en cause, loin de là). Il faut du temps, mais le temps, à l'école, ça n'existe pas : la perfection tout de suite, on est dans le coup ou on y est pas. Et ça commence très tôt, cette sélection.
Survient une maman, avec une pétition à la main : nous nous exclamons, nous interrogeons, qu'est-ce donc, certainement pour une "bonne cause", de quoi s'agit-il, nous nous empressons. Elle veut qu'à un certain carrefour on place un policier pour faire traverser les enfants le soir et le matin, comme pour l'école publique d'à côté qui bénéficie depuis toujours de ce genre de service. Ce carrefour est très dangereux, nombre d'enfants, dont les siens ont manqué de se faire renverser.
J'écoute puis décline poliment de poser ma signature. Stupeur dans les rangs des mamans, je m'explique : j'en ai marre de me faire verbaliser par des flicaillons tout puissants parce que je largue mes gosses devant l'école le matin sans descendre de ma voiture, sans me garer : s'il y a un policier à ce carrefour au bout de la rue qui mène à l'école, c'est sûr, nous les mamans qui venons de loin, en voiture, et nous garons de façon peu orthodoxe à cet endroit pour aller chercher nos mouflets à pied le soir, nous serons certainement abreuvées de contraventions à la noix. Moi, conclus-je, mes enfants, je les prends par la main, à ce carrefour, et je les fais traverser parce que je sais que c'est un endroit dangereux. Je n'ai pas besoin d'un service municipal pour cela, je m'en occupe, des miens.
La mère pétitionnaire me jette un regard venimeux et me crie d'une voix hystérique et sifflante : "Bien! tu fais ce que tu veux! Le jour où l'un de mes enfants se fera renverser, je te l'amènerai pour te rappeler ce que tu n'as pas fait!" Je ne bronche pas, m'éloigne. Suis-je vraiment irresponsable? Serai-je un jour coupable si un gosse se prend une bagnole? ça réussit à me turlupiner, cette histoire mais vraiment, je n'arrive pas à vouloir signer cette pétition. Je me sens blessée par le reproche de cette maman, voilà. Décidément, je n'aurai jamais vraiment réussi à m'intégrer dans un groupe, quel qu'il soit... Toujours cette bizarre et étrange manie de ne pas forcément faire comme les autres ou plus exactement de ne pas faire ce qui paraît simple et évident. Je n'ai pourtant pas un esprit rebelle, profondément. Je n'aime pas la "rebellitude" pour la "rebellitude". Mais à chaque fois que je veux être un peu honnête avec moi-même ou libre, tout simplement, je foire tout. Rien n'est simple décidément. Je vais aller dormir, avec un peu de chance je ne rêverai pas d'accidents...
Et bien moi, ça, c'est tout ce que j'aime chez la Crevette!
RépondreSupprimerEt, l'autre idiote, avec son bout de papier, on l'emmerde.
Tout cela n'est pas surprenant. Si vous attaquez le leader d'un groupe, il se défend, et alors, soit vous répondez, et devenez leader si vous gagnez, soit vous fuyez.
RépondreSupprimerPersonnellement j'applaudis, tu lui as mis une belle pichenette dans l'oeil !
RépondreSupprimerTu n'es pas une mère indigne, mais responsable...
Après il y a une voix du milieu : tu aurais pu dire que tu signerais pour avoir une personne qui fait traverser, pas nécessairement un flic, ou voire même ("Big Shocker!"), une rotation de Maman, afin que chacune puisse prendre en main le problème !
Eh bien, je vous approuve tout à fait, moi !
RépondreSupprimerDarquandier : mais comment vas-tu???!!! Trop de temps sans nouvelles...Je crois que je n'ai plus ton mail.
RépondreSupprimerOui, l'évidence est que lorsqu'une maman fait traverser ses enfants, les gamins seuls se collent à cette adulte pour traverser; je fais toujours traverser pléthore de mouflets qui ne sont pas les miens! Mais le flic municipal, non merci.
Effectivement, cela me semble la solution la meilleure : créer une association de parents avec roulements pour assurer la sécurité du passage piéton devant l'école aux heures d'ouverture et fermeture...
RépondreSupprimerFaire appel à la police me semble excessif, ils ne sont pas là pour ça.
Elle n'a qu'à bouger son cul et faire comme toi. Descendre de voiture et faire traverser ses enfants. C'est trop facile de toujours rendre les autres responsables... Allez, la Crevette, go, go, go, un bourre-pif sur l'hystérique !
RépondreSupprimerAutrement dit, vous êtes libérale. Et ça, c'est mal. C'est encore pire que d'être d'esstrêm' drouâte. C'est ce qui vous a valu cette remarque solidaire, fraternelle et ouverte à l'Autre de la stato-gauchiste de service.
RépondreSupprimerVous remarquerez le mécanisme du socialisme en marche : on prétend promouvoir la démocratie directe, la liberté la plus absolue, le droit pour le peuple de choisir la façon dont il est gouverné : c'est la pétition. Mais il est hors de question d'exprimer une autre opinion que celle des promoteurs de la pétition ; hors de question de ne pas signer.
C'est ce qu'un Degauche appelle la démocratie (variante : la République). Il y a quelque temps, on appelait ça la "démocratie populaire", et tout le monde savait bien que cela voulait dire "totalitarisme".
Enfin, cette "maman" met la crotte de l'ignominie sur le cake du socialisme, en vous imputant à l'avance la responsabilité d'un accident qui pourrait arriver, du fait de sa propre paresse à faire traverser ses enfants et de les éduquer à faire attention.
La France est le seul pays où le communisme a réussi (c'est provisoire).
Marchenoir : "vous êtes libérale. Et ça, c'est mal. C'est encore pire que d'être d'esstrêm' drouâte."
