mercredi 24 juin 2009

Forteresse


"Une grande cité est grande lorsqu'elle a les meilleurs des hommes et des femmes,
Ne seraient-elles composée que de trois misérables huttes crotteuses qu'elle serait pourtant la première au monde!"
(Walt Whitman, dans "Chanson de la hache à large lame", Feuille d'herbe)

Le sentiment d'urgence ne me quitte plus.
J'ai longtemps cru à la vieillesse qui arrive (j'ai 38 ans). Mais en fait il s'agit de quelque chose de plus sérieux, de plus profond.
Je fais des choses qui ne me sont pas habituelles : j'écris sur un blog au lieu de papoter avec mes amies autour d'un bon café.
Amies d'ailleurs qui bien souvent ne comprennent pas trop ce comportement bizarre (pas l'abus de café : ça, tout le monde a pigé que j'étais une épouvantable droguée, comme pour la vitesse en voiture) et j'ai bien du mal à expliquer ce sentiment diffus d'inquiétude qui me gouverne.
Beaucoup de "jeunes" expriment ce même sentiment et se plaignent de leur isolement : mais ils sont déjà une bonne partie de leur génération à comprendre ce qui se passe. Ma génération à moi, c'est plus compliqué : on est entre-deux, pas assez vieux pour avoir connu les grandes guerres, les grands bouleversements, mais imbus d'idéologies socialistes : on ne sait pas ce qu'est la liberté intellectuelle, morale, spirituelle, on a toujours vécu en prison, d'une certaine façon. Nos réflexes sont uniformément basés sur des mouvements d'opinion que l'on considère, sans se poser de question, comme la vérité.
Là, à présent, ma cafetière est remplie, certes, mais pour moi seulement, elle permet de tenir dans certains travaux d'étude, de lecture, tard le soir. Lectures tout azimut, apparemment inutiles et vaines. Mais un cerveau formaté, c'est très long à "soigner".
Il faut lire, comprendre, s'instruire, remplir son chargeur comme je l'écrivais dans mon profil à la suite de Bernanos et j'écrivais ces mots sans les comprendre à l'époque; ce n'était pas moi qui écrivait d'ailleurs, pas la mère de famille,ou l'épouse ni même la femme en fait, mais quelqu'un d'autre qui parfois me parle, m'envahit de façon tellement puissante, que rien ni personne ne peut l'empêcher de s'exprimer.
Le sentiment d'urgence ne me quitte plus.
Nous sommes dans l'œil du cyclone, ai-je observé aujourd'hui à un ami virtuel (un ami virtuel! ça aussi! n'est-ce pas étrange pour quelqu'un d'aussi conformiste que moi ? Mais c'est logique aussi : on se rapproche de ceux qui entendent les mêmes sons que vous!). Je suis dans une sorte de présent immobile, le silence tombe comme une chape de plomb au milieu du bruit ambiant, de l'agitation du jour, et j'entends la rumeur lointaine du cyclone qui se rapproche... Je suis tombée à genoux, j'ai posé comme ces limiers d'autrefois ma tête contre la terre et j'ai entendu le grondement qui se rapproche.
Le sentiment d'urgence ne me quitte plus.
Je lis les courriers de ceux qui souffrent de dysfonctionnements judiciaires, d'agressions en tous genres, de meurtres, de viols, je lis leur peur, leur rage, leur abattement, leur dégout et, pire que tout, leur résignation.
Je lis aussi que tout va bien, que le cyclone s'est apaisé, qu'il est terminé.Je vois des gens qui sortent de chez eux, qui vivent comme si la tempête à venir était un leurre.Je lis des gens qui nous insultent, nous injurient : "pourquoi chercher à nous faire peur?? Vous vous faites du fric sur le dos de la crainte que vous inspirez! C'est dégueulasse d'agir ainsi! N'envoyez plus vos lettres d'info.! Je crois que vous exagérez complètement la réalité!"
Le sentiment d'urgence ne me quitte plus.
Je suis une mère de famille et une maman sent quand ses petits sont en danger. Elle crie haut et fort son angoisse et défendra jusqu'à la mort ses enfants.Mais elle ne sait pas exactement d'où vient le danger et elle guette. Voilà.
La défense, aujourd'hui, elle passe dans un armement psychologique, moral, intellectuel de première catégorie.C'est pourquoi je lis et j'éduque mes moufflets.Tentant de dévier les pièges de l'Opinion, du politiquement correct, insufflant surtout l'amour de la Vérité, envers et contre tous et tout.

Ça s'apprend, la Résistance.
Ça se conquiert, l'Espérance.

Je le répète : tenir sa maison, c'est tenir le monde.

3 commentaires:

  1. Oui je comprends que pour vous ça doit être dur, pour ma part ça le fut alors que je n'ai que 24a, grandis en banlieue et presque 10a de rap , je vous laisse imaginer les dégats et le dur combat interieur que j'ai du faire avec moi même pour en arriver là où j'en suis aujourd'hui .
    Je ne pense pas avoir trouvé encore la lumiere mais je sens que je m'en rapproche .
    Pour vous aider dans cette lutte intérieur je ne peux que vous conseiller ce petit ouvrage de la tradition indienne mais pourtant européene de sang.

    http://fr.wikisource.org/wiki/La_Bhagavad-G%C3%AEt%C3%A2,_ou_le_Chant_du_Bienheureux
    je suis certain que cela vous aidera a vous purifier des mauvaises idées qu'on vous a implanté de force durant toute votre vie .

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