mardi 22 décembre 2009

Ilys à la Crèche.

« une fonction essentielle de la véritable beauté consiste en la communication à l’homme d’une « secousse » salutaire, qui le met hors de lui, l’arrache à la résignation, aux accommodements du quotidien, le fait souffrir aussi, comme un dard blesse, mais ainsi l’éveille en lui ouvrant de nouveau les yeux du cœur et de l’esprit, en lui donnant des ailes, en l’élevant vers le haut » (citation de Ratzinger, tiré d'un texte de Pigi Colognesi, sur le peintre Bill Congdon, chez le Stalker)


Je m’en vais vous raconter ma dernière rencontre

Dans les plaines de Galilée, je marchais d’un bon pas,

Avec mes huit agnelets serrés tout contre moi,

La nuit tombait, il faisait froid dans la vallée profonde.


J’allais vers Bethléem voir le Nouveau-Né, l’Enfant Jésus,

Mon Roi. Mon ange m’avait alertée et je courais sur le chemin

Sans m’attarder, sans hésiter, pressant tous mes petits bambins;

Depuis toujours j’attendais, et le moment crucial était venu.


Au loin, au bord du chemin, j’aperçus un grand feu de bois

Qui éclairait alentours, projetant mille étincelles joyeuses

Une troupe nombreuse, bruyante, agitée, des éclats de voix

Inquiète, j’avançais doucement vers la source lumineuse.


Un silence se fit, lorsque j’arrivais. Puis l’un d’entre eux

Dit: « venez donc petite dame, auprès de notre feu ! »

La voix se voulait apaisante et calme, elle était tonitruante

Mais si chaleureuse, que je me suis approchée, avec les enfants.


Il y avait une troupe de sbires un peu crasseux qui conversaient.

Quelques mercenaires, de retour chez eux, après une guerre ou deux

S’efforçant comme ils pouvaient, à quelques civilités,

Risettes aux petits, inclinaison du chef pour certains d’entre eux.


Celui qui m’a accueillie sans façons, s’est présenté :

Je suis portraitiste, à mes heures perdues, sur les champs de bataille

Je mets souvent des visages, des mots, là où il n’y en a plus, sous la mitraille

Je peins, j’écris, je rectifie… On m’appelle XP.


Un deuxième s’est avancé, grommelant contre le feu qui s’éteignait

Pas besoin d’appeler les troupes pour le raviver ! Ce que l’on peut

Soi-même faire… On le fait !Joignant le geste à la parole, dans le feu

Il a posé du bois, Nicolas, préparé une soupe, soufflé sur les braises…


Trois autres se tenaient un peu à l’écart de l’agitation, attentifs

Cependant aux bruits, aux voix, à l’obscurité profonde…

Bien vêtus, élégants et nuancés, SK, Il Sorpasso, et Vae Victis :

Ils observaient la scène, les gens qui passaient, le monde.


Allongé de tout son long, les yeux mis-clos, perdu dans un rêve

Son chapeau rebattu sur sa tête, ses bottes poussiéreuses aux pieds,

Blueberry chantonnait, appréciant la paix surnaturelle, la trêve

Un calme apparent, une fausse nonchalance pour cet inquiet.


Trois savants, trois érudits dans un coin devisaient vivement :

Nebo, venu de l’Est, le génie des sons, du langage musical

Restif, qui déchiffre tout manuscrit en un rien de temps

Denis, le maître de la mesure, à l’intelligence fatale.


Dans l’ombre, un peu éloigné des groupes, silencieux,

Seul, mais non solitaire, Xyr explique qu’il cherche sa route

Mais ne l’a pas encore trouvée, dans ses cartes, en ces lieux

Son sac est léger, et le joug de la beauté qu’il poursuit est si doux…


Je lui ai alors avoué que j’allais voir l’Enfant-Dieu incarné

Le Créateur et Maître de toute chose, de toute beauté

Lui, le plus beau des fils de l’homme un jour défiguré,

Mis à mort, crucifié par ses frères, pour nos péchés.


Toute la troupe a paru fort intriguée par ce Dieu fait homme

Dans une étable, toute proche d’eux, alors qu’ils l’ignoraient

J’ai montré l’étoile dans le ciel, et tous ces bons hommes

Ont plié le camp, éteint leur feu, sans sourciller, sans barguigner.


Petite mise en garde cependant, ai-je cru bon ajouter : on ne contemple

Impunément la Source de toute lumière sans être soi-même aveuglé.

La beauté blesse, brûle celui qui s’en approche, comme un dard acéré

Se plante dans le corps, le cœur et l’esprit des soldats les plus ardents.


