"Alors, le Dieu humilié qui est mort crucifié sur la croix pour que je dirige sur lui l’attention de mon âme me cherche de son regard brûlant, il ne peut rien faire d’autre : Dieu me cherche, moi, vermine prétentieuse, moi et moi seulement, moi plus que cette enfant qui vient de mourir dans la paix de l’innocence, moi et moi seulement, plus que ce malade au courage exemplaire, qui est pourtant tombé dans l’imbécillité d’un corps privé de volonté, gangrené par le délire et la mal-mort, moi et moi seulement, plus que ce saint blasphémateur qui hurle dans la nuit obscure, moi et moi seulement (c’est même l’unique raison, incompréhensible et scandaleuse, pour laquelle Il a donné son Fils aux voleurs et aux chiens), parce que l’amour souffre et ne peut tolérer une seule seconde — une seconde pour Dieu est comme mille ans pour nous — que l’aimé se détourne, vautré dans la boue de la prière facile et la fausse parole du sentiment véniel, le caquetage ridicule du plaisir et la comédie de l’amour éploré, véritable, nouveau-né, aussi frais que l'haleine d'une putain saoule, comédie qui n’est que la répétition insonore d’une pathétique absence de courage, de folie, pas celle de la Croix, oh non !, pauvre imbécile, pas celle-là, surtout pas celle-là, seulement celle de l’amour, pourtant préfiguratrice, signe de tous les flanchements, de toutes les bassesses, de toutes les médiocrités. Dieu me cherche. Il a donné son Fils pour me trouver ! Et Il me trouvera, afin d’effacer l’amertume des vieilles pages encrassées par le contact de tant de mains sales, le jaune chassieux du texte ancien, ridicule à présent que la lecture ne le vivifie plus;"
Le Stalker
16/02/2009
"Dans l’intimité douloureuse de Paul Gadenne : La Rupture, Carnets, 1937-1940"
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