Un passage d'une préface spéciale "Ashley" : la préface de Claudio Magris à la Lettre de Lord Chandos de Hugo von Hofmannsthal.*
Je pense que ce texte l'interpellera particulièrement, d'après ce que j'ai pu lire de ce commentateur.
"Dans le renoncement de Lord Chandos à la littérature s'opère la dissolution du sujet en tant que principe ordonnateur de la réalité, et donc en premier lieu la crise du sujet poétique. Ce n'est pas par hasard que le protagoniste de cette parabole du délitement de la littérature moderne est un noble. A la différence de ce qui se produit dans d'autres littératures européennes, dans celle de l'Autriche le déclin des valeurs individuelles (autrement dit la débâcle de la raison et du langage traditionnels) ne s'identifie pas avec le crépuscule de la civilisation bourgeoise mais plutôt avec celui de la civilisation aristocratique. Le retard avec lequel la culture autrichienne vit la crise européenne (en affrontant le thème du rapport entre éthos individuel et éthos collectif un siècle après Goethe) se transforme en position d'avant-garde : dès le début, la culture autrichienne reçoit la civilisation bourgeoise comme désordre, anarchie, nivellement par le bas, rupture de la totalité organique, réduction. Hofmannsthal insiste sur cette dimension aristocratique, sur le raffinement et la réserve distinguée de cet adieu de l'écrivain au langage; on retrouve de semblables accents, faits de réticence et d'obscurité allusive, dans la Lettre du dernier des Contarin, autre témoignage d'un choix hofmannsthalien de l'ombre et du silence."
*Lettre de Lord Chandos, Hugo von Hofmannsthal, préface de Claudio Magris, Rivage poche/Petite Bibliothèque.
Je voulais offrir ce livre à un mien ami mais je me demande si je ne vais pas le garder à cause de cette préface que je ne possédais pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire