samedi 13 avril 2013

Que faire après le mariage pour tous?


XP : "Le vrai clivage n'est pas entre ceux qui réclament une politique socialiste et les autres une politique libérale. Il est entre ceux qui réclament une politique et ceux qui ne réclament rien."



J'ai participé aux Manifs pour tous anti dénaturation du mariage civil; j'ai signé la pétition pour le CESE; je l'ai fait signer autour de moi, je salue la travail d'information remarquable d'Alliance Vita. Je participerai jusqu'au bout à toutes les actions et manifestations contre la loi dénaturant le mariage.

Pour autant, je suis gênée aux entournures par tout ce foin autour du mariage pour tous : d'abord, parce que la loi, au cas ou quelqu'un aurait loupé un épisode, est passée : désormais, se marier concerne deux personnes du même sexe, comme deux personnes de sexe opposé. La notion classique de mariage est clairement dénaturée dans notre loi française.

Les députés anti mariage pour tous se sont battus dix jours dans l’hémicycle en vain et sachant que c'était en vain. Ils pourront bientôt sortir quelques entretiens intitulés : "Mes dix jours contre Taubira" ou bien : "Moi tout seul contre le mariage pour tous"; ils raconteront leurs heures de lutte et leurs nuits glorieuses... Ils expliqueront qu'ils ont perdu une bataille mais pas la Guerre. Enfin bon. Si, la Guerre, mais peut-être pas d'autres batailles.
Notons au passage qu'ils sont payés pour se battre ainsi et qu'on aimerait que ce ne soit pas que dix jours par an qu'ils décident de s'activer pour de bonnes causes mais passons.

Car il s'agit maintenant de sauver la filiation et l'adoption des enfants en refusant que l'Etat ne s'engage en faveur de la Procréation médicalement assistée et la Gestation pour Autrui.

Il y a de bonnes chances en fait que le gouvernement recule devant ces dernières et pour une raison très simple : les deux se pratiquent de façon très satisfaisante à l'étranger et Taubira a fait judicieusement passer dans la pagaille générale une petite loi facilitant l'intégration, par la France, des enfants nés ainsi à l'étranger. Tout va pour le mieux pour le couple se mettant dans une -fausse et hypocrite- illégalité pour obtenir un enfant.

Si donc le gouvernement recule (ce qu'il a plus ou moins prévu au grès de l'opposition qu'il rencontrera en face), les opposants au mariage pour tous crieront victoire devant la reculade du gouvernement face à la PMA et la GPA; ils expliqueront qu'un grand mouvement solidaire est né en France, que les français ont montré leur opposition, leur révolte pour ces lois iniques (qui sont passées) et que ben oui tout cela est très grave et qu'on a limité les dégâts et le pire ouf bon.

Les catholiques après toutes ces manifs, cette agitation se mêleront au concert de congratulations générales. Il y a aura des hourras et des prières d'action de grâce dans les églises.

Peut-être quelques regrets car la loi est passée, mais discrètement émis.

Et puis plus rien. Voilà. Tout le monde retournera à ses occupations et à sa vie, tout le monde se rendormira dans une bonne conscience du devoir accompli. La loi sera passée, les couples homos pourront fabriquer leurs mouflets comme ils le voudront, il y aura une joyeuse pagaille dans les filiations futures, le mariage civil ne correspondra plus à rien. Evidemment, les maires qui seront opposés à marier les homosexuels auront quelques soucis, l'Eglise aussi à plus ou moins long terme, qui sera traitée d'homophobe, puisqu'elle refusera de marier ou même de bénir ces couples (enfin du moins il faut l'espérer).

Je pense que les chrétiens, et l'Eglise catholique à leurs côtés, devront en fait se réveiller et se dresser à ce moment-là et appliquer ce qui est écrit ici :

"Concrètement, les chrétiens et les juifs, qui sont à peu près les seuls à dénoncer la supercherie3, devraient considérer le « mariage pour tous » comme une rupture unilatérale de contrat entre les églises et l’État et annoncer qu’elles ne seront plus tenues de respecter leurs engagements. En effet, l’État interdit aux églises de marier leurs fidèles avant qu’ils soient passés devant le maire pour le mariage civil. Cet interdit était respecté par les églises sur la base d’un compromis avec l’État autour de la définition traditionnelle du mariage. A partir du moment où l’État redéfinit le mariage pour l’appliquer aux LGBT, le contrat est rompu. Dès lors, les églises devraient de facto se sentir déliées de toute obligation légale et boycotter le mariage civil c’est-à-dire revendiquer leur droit de marier qui elles veulent et quand elles veulent, sans autorisation."

