samedi 4 octobre 2014

"La marchandisation des corps"

Ce qui me gêne dans l'argumentation anti ‪#‎PMA‬ et anti ‪#‎GPA‬ c'est l'idée de la "marchandisation des corps".Je ne vois pas en quoi le marché des corps est quelque chose de mal en soi. Un déménageur ou un manutentionnaire loue bien ses bras ou sa force pour travailler. De même, un ingénieur loue ses compétences intellectuelles. Bref, en quoi est-ce mauvais de passer des contrats entre deux personnes? A partir du moment où elles sont libres de le faire et désireuses de le faire. Là où il y a problème c'est l'ingérence de l'Etat (ou de n'importe quel groupuscule!) à déclarer ce contrat ci  bon, celui là  mauvais au nom de je ne sais quelle morale.Cet argument est absurde et ne tient pas une seconde.
 Ce qui tient par contre, c'est le fait que certains contrats nuisent au bien d'autrui, à son intégrité,  et dans le cas de la PMA ou GPA, les "contrats" nuisent directement à ce qui n'est pas considéré comme une tierce personne : l'embryon. La tierce personne qu'on ignore et qui est au centre de tous ces débats.

22 commentaires:

  1. Robert Marchenoir5 octobre 2014 à 10:52

    Il y a aussi une réticence bien naturelle au libre commerce des organes, par exemple : bien qu'ils ne soient pas des personnes, les sociétés ont spontanément tendance à encadrer les transplantations, à empêcher que l'échange d'organes puisse devenir source de profit, etc.

    Le travail est une autre chose. Mais si la "marchandisation" du travail devient excessive, déséquilibrée, soumise à la violence, alors elle suscite la réticence elle aussi (esclavage, etc).

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    1. Ceci dit, je manifeste quand même parce qu'il y a une ingérence de l'état aujourd'hui dans ce qui relève du privé absolu des personnes (mariage, éducation des enfants, matraquage fiscal contre les familles etc) et que cela est insupportable.

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  2. C'est un argument intéressant, mais je me demande si on peut vraiment mettre sur le même plan le fait de "louer" sa force de travail (intellectuelle ou manuelle) et mettre son corps à disposition.

    Dans le cadre d'une GPA ce n'est pas tellement un travail que fait la mère porteuse, elle est plus une sorte d'outil ou de matériau, une espèce de couveuse en quelque sorte.

    Si vraiment ce n'est que le sort de l'embryon qui vous préoccupe dans ce cas vous ne pouvez pas être opposé à ce que la GPA soit utilisée pour venir en aide à des couples infertiles souhaitant avoir un enfant. La mère porteuse n'étant après tout qu'un "réceptacle", et le futur enfant aurait bien une mère et un père qui s'occuperont de lui plus tard.

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    1. Si l'embryon était vraiment reconnu comme une personne à part entière (ce qui n'est pas près d'arriver) vous pourriez argumenter contre la GPA en ce sens: d'abord parce que cette dernière nécessite la sélection de plusieurs embryons (et donc l’élimination de certains d'entre eux) et ensuite parce que cela ne résout pas le problème du droit des enfants à avoir connaissance de leurs origines ou filiation (ce que la GPA interdit). Sinon, oui d'une certaine façon, vous n'avez pas tort , la mère n'est qu'un réceptacle quand elle porte un enfant, elle assure d'une certaine façon "le gite et le couvert" et c'est bien tout le paradoxe dans l'avortement : elle s'octroie un droit de vie ou de mort sur quelque chose (quelqu'un) qui ne fait pas partie de son corps au sens strict du terme (comme un excroissance), l'argument comme quoi elle est libre de disposer de son corps est fallacieux à mon sens : il ne s'agit pas que de son corps, mais du corps de quelqu'un d'autre.

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  3. Il y a deux-trois jours, il y a eu une nouvelle très intéressante dans le monde médical : l'implantation d'un utérus chez une femme qui n'en avait pas et cette dernière a pu mener à terme une grossesse normale et accoucher d'un bébé! Je crois qu'il y a vraiment des pistes de recherche qu'il faut privilégier avant de se lancer dans des voies particulièrement dangereuses.

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  4. Je ne m'y connais pas plus que cela en GPA, mais si un couple hétérosexuel veut avoir un enfant et que simplement la mère n'a pas un utérus apte à une grossesse, ils ont besoin d'une mère porteuse mais pour autant l'éventuel enfant qui naîtra sera bien lié biologiquement à ses deux parents et non à sa mère porteuse.

