samedi 31 décembre 2016

"Longtemps je me suis couché de bonne heure", à propos de Proust, K. Dick







Pour ne pas rater l'émission, j'avais mis Europe 1 assez tôt dans l'après midi, en voiture, en revenant de Bretagne. La route était onirique à souhait, nous traversions, au milieu du brouillard, deux haies de givre, tout était blanc. J'ai donc écouté avant Enthoven, une émission sur Marcel Proust, le dernier quart d'heure. Et j'ai été frappée par la proximité de la quête de ces deux écrivains, Proust et K. Dick. Au travers d'une oeuvre monumentale, pour les deux hommes, une course éperdue CONTRE le temps, les deux écrivains recherchent une réalité qui leur échappe. Comme ma "course", mon voyage en voiture (mes nombreux voyages, qui sont toujours épiques et qui sont des courses contre le temps aussi et dans une réalité qui était particulièrement mouvante aujourd'hui au travers de toute cette brume blanche dans laquelle on devinait d'autres ombres, des réalités, des voitures). J'écoutais, au travers des grésillements, la voix d' Aurélien Lemant que j'étais heureuse d'entendre. Je l'avais déjà entendue, sa voix, mais il récitait un texte de Dantec, du coup, sa voix était peut-être différente... A la fin, il a conclu sur le fait que K. Dick était croyant. (Et là, à ce moment, le son dans la radio était limpide, comme si on abordait un coin de fleuve tranquille après des milliers de remous bruyants). "Ah, vous me l'apprenez", a dit Enthoven avec l'étonnement dans la voix de celui qui comprend que tout s'explique bien mieux chez K. Dick par ce détail (qui n'en n'est pas un). En rentrant à la maison, enfin, mon vieux chat Kikou est venu, après avoir poussé un cri très humain (j'ai cru que c'était un enfant), mourir sur mes genoux. J'ai dû expliquer à ma fille de 5 ans, Gabrielle, ce qu'était la mort. Et j'ai repensé à Proust et K. Dick : "Longtemps je me suis couché de bonne heure", c'est par ces mots que commence La recherche du temps perdu et il est vrai que vivre dans notre réalité c'est comme vivre dans un rêve éveillé (ce que j'avais vécu en voiture, dans ce voyage cette après midi). K. Dick aurait aimé cette idée, je crois. Donc, si nous vivons comme dans un rêve éveillé, nous nous endormons dans la mort pour trouver une autre Réalité qui nous échappe tant que nous vivons. 

http://oralaboraetlege.blogspot.fr/search?q=Traum

http://oralaboraetlege.blogspot.fr/2009/06/rester-vivant-lire-de-la-lecture-de.html

2 commentaires:

  1. "Donc, si nous vivons comme dans un rêve éveillé, nous nous endormons dans la mort pour trouver une autre Réalité qui nous échappe tant que nous vivons."
    Mais oui c'est bien ça. Il vous suffit maintenant le lire "la mort" dans la langue des oiseaux : l'âme hors...
    La réalité de vos rêves nocture ne vous échappe pas ? Vous touchez là ce que vous écrivez ! lors du sommeil, dans vos rêves, vous courrez, nagez, volez que sais-je encore. Pourtant votre corps est allongé, immobile. L'âme hors...
    Belle année 2017

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  2. Bonne année à vous, Anonyme du 1er Janvier!

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