Marcher sur Ses traces

Au travers de cette fin d'année agitée, je décide il y a une semaine de prendre début Août une semaine pour moi seule. Mais étant incapable de rester immobile en retraite dans un monastère, je choisis une méthode originale pour m'en remettre à Dieu et à moi-même, je décide de faire une marche de huit jours dans ce qu'on appelle un "Goum".
Après m'être inscrite rapidement -selon les recommandations des responsables qui expliquent que plus on attend pour envoyer ses papiers moins on est motivé- je panique un peu : est-ce bien raisonnable de quitter ainsi sa famille huit jours, d'abandonner son mari et ses enfants, est-ce que ça n'est pas faire preuve d'un banal égoïsme? Est-ce que le physique suivra? Ne suis-je pas trop vieille pour ces lubies? J'ai déjà campé, de nombreuses fois, je suis bonne marcheuse mais là il s'agit de tenir huit jours avec son sac sur le dos. Je n'ai plus vingt ans.

Et je tombe sur cette première lecture :

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10,28-31.
Pierre se mit à dire à Jésus : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre. »
Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : personne n'aura quitté, à cause de moi et de l'Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre,
sans qu'il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.
Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. »

Le Bon Dieu me répond comme toujours assez clairement et simplement et du coup je décide pour me préparer le mieux possible à cette "retraite" d'un genre nouveau pour moi de lire assidûment les lectures du jour -habitude que j'avais abandonnée ces derniers temps- pour purifier au mieux mes intentions, mon désir.
Que cette marche ne soit pas simplement le reflet d'un orgueil mal placé, d'un défit sportif imbécile, d'une crise de la quarantaine un peu étrange d'une bobonne en mal de reconnaissance.
Bien évidemment nos intentions ne sont jamais pures à 100% mais le fait d'y tendre, à cette pureté ne peut être que la voie de la Sagesse.
Et pour répondre à cette dernière réflexion qui me trottinait par la tête depuis quelques jours, je tombe sur cette lecture, à 5h du matin, au moment où le jour se lève, dans sa pureté originelle, au chant des oiseaux avertis par un mystérieux instinct que c'est l'heure de louer le Seigneur...

Livre de l'Ecclésiastique 51,12-20.
Mon Dieu, je veux te rendre grâce et te louer, je veux bénir le nom du Seigneur.
Quand j'étais encore jeune et que je n'avais pas erré çà et là, aux yeux de tous j'ai cherché la Sagesse dans ma prière.
Devant le Temple, je priais pour la recevoir, et jusqu'au bout je la rechercherai.
Depuis qu'elle était en fleur comme le raisin qui mûrit, elle a été la joie de mon cœur. Mon pied s'est avancé sur le droit chemin ; depuis ma jeunesse, je marchais sur ses traces.
Il m'a suffi de tendre un peu l'oreille pour la recevoir, et j'y ai trouvé de grandes leçons.
Grâce à elle, j'ai progressé ; je rendrai gloire à celui qui me donne la Sagesse.
J'ai résolu de la mettre en pratique, ardemment j'ai désiré le bien, et jamais je n'aurai à le regretter.
Avec elle, j'ai vaillamment combattu, j'ai mis beaucoup d'exactitude à pratiquer la Loi. J'ai levé mes mains vers le ciel, j'ai déploré de la connaître si mal.
J'ai marché tout droit vers elle, c'est dans la pureté que je l'ai trouvée. Avec elle, dès le commencement, j'ai trouvé l'intelligence, c'est pourquoi je ne serai jamais abandonné.

"j'ai marché sur ses traces", voilà le fil est tissé avec le Seigneur et je ne compte plus le lâcher maintenant que je l'ai renoué avec plus ou moins de fermeté...