    Le problème de l'origine ne se pose pas dans ce cas là. Il se pose si la GPA s'accompagne en plus d'un don d'ovule ou de sperme de donneurs anonymes. Un des parents biologiques ne sera pas connu dans ce cas là.

    Les évolutions scientifiques rendront le débat sur la GPA obsolète. Bientôt existeront des utérus artificiels ou d'authentiques machines couveuses pour embryons capables d'assurer l'ensemble de la grossesse. L'argument de la marchandisation du corps sera hors sujet, viendra celui de la disparition de la grossesse et de la reproduction qui se fera hors du corps humain.

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  5. Paul Hodell-Hallite9 octobre 2014 à 01:50

    Mais si l'état ne réglemente pas, ne fait rien, ne légifère pas, il donne, de fait, son aval. S'il légifère dans le sens pro-GPA/PMA/mariage pour tous, il donne aussi son aval. S'il interdit, il impose également un choix. Un état s'immisce obligatoirement dans les vies privées, quel que soit son choix, et même s'il choisit de ne pas faire de choix. Autoriser la GPA, c'est donner le choix aux gens. Bien sûr qu'il s'agit d'une marchandisation des corps, au même titre que le travail ou la prostitution. Sauf que l'acte commercial concerne la LOCATION d'un ventre, pas l'acte de propriété de l'enfant, comme un salarié vend son temps, loue sa capacité de production, il ne vend pas son corps, son esprit ou son âme. La condamnation de la GPA, qu'elle vienne des cathos/fonctionnaires/anti-libéraux ou de la gauche, vient de la même ascendance marxiste qui considère l'individu comme incapable de faire des choix sans y être contraints. La femme qui loue son ventre fait le choix d'une certaine activité économique, peut-être moralement condamnable pour certains, mais qui n'a pas à être interdite. Il y a aussi l'argument stupide qui consiste à dire que les ventres à louer seront ceux de femmes pauvres, et donc à s'y opposer au nom du refus de l'exploitation. Autant faire fermer les entreprises payant des salariés au salaire minimum.
    Ces manifestations ont l'immense avantage de faire le tri entre vrais et faux chrétiens. Entre les partisans de la liberté et ses ennemis. La GPA n'enlève aucune liberté; elle en ajoute une toute petite. Qui, comme le mariage pour tous, concernera l'équivalent de la population d'un village de montagne.
    Les manifestants ne sont pas crédibles, et sont fondamentalement étatistes et constructivistes. Après l'adoption du mariage pour tous, si les manifestants étaient sérieux, ils auraient pu défendre leur modèle de société en divorçant civilement de façon massive, en refusant toute allocation familiale, en arrêtant de passer à la mairie avant ou après avoir prononcé leurs voeux... Rien de tout cela ne s'est produit. Ils n'ont jamais coupés les ponts avec l'état, ils continuent à aller à la gamelle, à recevoir un soutien massif de l'état et en se prétendant victimes de cet état.
    S'ils en avaient le pouvoir, ils refuseraient probablement le baptême aux enfants nés par GPA.
    Les catholiques ont un problème avec la GPA et le mariage pour tous parce qu'ils sont encore marxistes. Ils considèrent que si l'état appelle "mariage" l'union de deux hommes, ces deux hommes sont mariés au même titre qu'un couple passé devant l'autel. Parce que pour un papiste, la légitimité ne vient pas de Dieu, mais de l'état, ou de l'église, deux institutions jumelles. Ils considèrent que la GPA fait de l'enfant un produit parce qu'ils voient l'homme en général comme un pur produit sociologique, un simple héritier d'une tradition, et pas un individu.
    Ce qui compte, c'est la manière dont évolue un individu, pas celle dont il est né. En cela, les manifestants se rapprochent chaque jour un peu plus des pharisiens bibliques. Il est probable que les manifestants auraient condamnés la grossesse de la Sainte-Vierge parce que non-naturelle. Qu'a fait la Vierge Marie, sinon porter un enfant qu'elle n'a pas conçue?
    On peut défiler aux côtés de ces gens pour d'autres raisons que celles qu'ils évoquent, certes; mais cela revient à ajouter un soldat aux légions de Satan. Refuser la naissance d'enfants sous GPA est aussi condamnable que de pratiquer l'avortement. Il s'agit encore d'éliminer un individu avant sa naissance.

