lundi 29 juillet 2013

Etre mère

Une semaine passée en Bretagne avec quelques uns de mes enfants : j'essaie de m'habituer à la dispersion de la fratrie depuis deux ans environ, et l'arrivée de ma petite Gabrielle a grandement contribué par sa petite présence affectueuse et câline à panser régulièrement mon cœur de mère éparpillé aux 4 coins de la France. Les vacances sont un bon exercice pour s'habituer au départ des enfants, inéluctable : les ados vont et viennent, les camps scouts offrent de longues plages de séparations et d'exercice d'autonomie, les grands-parents viennent prendre leur part en recevant ça et là quelques uns de leurs petits enfants.

Je ne m'habitue pas. C'est un fait, j'ai le cœur en charpie tout l'été et je serre les dents, je fais bonne figure, je profite même de moments privilégiés avec pas ou peu d'enfants, je m'abrutis alors dans les rangements de toute la maison, je m'occupe comme une forcenée dans le jardin, incapable de rester assise à penser à mes amours partis. Je suis là, je parle, je ris, je réfléchis mais je suis ailleurs, je suis avec mes exilés, je les suis pas à pas, je leur parle sans cesse, je les évoque, je les vois partout où ils sont -s'ils savaient! Si vous saviez...

Je ne m'habitue pas mais je profite coupablement de ses moments pour souffler un peu : moins de crises de nerfs, moins de tiraillements entre petits et grands, moins de conversations épuisantes avec des jeunes décidés à s'exercer jusqu'au bout de la nuit sur leurs puching ball préférés, leurs parents. Je m'occupe enfin des petits, écoute détendue leurs histoires et leurs drames, soigne leurs bobos, les promène paisiblement et m'étonne avec eux de la moindre grenouille entre aperçue... La vie est simple et je le redécouvre avec mes plus petits. Tout est "joie du jour" avec eux.

Je ne m'habitue pas et puis, au hasard d'une date, joie intense, un grand revient, dépose son sac de linge, réclame un peu d'argent, un billet de train, raconte ses dernières aventures et déconvenues, et repart. Quelques heures de stress où il faut être toute entière attentive et présente puis la tension retombe, il ou elle est repartie et le cœur de maman est à nouveau tout dégonflé d'un coup, comme aplati, écrasé. L'attente reprend. 

Je ne m'habitue pas mais ainsi va la vie d'une maman et on ne m'avait pas prévenue lorsque je suis devenue mère. Mais j'ai tout compris lorsque mon aîné est arrivé, juste après sa naissance, emmené aux urgences pour une infection, le jour de la Pentecôte, j'ai compris le message : être mère c'est pousser loin de soi son enfant, garder les bras ouverts de peur qu'il ne trébuche mais sans le gêner dans ses mouvements... Etre là sans être là. J'avais 21 ans et je suis devenue maman, non pas à l'accouchement, mais à cette première séparation deux jours après sa naissance.

Je ne m'habitue pas, je ne m'habituerai jamais mais j'ai besoin de cette douleur pour me sentir vivante et mère.






2 commentaires:

  1. Texte très émouvant. Et je ne dis pas ça pour vous pousser à passer au mini-short :))

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