samedi 21 novembre 2020

Journal du deuxième confinement, Samedi 21 Novembre, les bêtes détails


 Ma sœur me raconte ce qui s'est passé hier pour sa petite fille, de l'âge de Gabrielle (neuf ans) : elle emmène la matin à l'école la petite et arrive tôt. Elle laisse sa fille dans la cour et repart. Une alarme "intrusion de personne étrangère" se met à sonner. La petite sur la cour panique et file dans les couloirs pour rejoindre sa classe toute seule. Elle se retrouve à tambouriner à la porte de sa classe, la maîtresse s'est enfermée à l'intérieur. Cette dernière finit par ouvrir la porte à ma nièce. Finalement, fausse alerte. Mais la gamine, dûment impressionnée et en pleurs, repart à la maison pour se remettre de ses émotions. Bonne ambiance en ce moment dans les écoles. 

La semaine dernière, enterrement d'une jeune femme, convertie récemment, mère de deux enfants. A cause du premier confinement, elle a eu un retard de diagnostic d'un cancer... Elle est partie au bout de quelques mois à peine... La photo envoyée par la paroisse est très belle; on dirait un tableau un peu ancien, un peu antique, sur lequel des observateurs futurs diraient : "il y avait encore des prêtres à cette époque, pour accompagner nos morts." La lumière du soir rendue dans la photo me fait songer à cette phrase de la Bible : "Or la terre était était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, l'Esprit de Dieu planait sur les eaux."

Oui, certainement que les ténèbres recouvraient le cœur de tous les proches de cette femme, la terre devaient leur sembler vide et vague, mais l'Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux de leur immense chagrin.

En attendant, troisième messe à l'écran demain matin; en dépit du rejet quasi viscéral pour cette "formule". Je tiens à la garder; il faut que le dimanche reste autant que faire se peut le jour du Seigneur, même avec une parodie de messe; la communion que nous irons recevoir dans l'après-midi, est réelle. 

Certains s'agitent sur un commentaire de Monseigneur Aupetit, dédaignant comme un petit détail l'importance de la communion sur la langue plutôt que dans la main. Le débat en lui-même me laisse plutôt indifférente (même si personnellement je m'attache à communier dans la bouche, chez nous c'est encore possible) mais il met en exergue l'immense recul de notre hiérarchie ecclésiale qui a déjà me semble-t-il abandonné complètement nos églises et cathédrales aux puissances du mal. Personne ne s'intéresse autour de moi au retrait de l'eau bénite dans les lieux saints mais ça été, au début de cette pandémie, le premier signal, un autre bête détail, que les églises n'étaient plus ces havres de Paix, ces forteresses emplies de l'Esprit de Dieu et de ses saints Anges. Tous ces évêques qui reculent sur tout devraient se souvenir que Notre Dame a brûlé, qu'elle leur a été retirée, et que s'ils continuent à nous asperger de gel plutôt que de nous bénir, leurs églises leur seront à tout jamais retirées. Et nous irons prier au fond des bois ou bien dans des maisons sanctifiées par leurs habitants.

C'est un peu l'évangile d'hier : "En ce temps-là, entré dans le Temple, Jésus se mit à en expulser les vendeurs. Il leur déclarait : "Il est écrit : "Ma maison sera une maison de prière." Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits."

Dans l'oraison qui suit cet évangile, je lisais hier, dans les deux maisons des personnes âgées à qui j'apportais la communion : "Dans cette maison que tu nous as donnée, où tu accueilles le peuple qui marche vers toi, tu nous offres un signe merveilleux de ton alliance : ici tu construis pour ta gloire le temple vivant que nous sommes; ici tu édifies l'Eglise, ton Eglise universelle."

Quelques nouvelles du séminariste, confiné dans son séminaire : il a l'air absolument enchanté de son sort et le ton est très joyeux. Je lui envoie une veste achetée sur Vinted pour son anniversaire. Nous devrions le voir à Noël, quelques jours.

En cette période peu propice aux sorties, je me suis lancée dans la confection de grands bocaux de sauce tomate; ça reste très amusant et délicieux. Je les appelle "les bocaux de l'Apocalypse" et un pote qui fait, lui, des terrines de sanglier, m'assure d'un troc avec ma sauce : il vaut mieux effectivement faire en sorte d'avoir des repas complets, pour la fin du monde.

La semaine prochaine je me lancerai dans la confection de gelée de pommes du jardin. Jusqu'à présent, je me contentais de faire quelques compotes, mais je souhaite exploiter un peu plus et un peu mieux cette denrée qui nous tombe du ciel à profusion. Seul souci : je n'ai pas de presse-purée pour transformer les quartiers de pommes restants en pâtes de fruit, une fois la gelée confectionnée. On est souvent empêché dans nos projets grandioses par un bête détail. Le mien, c'est le presse-purée.


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