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  6. "Les manifestants ne sont pas crédibles, et sont fondamentalement étatistes et constructivistes. Après l'adoption du mariage pour tous, si les manifestants étaient sérieux, ils auraient pu défendre leur modèle de société en divorçant civilement de façon massive, " Oui

    "Les catholiques ont un problème avec la GPA et le mariage pour tous parce qu'ils sont encore marxistes. "Oui
    "Ils considèrent que si l'état appelle "mariage" l'union de deux hommes, ces deux hommes sont mariés au même titre qu'un couple passé devant l'autel."Oui
    "On peut défiler aux côtés de ces gens pour d'autres raisons que celles qu'ils évoquent, certes; mais cela revient à ajouter un soldat aux légions de Satan." Si vous voulez.

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    1. "Refuser la naissance d'enfants sous GPA est aussi condamnable que de pratiquer l'avortement. Il s'agit encore d'éliminer un individu avant sa naissance."

      Un bémol : refuser une GPA ça n'est pas éliminer un individu mais refuser qu'il existe ce qui est différent : refuser qu'il existe parce que le schéma de famille qui lui est proposé est contestable pour lui même (l'enfant). Vous allez me dire, il y a bien des enfants qui s'en sortent sans père ou sans mère (veuvage ou divorce) mais ces situations sont censées être des situations extraordinaires, et non pas ordinaires (même si elles sont largement banalisées en ce qui concerne les divorces). Personnellement je reste convaincue de blessures énormes pour un enfant qui perd l'un de ses parents. Cependant, la question peut être débattue (ce qui ne veut pas dire que j'y adhère) : deux hommes ou deux femmes peuvent à priori donner autant d'amour qu'un père et une mère et il n'y a à la naissance de l'enfant qu'ils auront reçu aucun drame de divorce ou de perte, c'est un fait. Demeure la connaissance de la filiation pour l'enfant, mais cela n'est qu'un problème juridique à préciser.

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    2. Autre bémol : la différence homme-femme pour la construction d'un enfant me paraît essentielle, ce qui rend contestable le schéma familial proposé par les homos ou les lisbiennes même si je le répète, ce n'est pas la sincérité ni la force (parfois supérieure à un couple classique) de leur amour qui est en jeu.

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    3. Paul Hodell-Hallite9 octobre 2014 à 19:47

      Sauf que la "configuration idéale" pour faire un enfant, n'existe pas. Même dans les familles traditionnelles, équilibrées, avec un père et une mère sains, équilibrés, dans une famille qui ne manque de rien, soudée, etc... Une large partie des enfants finissent quand même un minimum traumatisés. Le fait d'être l'ainé est traumatisant. D'être la/le petit/e dernier/e est traumatisant. D'être un jumeau est traumatisant. Avoir des parents trop distants, trop proches, trop invasifs, trop négligants, trop doux, trop durs, trop compréhensifs, trop jeunes, trop vieux, trop riches, trop pauvres, d'avoir un frère handicapé, d'avoir un frère brillant, d'avoir un frère stupide... Même les choses les plus anecdotiques finissent par causer des traumatismes qui conditionneront profondément le futur homme, donc le futur père...
      L'enfant naît toujours à moitié déréglé, cassé. Même une configuration idéale occasionne toujours des traumatismes, même mineurs. La perfection est impossible en matière d'éducation. C'est seulement quand un enfant commence à être grand-père que le parent sait s'il a fait du bon travail.
      Alors que les enfants vraiment affectés par la mort d'un parent, par un divorce grave, par... L'opération de changement de sexe de la mère, ou le fait que le père se mette en couple avec son meilleur ami, sont des choses réellement plus traumatisantes que ce qui se passe dans des familles équilibrées. Pourtant, les gamins dans ces situations ont tellement de problèmes à régler et à affronter au quotidien que bien souvent, ils oublient les traumatismes pourtant beaucoup plus importants, qu'il ont subit. Ils ont autres chose à faire qu'a se regarder le nombril, quand les gamins des familles équilibrées étalent leurs problèmes mineurs pendant vingt ans sur le divan d'un psychanalyse.
      Le fait est que l'être humain a un seuil de tolérance à la douleur qui ne dépasse jamais un certain seuil, et ne baisse jamais au-dessous d'un autre seuil. Le degré de souffrance d'un enfant-soldat Soudanais, accro au sniffage de peinture et à la coke, violé depuis l'âge de cinq ans, mutilé des deux jambes, n'est pas si éloigné de celui d'un enfant de la haute-bourgeoisie New-Yorkaise entouré de deux parents idéaux.
      Quoi que fasse un parent, il le fera mal. Et si, au final, un gamin s'en sort de manière très convenable, ses parents, ou son absence de parents, ne jouent pas un grand rôle. Un enfant élevé par un couple homosexuel aura probablement une éducation déplorable dans un environnement nocif. Mais pas plus que les 2/3 des enfants nés de parents parfaits. Il est impossible de savoir quelle graine donnera le meilleur arbre. La encore, il s'agit d'avoir confiance en la Providence. Marie, jeune vierge consacrée, mariée par "obligation" à un vieillard, veuf, charpentier, père de plusieurs autres enfants, dans un pays occupé, avec l'armée au cul, ce n'était pas la configuration idéale, un couple homosexuel pour parent, c'est rien à côté.

