mardi 17 mars 2009

Appel

Il est là, debout, appuyé contre un mur,

Son odeur insoutenable l’encercle comme une armure,

Un pantalon gris, en loque, couvre sa misère,

Un sac en plastique, tous ses biens, par terre.


Elle est, à genoux, dans ses bras enserrés

Sa fille unique, le tremblement de terre

Au matin, dans son école, l’a écrasée,

Morte, broyée, dans les bras de la mère..


Ils sont là, dans la boue, le désert, nus

Ils n’ont plus rien : l’ouragan a tout dévasté

Leur maison, leur terre, tout est figé

Après la tempête. Ils ont tout perdu..


Elle est là, Seigneur, l’humanité,

Celle que tu as voulu, et créée.

Comme des pantins disloqués

Aux mains cruelles de la destinée.


La révolte gronde, la haine s’épanche

En un immense fleuve noir, brûlant

Seigneur, il faut que tu te penches

Pour emporter, de l’univers ardent


Ceux qui brûlent et se noient

Ceux qui pleurent et s’assoient,

Ils n’ont pas vu ta Croix

Tomber sur eux avec Toi.


Ils restent en terre et ne se retournent pas

Pour te prendre Seigneur et relever tout à la fois

Pour te rependre, Seigneur, bien droit

Ou t’emporter, Jésus, dans leurs bras


Te soigner, te guérir, te consoler

Enlever, la boue, la suie et la poussière

Avec leurs mains, leurs gestes et leurs prières,

Les corps brisés, les âmes noyées et submergées


Tu es notre Berger, tu vas nous chercher

Dans le fleuve, dans le noir, dans la nuit

Tu es notre Berger, tu vas nous sauver

Rassembler le troupeau de ceux qui fuient


Affolés. Et moi qui ai tout vu, tout observé

A tes côtés, mon Dieu, je vais courir rattraper

Les petits agneaux mais aussi les noirs béliers

Te les remettre, ces âmes, Seigneur, à jamais.

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