Quand l'Etat devient notre principal ennemi et s'introduit jusque dans nos vies intimes, jusque dans nos lits et dans l'appropriation de nos enfants, nos patrimoines, nos droits les plus élémentaires, je crois qu'il est temps de prendre la mesure de cet Ennemi et de lui refuser la moindre alternative dans laquelle il s'engouffre systématiquement. Jusqu'où le laisserons-nous aller? Il est déjà en train d'obtenir droit de vie et de mort sur nos personnes âgées comme il a obtenu droit de vie et de mort sur nos tout-petits.

"Tout comme l’État n’a pas compétence pour redéfinir nos droits en tant qu’individus, il n’a pas le pouvoir de redéfinir le mariage, a fortiori dans le seul but de satisfaire aux exigences d’un groupe d’intérêt."

Tout commencera en fait, une fois que tout sera terminé.Il est temps de comprendre à quel point trop d'Etat tue nos libertés individuelles. Faire appel aux bonnes volontés politiques aide justement à participer à son expansion déplorable et maléfique. Le mieux est de s'en défaire dans tous les domaines possibles -et Dieu sait qu'il y a des sujets où l'Etat n'est absolument pas utile ou compétent et où il s'est arrogé un pouvoir absolu.










14 commentaires:

  1. " A partir du moment où l’État redéfinit le mariage pour l’appliquer aux LGBT, le contrat est rompu. "



    Ca, c'est LE bon argument. Pas sûr que ça rentre dans la tete de Frigide Barjot....

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  2. Chère Crevette, la loi sur la mariage gay n'est pas encore passée.
    Elle doit d'abord être soumise au Sénat, et je compte bien sur les sénateurs de droiche pour émettre quelques amendements qui obligeront la loi à être revotée par l'Assemblée.
    Ensuite, il faut le décret d'application.

    D'ici là, nous devons maintenir la pression sur nos députés, sénateurs et maires en leur rappelant que nous sommes leurs clients, et qu'à ce titre, nous n'hésiterons pas à les foutre dehors en 2014 si leurs votes et leurs discours ne nous plaisent pas.

    A terme, je ne vois pas d'autre issue que de renouveler l'offre politique. Le créneau Libéral-Conservateur-DémocratieDirecte est vacant. Vous vous lancez ?

    Obéron

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    1. Excellente analyse de Catherine Rouvier : "Alors oui, on peut en effet imaginer qu’une foule immense réunie à nouveau le 24 Mars, sans flons flons, en un immense ruban compact comme en 1984 - et non divisée en trois cortèges, avec des slogans, banderoles et chants non pas imposés par le rose bonbon mais décidés par des chefs d’établissements scolaires, des religieux, des paroissiens, des chefs de syndicats et de partis, qui défileront suivis de leurs adhérents ou ouailles, dans une gravité et une colère véritable contre la dénaturation de notre modèle sociétal. Ceux qui l’imposent pourraient faire changer le cours des choses."

      Quant à foutre dehors ceux de nos gouvernants qui ne plaisent pas, je suis moins optimiste que vous, Obéron, au vu de ce qui nous est tombé dessus lors des dernières élections.

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  3. Les Catholiques sont plus souvent attachés à l'état qu'a l'Eglise.
    Ils chercheront toujours la "bénédiction" du maire. Je doute que la majorité des Catholiques se considèrent vraiment mariés s'ils ne passent pas devant le maire.

    Ca demande déjà un gros effort. Les Catholiques, comme tout le monde (libéraux compris), veulent LEUR état, avec LEURS règles.

    Leurs allocations parce que la famille c'est important, n'est-ce pas.

    Leurs écoles financées par l'état parce que les enfants c'est important.

    Leurs lois édictées par l'état parce que la légitimité devant l'état c'est important.

    Ils rêvent d'un état qui soit un Vatican géant. L'état est né à Rome. C'est l'Eglise, dernière relique de l'Empire Romain, qui a posée les bases de tout les états Européens. La république, tout les états modernes, ont gardés la forme sans en garder le fond.
    L'Eglise est étatiste par nature, les états modernes ne sont pas tellement des concurrents, mais surtout des enfants maudits qui ont réussit. L'Eglise et les Catholiques cherchent toujours l'approbation de ces enfants maudits.

    Ce sont des gens obsédés par le droit, tout simplement. Comme si une loi votée par un état illégitime changait la réalité. Ils voudraient décider des lois, voilà tout.
    Etatistes par nature. Quand l'état n'est pas le bon, ils ne vont pas s'en détacher mais s'indigner de ses actes et en reconnaître la légitimité.

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    1. Oui tout à fait, c'est pourquoi on n'en sort pas de cet état.