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    4. mais qui a parlé de perfection ou de configuration idéale? pas moi.

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    5. Paul Double-Hache10 octobre 2014 à 00:10

      Bah... Considérer un certain cadre, celui de parents homosexuels, comme nocif (ce qui est le cas), implique de l'opposer à un autre qui serait idéal, non?

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  7. en fait je comprends pas bien votre deuxième commentaire, je ne vois pas très bien le rapport avec le sujet de la GPA

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    1. Vous semblez refuser la GPA pour les couples homosexuels au prétexte qu'ils ne fournissent pas un cadre de vie sain. Ce qui serait crédible si l'écrasante majorité des couples hétérosexuels, mariés, etc... fournissaient un cadre de vie sain, ce qui n'est pas le cas...

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    2. Non, ça n'est pas "le cadre de vie sain" qui me préoccupe, cela peut-être plus ou moins sain comme vous le soulignez chez les homos et les hétéros : c'est que le cadre lui-même est "tordu" si je puis dire. Pour un enfant, il faut un père et une mère, pour sa construction physique, psychologique, humaine. Et avec un couple homo, dès le départ c'est bancal dans l'essence même de la chose. C'est cela qui m'embête.

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    3. D'accord, mais d'autres individus, pétris de bonne intentions, avec l'obsession de faire le bien d'autrui, pourraient un jour considérer que vous n'offrez pas un bon cadre de vie à vos enfants, que vous les endoctrinez, que vous êtes membre d'une secte, que vous leur donnez une éducation genrée et non-respectueuse de leur orientation sexuelle potentielle, que vous véhiculez des valeurs réactionnaires, non-conformes aux valeurs de la république, que vous leurs lavez le cerveau en les menaçant des feux de l'enfer s'ils embrassent une fille avant le mariage... Et décider de vous les retirer, pour leur bien, naturellement. Ou alors de vous interdire d'en avoir, parce que l'état ne vous en a pas donnée l'autorisation.
      Considérer que l'état doit intervenir pour interdire certaines familles parce que vous jugez leur cadre "tordu", c'est vous exposer à être potentiellement un jour dans la situation d'être jugée tordue par ceux qui tiennent les rênes.
      Car il s'agit bien d'une invasion de l'état dans la vie des familles, que vous réclamez. Qu'un état réglemente l'adoption ou la GPA parce que telle groupe social juge le cadre tordu, et demain, la conception et l'éducation donnée sera elle aussi réglementée, la famille traditionnelle devenue minoritaire pourra être considérée comme tordue...
      Je trouve paradoxal de regretter l'intervention de l'état pour soi, et de la réclamer pour les autres. On ne fait pas aux autres ce que l'on ne veut pas subir.

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    4. M'enfin! vous délirez : je ne cesse de prôner que l'état se retire!!

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    5. Se retire de VOS affaires, mais vous souhaitez tout-de-même l'intervention de l'état dans les familles homosexuelles, pour leur interdire l'accès à la GPA et à l'adoption.

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    6. pas MOI mais la manif pour tous, oui.

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    7. Donc vous êtes favorable au mariage homosexuel, à l'adoption d'enfants par les couples homosexuels et à la GPA à destination des homosexuels. Tout en participant aux manifs pour tous. C'est... original.

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    8. je suis favorable à la liberté de chacun à partir du moment où cette dernière ne prévaut pas sur l'intégrité d'autrui. La GPA touche à l'intégrité de l'embryon (qui n'est pas reconnu comme personne), l'adoption par des couples homos aussi d'une certaine façon. Le mariage homo ne touche à rien donc il ne m'intéresse pas.

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