dimanche 17 janvier 2010

Au-delà du "choc des civilisations" (ch. 6 deuxième partie)

Au-delà du "choc des civilisations", l'hostilité à la société ouverte


(Suite de la synthèse du livre d'Alain Laurent La société ouverte et ses nouveaux ennemis)


On a constaté l'impossibilité pour l'islam de cohabiter pacifiquement avec d'autres cultures, mais il faut reconnaître que c'est avec la culture occidentale que le conflit est le plus rude. Il ne s'agit pas d'observer que la partie "violente" des conflits : attentats, menaces terroristes... Mais il faut surtout pointer du doigt les conflits culturels qui opposent la masse des musulmans dit "modérés" avec les pays occidentaux et leurs valeurs. "N'a-t-on pas alors pu voir, bénéficiant de l'approbation agressive et hystérique des foules, les 57 états de la Conférence islamique oser en février 2006 enjoindre à l'Europe de limiter le champ de la liberté d'expression et de critique?".


La thèse du "choc des civilisations" développée par Samuel Huntington en 1996 apparait comme une réalité entre le choc des civilisations occidentale et islamique. Il s'agit soit de conflits ouverts, soit d'une guerre idéologique feutrée. Simplement, cette guerre parait bien souvent perdue car l'Europe se rend très souvent sans résistance aux diktats de l'islam qui se radicalise.


Revel, au moment de l'affaire Rushdie, jugeait que « l'islam, depuis ses origines, se définit et se vit comme indissociable du pouvoir de l'organisation de la société toute entière. Il ne tolère pas la séparation du civil et du religieux sur laquelle reposent les États modernes. » (Le Point, 24/05/87). Il écrit aussi dans La Régression démocratique : « La "tolérance" musulmane est à sens unique. » Depuis les attentats du 11 septembre 2001, d'autres auteurs ont bien démontré l'inanité d'un islam tolérant, pacifique et ouvert à la démocratisation et à la sécularisation, d'un islam qui n'aurait rien à voir avec l'islamisme. Ils s'opposent en cela à BHL qui écrit dans Le Monde (15/02/08) que la lutte ne doit se porter que contre "l'islamisme radical."


Christian Delacampagne dans Islam et Occident-Les raisons d'un conflit explique que « l'opposition "islam versus islamisme"... est loin d'être innocente car elle remplit une fonction pratique » qui est de « nous permettre de nous rassurer » mais « revient à nous cacher la réalité. »


« Le problème, c'est qu'il y a des musulmans modérés mais pas d'islam modéré. » (Anne-Marie Delcambre, Valeurs Actuelles, 10/02/06). L'islamophobie qui est reprochée à certains ne tient pas devant cette réalité du choc de civilisations. La critique de l'islam est impossible, car "passible de peine de mort" ( Zarka, 2004). "L'islam n'admet aucune indépendance de l'État, de la Loi, de la morale, de la société, de la vie intellectuelle et de l'art même par rapport à la religion." (Revel, 1992)


Conséquences de ces caractéristiques de l'islam


L'islam est incapable de s'intégrer dans une civilisation démocratique. Il n'existe d'ailleurs pas de démocratie constitutionnelle dans les pays musulmans. Qui plus est, les musulmans veulent imposer leur règles islamiques dans les pays démocratiques.

"L'embarras le plus sérieux provient des musulmans minoritaires implantés dans des nations de culture chrétienne et laïque[... qui] revendiquent le privilège exorbitant de pouvoir imposer leurs vues à la majorité." (Revel, Le regain démocratique). En fait, il y deux façons de procéder chez les "violents" et les "modérés" : les premiers adopteront le conflit ouvert, les seconds agiront par une subversion lente.


La volonté hégémonique de l'islam est bien la finalité de celui-ci.
L'expansion conquérante universelle de l'islam résulte de sa certitude à détenir la Vérité ultime valable pour toute l'humanité. Le monde entier doit se convertir à ses dogme et un prosélitysme puissant l'habite. Revel écrit : "Les systèmes de pensée incluant, dans leur principe originel même, un projet de conquête universelle ont été le nazisme, le communisme et l'islam. Les deux premiers furent des innovations, sinon des inventions propres au XXe siècle. L'islam, en revanche, est un legs du passé. Nous ne pouvons transiger avec un programme qui veut notre destruction."


Objections de la bien-pensance

Cette thèse d'un islam impérialiste et totalitaire est outrancière et dépendante d'un début du XXI siècle obsédé par le terrorisme et le communautarisme islamistes. Certains "occidentalistes" s'inventent un nouvel ennemi.


Réponse aux objections

Dans les années 1950, il y avait déjà des penseurs qui avaient décelé les principales caractéristiques de l'islam. Dans Tristes Tropiques (1955), Lévi-Strauss écrit : "sur le plan moral, on se heurte à la même équivoque d'une tolérance affichée en dépit d'un prosélytisme dont le caractère compulsif est évident." En 1956, Malraux déclare : "Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l'islam est comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine."
Enfin, de nombreux lecteurs de "base" du Figaro ou du Monde expriment cette vision pessimiste de l'islam.

Autre objection : les critiques sur l'islam seraient le fait de personnes trop "occidentalistes".


