mercredi 28 janvier 2009

Première livraison















Ce poème, je l'ai écrit il y a bien longtemps.Il s'agit d'une expérience personnelle, de la lecture, de ce qu'elle peut produire dans un esprit, dans une âme. De sa nécessité absolue pour percer le mystère de la réalité qui nous entoure. "Le réel qui est un secret" .

Et puis je suis tombée là-dessus, aujourd'hui sur le site du Stalker, un "Lanternarius"particulièrement éclairant.
"Un discours, par conséquent, qui soit dans le temps et hors du temps. Dans chaque livraison, ce que l’on pourrait qualifier d’«étoile polaire» : lettre, témoignage, fragment, poème, peu importe de quelle époque mais parfait, qui représente comme dans une image ce que l’on cherche à exprimer. Dans chaque livraison, le même propos, répété par des voix diverses et disparates, en des époques diverses et disparates." (Christina Campo)

J'ai donc rassemblé une première livraison, citations, poème qui tous représentent comme une image de ce que doit être, me semble t-il un homme véritable : cette quête de "certitudes inachevées", comme le dit génialement Delsol qui est la caractéristique humaine la plus éminente. Je vous les livre, avec tout mon éblouissement. J'essaierai de vous faire part de temps à autre de mes découvertes.

Sur le site du Stalker dans un texte intitulé :

"Ce goût immodéré pour l'hermétisme : parabole d'une lecture bien faite"



« La clairière ne marque rien de plus qu’une halte temporaire car, de nouveau, nous devons pénétrer dans le haut massif de bois sombres qui se tient devant nous et avale la douceur de cette lumière qui n’aura donc été, lueur frôlant les sables mouvants plutôt que le seuil véritable, que l’entre-deux trompeur, l’orangeraie qu’évoque Yves Bonnefoy, où l’on peut se retenir afin de puiser de nouvelles forces ou, au contraire, s’endormir, croyant que nous sommes parvenus au bout de l’effort. Or, non, celui-ci reste à accomplir, comme le chemin d’ailleurs qui mobilise ses plus secrètes ressources. J’oubliais : no hay caminos, hay que caminar… »
Nebo, dans un commentaire sur le site ILYS :

" La Danse immobile n’est-ce pas l’Empyrée de Dante, dans sa “Divine Comédie” qui recule à mesure que l’on s’en approche donnant une impression d’immobilité alors que tout n’est que mouvement et avancée contrairement à la oumma où tout est vraiment immobile. Une Cathédrale n’est-elle pas une prière incarnée dans la pierre, une danse immobile ? Dante décrit “le Ciel” comme contenant tout et n’étant contenu par rien, éternellement en repos mais contenant tous les corps en lui qui sont en mouvement incessant car tous reçoivent La Lumière Divine… mais proportionnellement à leur perfection. Je sais que je donne, pour certains, dans la redondance (...), mais ce foisonnement de paradoxes et d’antinomies autorise l’émergence d’une CIVILISATION qui avance à cause de l’écart qui se fait entre la Lettre et l’Esprit."

Thermodynamique par XYR :

"Les idées ne sont pas des oreillers que l'on pose soigneusement au bout d'un canapé pour s'y installer confortablement en n'en plus bouger. Elles sont des flammes. De la lave en fusion. De la chaleur en mouvement. La pensée immobile n'existe pas. Sa nature ne peut être statique.

Quel que soit le panorama que m'offre mon point de vue, j'en changerai. Non pas pour en trouver un qui soit meilleur, mais pour continuer de marcher. Pour éviter d'engourdir l'esprit. Essayer en tout cas. Les vrais voyageurs sont ceux-là qui partent pour partir... Nous sommes nés pour devenir, non pour être. C'est le génie occidental. C'est le cœur même de notre identité, d'Hermann Hesse à Bob Dylan.

Il est d'autres peuples où l'on se prosterne sans cesse en aspirant à une vie guidée par satellite. Je n'ai jamais été adepte des modes d'emploi. Je n'ai pas besoin d'un Dieu boussole. Je n'ai pas besoin que l'on me promette tantôt la carotte tantôt le bâton. Je ne veux pas d'un pilote automatique ni d'une route balisée d'avance. Je veux m'évader du systématique. Je veux courir où bon me semble, courir jusqu'à en perdre haleine.

Je refuse de m'enfermer dans ma cohérence, de devenir mon propre geôlier. Je ne sais pas où s'achèvera mon chemin mais j'irai libre, quoi qu'il en coûte. "

XP :

"Mon royaume n’est pas de ce monde, ça veut dire Cherche; et quand tu penseras avoir trouvé, il te faudra encore chercher, car ce ne sera pas encore ça, et car ta condition est si misérable que la vérité te fuira tout le temps.

Parole splendide et scandaleuse, irrationnelle, sortie de la bouche d’un ingrat et contre laquelle toutes les hérésies ont pour seul but de se dresser…. Surtout lorsqu'elles sont défendues par des gens qui, paradoxe diabolique entre tous, affirment parler au nom du Dogme.

Penser à partir d’une position chrétienne pour ne plus avoir à penser en chrétien, c’est bien pire que de dire avec Bakounine si Dieu existait, il faudrait s’en débarrasser. Il y a trop de colère dans ce blasphème pour qu’il n’appelle pas la compassion, il est trop chargé en provocation pour ne pas receler une envie d’entrer dans la dispute et d’en sortir transformé, alors qu’à ceux qui crucifient le Christ agenouillés devant l’autel, je ne vois pas le commencement d’une excuse. "

Caminar

Je m’engage, seule, dans un petit chemin,
Le vent souffle dans les arbres immenses.
Mille bruits, diffus, éclatants, me dérangent.
Je marche doucement vers un lieu incertain ;
Puis, de plus en plus vite, mon pied avance :
J’ai vu une lumière, me semble t-il, au loin .

Clarté rassurante, clairière paisible,
La fleur est odorante et le papillon voltige.
Je me suis endormie dans une chaleur rassurante
J’ai fermé les yeux sur une lueur aveuglante.
La forêt fraîche et sombre m’a happée de nouveau
Dans ma nuit, enfoncée, dans le gouffre, le saut.

Relevée lentement, la poussière retombe
Doucement.
Où suis je ?

L’arène est lumineuse, le sable brûlant sous mes pas ;
Dans la lumière incandescente, au milieu des vivats
J’ai mon glaive bien en main, rien ne m’atteindra.
La bête est énorme, luisante et noire, l’œil fou.
Je n’ai pas peur, non, je suis déjà morte, c’est tout.
L’ombre immense se lève, oh fraîcheur bienfaisante !
Le soleil tournoie, je suis piétinée, broyée, pantelante.

Je respire et je vis, paupières obstinément baissées ;
Voir sans regarder, savoir sans lire, pas de réalité.
Je me suis ensevelie dans le gouffre – tombeau
Je pensais vivre ainsi cachée au milieu du troupeau.
Mais le monstre m’a retrouvée, mon propre cerveau
Il m’a tuée pour de bon , réveillée à nouveau.

Relevée lentement,
Je suis
En enfer
Maintenant

Ballet immémorial, défi transcendantal
Ne pas s’endormir, rester éveillé,
Chercher la vérité, trouver la réalité
Je suis A, petite fille de la forêt,
Je suis A, petite fille du soleil,
Je suis A, entre terre et ciel.

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