L’Enfant au sourire si doux, embrasera toute votre âme en un rien de temps,

Vous serez piégés, sans vous rendre compte, vous serez morts, vous serez vivants

Cette Beauté là, c’est le Bien et le Vrai jaillis dans le même temps et réunifiés

Dans le Corps du Dieu Vivant, venu par amour, une nuit, un jour, nous sauver.



7 commentaires:

  1. "Je lui ai alors avoué que j’allais voir l’Enfant-Dieu incarné
    Le Créateur et Maître de toute chose, de toute beauté"

    Ah, vous alliez à la rencontre de l'adorable patrick_bateman donc...

    Très joli texte Madame, vraiment,
    élégamment rédigé,
    manque seulement deux ou trois gonzesses à poil
    pour absolument nous combler.

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  2. Je ne sais que dire... et mis en ligne le jour même de mon anniversaire, en prime... c'est trop.

    Merci, aussi, pour le chant de Noël - un de mes préférés - auquel j'ajoute sa version la plus répandue (l'anglaise, bien sûr):

    http://www.youtube.com/watch?v=JYecrfQjEJU

    Ainsi que sa version originelle (l'allemande):

    http://www.youtube.com/watch?v=F1hNPy1ecMk

    (ce n'est pas le texte affiché dans la colonne de droite - la variante catholique - qui est chanté par le Dresdner Kreuzchor, mais bien le texte protestant popularisé par Praetorius)

    Ma réponse étant trop tardive pour souhaiter un joyeux Noël, je vous souhaite, ainsi qu'aux vôtres, une bonne année 2010.

    Denis

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  3. (dommage pour les liens... peut-être est-ce à cause de l'option "anonymat" - tout relatif dans mon cas^^)

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  4. anonyme : merci!
    Terby : ah! pas de critiques de PatBat ici! je suis une inconditionnelle de son humour et de ses textes!^^
    Rhaa les bonnes femmes à poil! oui, évidemment, elles manquent un peu par ici mais je sais pas pourquoi, je ne me vois pas trop en mettre?!^^
    Denis : ravie d'avoir pu, par le plus grand des hasards (mais existe t-il?), vous faire plaisir lejour de votre anniversaire... Vous avez toute ma reconnaissance pour vos contributions si remarquables sur Ilys. J'espère que vous allez bientôt nous revenir.
    J'écris ce com. au prix de mille difficultés depuis New-York où je séjourne avec mon mari. C'est magnifique.
    Je voudrais aller dans l'Eglise épiscopale de St John the Divine, pour prendre des photos, il parait que c'est très beau à l'intérieur. Si j'arrive à me tenir à ce programme, je mettrais quelques photos de cette église pour vous Denis par ici!
    Mais hier, nous sommes allés à la messe à la cathédrale Saint Patrick, pour la fête de la Sainte Famille.
    Pour les liens, j'avoue mon ignorance crasse : moi-même, lorsque je mets des liens sur mon propre blog, ça fonctionne une fois sur deux?!
    Bien à vous, cher Denis, Bonne année aussi à vous et à vos proches.
    la crevette

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  5. Chère crevette, allez donc dans Wikipedia (en anglais) et consultez la notice "Horatio Potter" avant ou après la notice "Cathedral of St. John the Divine". Une très grande amie, Victoria, qui fait beaucoup pour moi sur le plan spirituel, est directement issue de cette "dynastie épiscopale" des Potter. A l'occasion, je vous raconterai "en privé" quelques "hasards" intéressants relatifs à cette personne et à ses grands ancêtres.

    Denis

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  6. Cher Denis,
    visite hier en fin d'après -midi de la cathédrale St John the Divine. J'y ai entrainé mon mari, par le métro dont je maîtrise assez bien le fonctionnement. Il faisait déjà nuit lorsque nous sommes arrivés sur les lieux aussi mes photos ne sont -elles vraiment pas extraordinaires. Je verrai tout cela au retour.
    Ce qui frappe dans cet édifice c'est sa taille impressionnante. Les colonnes (en granit, 17m de haut, 1,8 m de large) sont massives, la taille vertigineuse.
    A l'intérieur, quelques trésors religieux : des tapisseries du 17ème siècle, un triptyque en or blanc, etc...
    Cette cathédrale ne date en gros que de 1892 et elle n'est toujours pas terminée...
    Effectivement, Horatio Potter est directement à l'origine de la construction de la Cathédrale, ainsi que certains membres de sa famille.

    Je continue aujourd'hui mes visites avec des files d'attente inévitables en certains endroits, d'autant que tous les américains ont les nerfs en pelote depuis la tentative d'attentat d'il y a deux trois jours. Le moindre sac laissé un peu éloigné de nos personnes dans le métro déclenche des réactions alarmistes des passants.
    La crevette

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