vendredi 29 janvier 2010

Le procès de Geert Wilders

 Par Guy Millière, pris ici
http://www.rebelles.info/article-geert-wilders-l-islam-et-l-avenir-de-l-europe-43852515.html

Le 20 janvier dernier s’est ouvert aux Pays-Bas, le procès de Geert Wilders. On en parle peu dans les médias en France, et lorsqu’on le fait, c’est en procédant à d’injurieuses déformations. Geert Wilders est présenté, de tous côtés ou presque, comme un homme d’extrême-droite et un raciste, donc comme un coupable, un infâme, un galeux.

La réalité est très différente. Strictement rien dans les idées de Geert Wilders ne le rattache à ce à quoi on associe en général l’extrême-droite. Rien non plus ne permet de le qualifier de raciste. Économiquement, c’est un libéral classique, adepte du libre marché et de la liberté d’entreprendre. Politiquement, c’est un adepte d’une conception lockéenne du droit et du rôle du gouvernement dans la société. À l’échelle planétaire, c’est un ami d’Israël et des États-Unis. Il préfère sans aucun doute, outre-Atlantique, le camp républicain et conservateur à la piètre équipe aujourd’hui au pouvoir, mais il n’est pas le seul, loin de là.

Wilders est – et c’est ce qu’on lui reproche en fait – inquiet de l’expansion de l’islam en Europe, désireux de mener le combat contre celle-ci et de poser des questions qui dérangent. Il considère l’islam comme imprégné d’idées totalitaires, d’appels à la violence, à l’intolérance, à la discrimination, à l’oppression des femmes et, précisément, au racisme.
Il a mené campagne sur ces thèmes et fondé à cette fin un parti politique, le Parti pour la liberté, qui est aujourd’hui la principale force politique de son pays.

Il a réalisé un court-métrage de seize minutes appelé « Fitna », largement diffusé sur le net, au sein duquel il juxtapose des phrases extraites du Coran, des déclarations de prêcheurs musulmans contemporains, et des images montrant la mise en œuvre de ce que prônent ces déclarations, par des gens qui les ont prises au sérieux : des attentats du onze septembre à l’assassinat de Theo Van Gogh…

Il demande que soient supprimés du Coran, et dénoncés par les musulmans eux-mêmes, les passages qu’il cite. Lus comme ils le sont, ces passages confirment ce que dit Wilders de l’islam. Il doit, depuis qu’il a réalisé « Fitna », vivre sous protection policière permanente. L’acte d’accusation dressé contre lui parle d’« incitation à la haine », et concerne essentiellement « Fitna ».

Je l’affirme après avoir visionné à nouveau le film : les seuls éléments d’incitation à la haine qu’on trouve dans « Fitna » sont les mots mêmes du Coran et ceux prononcés par des prêcheurs musulmans. Si ces éléments doivent être considérés comme condamnables par la justice, ce n’est pas « Fitna » et son auteur qui devraient être incriminés, mais, en bonne logique, les mots du Coran et ceux des prêcheurs.

Si l’on condamne la juxtaposition de sourates du Coran et de déclarations de prêcheurs radicaux aux images d’actes commis par des gens qui ont pris ces mots au sérieux, ce n’est pas, là non plus, « Fitna » et son auteur qui doivent être incriminés, mais, en bonne logique à nouveau, les vrais responsables des juxtapositions : les gens qui, prenant les mots au sérieux, ont mené les actions que montrent les images.

On peut débattre de l’analyse que Wilders fait de l’islam, et j’aurais personnellement des nuances à apporter et des divergences à énoncer. Mais on ne peut supprimer le débat et interdire l’analyse, pas plus qu’on ne peut nier ce qui semble indiquer des relations de cause à effet, sauf à passer d’un fonctionnement de société ouverte à un fonctionnement tout autre : celui d’une société fermée.

Le procès intenté à Geert Wilders doit être pris pour ce qu’il est : un procès politique de type pré-totalitaire
. Aujourd’hui en Europe, au-delà des Pays-Bas, progresse une volonté d’imposer le silence aux critiques de l’islam. Cette censure remet en cause, au demeurant, les principes essentiels sur lesquels repose la civilisation occidentale en ce qu’elle a de plus fécond. Des engrenages sont enclenchés qui, bien que différents des engrenages des années 1930, ont des liens de parenté avec ces derniers.

Au nom d’un pseudo « antifascisme », on permet l’avancée de pratiques effectivement fascistes et contraires à des libertés qu’il a fallu des siècles pour conquérir. Ces engrenages doivent être brisés avant qu’il ne soit trop tard… S’il n’est pas déjà trop tard !

Guy Millière pour les 4 Vérités hebdo le 28 janvier 2010

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