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    2. Je n'ai que trois mots à vous dire: clap clap clap.

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    3. J'apprécie votre point de vue sans tout à fait le partager même s'il y a du vrai dans ce que vous dîtes.
      Oui ces catholiques sont obsédés par le droit mais ils veulent aussi vivre dans une Cité et que celle-ci soit régie par une morale qu'ils partagent. On aspire généralement à vivre dans un pays où les coutumes, les lois et les traditions sont les vôtres.

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  4. La loi n'est pas encore passée, reste le sénat et tout gain de temps est bénéfique dans l'histoire ...

    Parce que les seuls élus qui ne soient pas ligotés à leurs sièges par l'intérêt ce sont les maires, ce sont les seuls qui ne vont pas à la soupe et qui inquiètent le gouvernement ; le temps gagné peut permettre d'aller les démarcher un par un et les convaincre... (c’est du vécu : mon mari a fait signer la pétition à tout le conseil municipal )

    Et puis zut ! vous me décevez la crevette, je vous suis avec le plus grand plaisir, étant mère, priante et lectrice :-) la grosse différence entre nous est que je suis certainement plus vieille ! et je ne vais pas baisser les bras comme ça, je n'ai pas besoin de la victoire pour me battre ... Néanmoins je compte sur les "plus jeunes" pour donner de l'enthousiasme à la cause (je suis une grande habituée des causes perdues !) de toutes les manières, on va les emm... le plus possible !

    Pas d'accord avec C Rouvier : nous ne sommes pas une manif de cgtistes, masse d'individus facilement manipulables, nous sommes des personnes libres et non violentes (même si le rose bisounours est gnangnan, il est plus sympathique que le rouge sang); notre force est dans notre faiblesse !
    Carmel (vieille mère de 7 enfants et grand-mère de 7 petits enfants qui veut pouvoir leur raconter dans les yeux ce qu'elle faisait quand le monde est tombé sur la tête !
    Si la loi passe, je cherche un curé prêt à marier mes enfants sans passer à la mairie évidemment ... il est sûr qu'on va avoir du souci : et l'Eglise, et les maires !

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    1. Je ne baisse pas les bras mais il faut aller plus énergiquement à l'essentiel et là je pense que demander des réformes de lois hé bien c'est faire le jeu de l'Etat donc de l'ennemi. Plus on se désintéressera de nos lois et de notre état et de tous ceux qui y participent (en refusant par exemple le mariage civil), plus ce dernier se dégonflera.On montrera que l'état ne sert à rien si ce n'est à nous imposer financièrement, matériellement et à nous imposer un code moral qui ne sert que sa propre cause : les places bien au chaud de milliers de fonctionnaires inutiles.

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    2. Hé ! mais c'est que ça permet d'éviter les lois féministes et de se faire dépouiller de 50 % de ses revenus, c'est pour la garde des enfants que ça peut être coton mais c'est une bonne idée qui ouvre des perspectives. Se marier à l’Église et aller devant le notaire pour l’État.

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    3. Oui c'est exactement l'idée! On se demande bien pourquoi il faut passer devant l'état pour se marier : n'importe quel contrat devant notaire devrait suffire.

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  5. Le temps de la colère.

    A nous qui nous retrouvions à l'arrière de l'assemblée, interdits de manif le 12 , Henri G qui passait par la entama la conversation . "Que faut ils faire pour qu'ils nous entendent, nous sommes plus nombreux, nous sommes mobilisés, alors quoi? casser des abribus?" Il répondit dans un sourire : "Je vois que vous commencez à comprendre..."

    A près le temps de la manif pour tous, viendra le 24, le temps d'une manif très différente, une manif de colère ouverte contre ce gouvernement. Une colère de 1 à 2 millions de personne qui fera peur.

    Je crois.

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    1. Et moi j'en suis sûre, de ma colère.

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    2. Hé hé, le président du CESE semble indiquer que la pétition sera rejetée car non conforme au statut de la-dite assemblée.
      C'est du tout bon. Rien de tel pour fâcher les pétitionnaires et les transformer en manifestants en colère le 24 mars.
      "Ce qui ne nous détruit pas, nous rend plus fort".

      Si encore, nous avions affaire à des Mazarin de bas-étages, des Louis XI de caniveaux, des Talleyrand de pacotille. Même pas. Le socialiste est bas du front et n'est pas assez malin pour mettre un gant de velours sur sa main d'airain. Il impose sa loi avec brutalité, dressant ainsi contre lui des gens qui ne se seraient jamais rassemblés autrement : des UMP, des FN, des FdG, des zid, des cathos, des tradis, des musulmans, des juifs et même des protestants.

      Chapeau l'artiste.

      Obéron

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