Mais c'est l'écrivain d'origine indienne, prix Nobel de littérature, V.S Naipaul, qui écrit dans le Point le 14/12/01 : "Il n'y a, je crois, jamais eu d'impérialisme comparable à celui de l'islam et des Arabes. C'est un impérialisme intransigeant qui produit une société de névrosés et de nihilistes prêts à tout."


Ce choc des civilisations : en quoi consiste t-il exactement ? Est ce que "l'ennemi visé par l'animosité islamique contemporaine [est] essentiellement l'Occident en tant qu'espace d'altérité défini par son identité chrétienne traditionnelle..." ? Il apparait en fait que c'est moins l'Occident "traditionnel" que celui de "l'universalisme des droits de l'homme (version d'origine 1776 et 1789), des Lumières, de la modernité libéralisée et de la révolution culturelle individualiste, de la démocratie égalitaire et pluraliste, et de la sécularisation", bref, tout ce qui fonde la société ouverte qui est visé dans cette opposition entre islam et Occident.


C'est ainsi que l'on peut expliquer et tempérer le choc trop manichéen ou confessionnel entre les civilisations professé par Huntington. Beaucoup de musulmans sécularisés, partisans de la société ouverte s'érigent contre les musulmans "bigots dominants".( aux Etats-Unis, le mouvement des "Free Muslim Coalition"; en Grande-Bretagne, "British Muslims for secular democracy", au Danemark, les "musulmans démocrates").


En France, il faut commencer à compter avec le "Mouvement des Maghrébins laïques de France" et l'influence d'un Rachid Kaci ou des frères Bencheik. Aussi avec Messaoud Bourras ("ce n'est pas seulement l'islamisme qui pose problème, c'est l'islam...") et Kébir Jbil ( "en tant que musulman, j'affirme que l'intégrisme musulman ne peut naître que de l'islam") et aussi Saïd Bouaïssï ( "[certains musulmans se battent pour le droit à la reconnaissance égalitaire des femmes, contre l'oppression des homosexuels, des non-musulmans ou des apostats] au nom de principes religieux, d'autres au nom des lumières de la raison.").

Dans le Dar al islam, surtout dans la zone périphérique, la réislamisation se heurte çà et là à de solides foyers de résistances.( en Algérie, au Maroc et même en Iran.)


Ainsi, il s'agit d'une erreur de "généraliser arbitrairement le bien-fondé des charges contre l'islamisme élargi à l'ensemble des musulmans ou à l'individu musulman en soi.( comme a pu le faire Orian Fallaci).

Mais, l'autre erreur, symétrique, est de croire que ces musulmans individualistes et libéraux et opposés à la réislamisation identitaire sont majoritaires.


Il existe donc un divorce conflictuel dans le monde islamique, entre une "minorité de musulmans éclairés et acquis à la modernité d'une part, et une autre minorité fanatiquement intolérante qui bénéficie de la tolérance d'un "marais" traditionnaliste et conservateur d'autre part..."


Il existe donc bien un choc des civilisations entre islam et Occident. Mais ce choc interfère avec un autre : celui de l'Occident comme vecteur de la métaculture universaliste propre à la société ouverte avec l'islam comme culture théocratique caractéristique d'une société close. Le vrai ennemi de certains musulmans ralliés aux valeurs de la société ouverte est donc bien l'islam traditionnaliste et pas l'islam ou les musulmans dans sa totalité. Il s'agit d'un conflit entre société close et société ouverte qui transcende les appartenances religieuses. Le monde musulman n'est pas le seul à être confronté à cette guerre. Les sociétés ouvertes, dans le monde occidental, sont aussi confrontées à de nouveaux ennemis.

2 commentaires:

  1. Exact. Il va falloir compter sur tout un tas de "musulmans" dans notre pays qui se foutent de la charia comme de leur première dent et qui veulent juste vivre tranquillement sans faire chier personne. Non, ils ne sont pas nombreux. Mais oui... ils prendront part à la lutte de notre côté... ce qui emmerde 90% de la réacosphère et moi me fait bien rire.

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  2. @ Nebo : Hmoui...

    On verra si votre prophétie se réalise : tant mieux si c'est le cas, car des alliés sont toujours bienvenus aussi longtemps qu'ils sont sincères, utiles et pas trop coûteux (je ne songe pas spécialement à un aspect économique, mais plus généralement au coût de l'alliance avec les intéressés). Ces alliés feront ensuite (idéalement après conversion complète, à défaut sans) d'excellents cadres dans le système néo-impérialiste qu'il faudra instaurer dans leurs pays d'origine.

    Il se peut aussi que vous vous trompiez du tout au tout, et que lesdits alliés potentiels choisissent (volontairement OU NON : souvenons-nous qu'en Algérie, une proportion significative d'Indigènes souhaitait que la France continue d'administrer le pays, mais après un certain nombre d'exécutions sauvages - c'est le mot - ils se sont tus), dans la réalité, leur camp "naturel" (j'emploie ce mot, car dans ce cas le facteur sera probablement plus ethnique que religieux).

    Il se peut enfin que certains Muzz de nom seulement veuillent sincèrement nous rejoindre, mais que la défiance et la haine soient devenues telles que l'alliance soit tout bonnement impossible.

    Bref, on ne peut que tirer des plans sur la comète.

    Denis l.

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