RépondreSupprimerOui oui oui : c'est le vrai combat d'aujourd'hui.
"La France est le seul pays où le communisme a réussi (c'est provisoire)." Exact!
Cela dit, je paierais cher pour pour pouvoir assister (discrètement) à une "rotation de mamans"...
RépondreSupprimerEst-ce que, par hasard, j'y pense seulement, la rotation serait au simple rot ce que la votation suisse est à notre vote ?
RépondreSupprimerOn se perd en conjectures...
Je n'ai rien compris au premier paragraphe. Moi, les enfants, je les éduque à coup de claques et les oriente socialement dans la direction où je les jette...
RépondreSupprimerAu deuxième paragraphe, vous dites du mal de la police - et ça me choque un peu moins que votre désir signifié de me faire cramer sur ILYS je dois dire, mais bon, quand même.
Bref, mère indigne, oui, et ennemi du peuple, social-traître, tueuse de flics, toutes ces conneries...
Plus sérieusement, le problème avec les cons, c'est qu'ils sont trop nombreux. Signer cette pétition, c'est rester en vie.
Terby : "Moi, les enfants, je les éduque à coup de claques et les oriente socialement dans la direction où je les jette...
RépondreSupprimerGlobalement je vous suis mais le problème est que pour certains enfants, la paire de baffes ne suffit pas.Si ça n'était qu'une histoire de paire de claques, ce serait facile l'éducation!^^
Je veux pas bouffer du flic : je veux qu'eux ne me bouffent pas...
Signer cette pétition c'est peut-être rester en vie mais c'est surtout se faire une vie d'enfer.
Bonjour lacrevette,
RépondreSupprimerJ'ai lu votre premier paragraphe avec bcp d'attention, car je partage votre opinion sur le" système scolaire qui exige un préformatage unique" et à l'époque où j'étais petite, ma maman le partageait également. En maternelle, j'étais une enfant un peu farfelue et un jour, la maitresse avait convoqué ma mère. Elle avait l'air très inquiète car suite à une activité peinture, où il fallait peindre des spaghettis(?) je ne m'étais pas executé comme il fallait. Et la maitresse a dit à ma mère : "vous comprenez, elle ne finit pas ses pates!" ce à quoi ma mère avait répondu : "oui, à la maison aussi, ma fille ne finit jamais ses pates!"
Ce genre d'anecdotes me fait sourire aujourd'hui, d'abord parce que j'ai fait par la suite 8 ans de dessin, ensuite parce que les mères doivent souvent être confrontées à ce genre d'entretiens absurde et j'ai beaucoup de tendresses pour celles qui prennent tout ça avec humour et recul.
C'est à la mère de rassurer son enfant sur sa "réussite scolaire" (cette expression semble bien ridicule en maternelle) ; c'est la mienne qui m'a d'ailleurs appris à écrire car elle jugeait que les méthodes apprises à l'école n'étaient pas bonnes.
Par la suite, les choses ne se sont pas arrangées : ainsi au collège, la CPE était persuadée que j'étais sur-douée ; et un an plus tard, une autre CPE était persuadée que j'étais...sous-douée. Je bénis ma mère de ne jamais m'avoir trainé chez des psy pour faire des tests de QI!! ; p
Nul n'est responsable que de son propre fait.
RépondreSupprimerPas par un dédouanement provenant d'une vague signature et d'une délégation de l'action.
Vous n'avez pas vous sentir affectée par cette cruche qui s'imagine qu'il y a encore assez de flic pour être aux carrefours des écoles.
Quand à s'intégrer à un groupe composé de ce genre d'individu qui arrive à se servir de vos enfants, le "je te l'amènerai..." subtil et délicat, je ne crois pas que vous perdiez grand chose.
Expliquez bien aux gamins que ce n'est pas parce-que le bonhomme est vert que tout danger est écarté, vous ferez bien plus qu'en flattant l'égo des leaders de passages cloutés.
On a les combats que l'on peut, remarquez...
A.g.
Tout ceci est grotesque, même les "rotations" de mamans. L'initiative de choper un gosse qui va traverser tout seul et qu'on sent peu sûr de lui doit normalement être naturelle à un adulte. Et il ne manque pas d'adultes le soir, à l'heure des écoles.
RépondreSupprimerEnfin, il y a des gamins parfaitement capables d'évaluer assez tôt le danger, d'autres pas du tout. Après, c'est aux parents de connaître suffisamment leurs mouflets pour savoir que celui-là, il faut le visser à côté de soi, et cet autre, on peut le laisser gambader sur le trottoir.
"Cela dit, je paierais cher pour pour pouvoir assister (discrètement) à une "rotation de mamans"..."
RépondreSupprimerQue nenni Didier... pas discrètement... on les entoure et on ouvre les paris... y'a du pognon à s'faire. Je mets 100 € sur l'Hystérique... je sais qu'elle n'a aucune chance... mais si par miracle elle gagne à moi le flouze ! Je céderai quelques pièces pour soigner la Crevette, j'ai un coeur tout d'même.
Messieurs (Goux et Nebo), je ne suis peut-être pas douée pour la négociation et les conversations de salon mais en revanche je me débrouille fort bien quand il s'agit de faire mordre la poussière à quelques "hystériques" manu militari. C'est ainsi.
RépondreSupprimerNéanmoins, je ne suis pas en état actuellement d'organiser un tournoi quelconque, même par amitié pour Nebo et ses fins de mois difficiles.
Mais je me demande, tout soudain, si les rotations de mamans ne sont pas interdites, au même titre que les combats de chiens, ou de nègres dans un tunnel – à vérifier.
RépondreSupprimerC'est cela Didier, demandez-vous "tout soudain" pendant que moi je vais à mon cours de krav.^^ Vous me donnerez une réponse à mon retour.
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