mercredi 16 janvier 2013

Un monde libre (ajouts le 17)





Vacances de Noël très familiales, nous restons chez nous: avec les frais de pension et les études supérieures de nos grands nous remettons à plus tard quelques voyages... Notre bétaillère malade depuis la rentrée est toujours chez le garagiste qui doit, selon notre contrat -entretien, pour changer la moindre pièce, en référer à Citroën avec le constat d'un expert : à chaque pièce changée il y a une procédure, puis on se rend compte que c'est pas la bonne pièce, il faut refaire une demande pour en changer une autre, puis attendre la réponse (ou la venue de l'expert), puis commander la pièce, puis le mettre, puis faire des essais, puis se rendre compte que ben non c'est toujours pas ça qui déconne... Il faudrait en fait changer le moteur qui a morflé après la casse du turbo il y a un an mais rien n'y fait, Citroën ne peut s'y résoudre... Deux mois avec une C1 pour remplacer une voiture de 9 places! Merci Citroën. On s'étonne ensuite que l'on rechigne à faire preuve de "patriotisme"...
Noël en famille, avec la veillée le 24 au soir à l'église locale, dans notre paroisse, je m'attarde devant l'Enfant-Jésus et je m'attarderai chaque fois que j'y passerai, Lui confiant mes intentions, ma famille, mes enfants, mes amis. Le dimanche 25, nous sommes invités chez mes parents, nous débarquons dans leur petit appartement cosy et impeccable avec nos godillots : nos parents sont enchantés, Maman a préparé une dinde depuis tôt le matin et j'ai pu profiter de la matinée de Noël, de la distribution de cadeaux à la messe du jour sans être accablée par la tâche d'un grand déjeuner à préparer. C'est le meilleur cadeau qu'on pouvait me faire.
Je profite de ces jours confinés chez soi pour me lancer dans un grand rangement : étagères de bricolage, placards de vêtements, salle de jeux avec matériel de camping, tri des sacs de couchage, inventaire du linge de maison (draps, housses de couette, taies d'oreiller, couvertures), réserves de nourriture, tri des jouets, rangements de papiers administratifs, la maison retrouve figure humaine, je répertorie tout, de la moindre chaussette dépareillée au maillot de bain déchiré. Je brûle d'envahir l'antre-bureau-bunker de mon mari mais n'ose pousser le bouchon aussi loin et me contente d'un petit coup d'aspirateur pendant son absence. J'en profite pour remonter quelques tasses de café vides et sales dont j'avais oublié l'existence et vide des cendriers. A priori, il n'y aura pas trop de grognements du maître de ces lieux...
Je continue de faire travailler mes deux petits jumeaux au prix de mille difficultés, j'essaie de garder mon sang-froid, fais réciter inlassablement les conjugaisons, les mots d'orthographe, les leçons de sciences, de géographie, d'histoire,  ("l'homme de Cro Magnon invente l'art pariétal ou les peintures ru...ru... "-"ruspectes!!" -"Nan rupestres, mon chéri, rupestres...")
Ma fille aînée entre dans les affres des choix des inscriptions post-prépa et cela déchaîne des discussions enflammées à chaque repas pour trouver un compromis dans son avenir pas si lointain que cela entre une possible vie de famille décente et un travail intéressant  ou, du moins, utile à quelque chose... La vision quotidienne de ce qu'implique une vie de famille avec des petits à la maison lui permet d'apprécier certaines réalités concrètes.Je ne veux pas faire de mes filles des "girlfriend" telles qu'en a rencontrées Lounès ou bien des femmes occidentales dégénérées. Je m'aperçois que je suis très attentive à l'éducation de mes filles, sans doute parce qu'il nous est  aujourd'hui plus difficile de  lutter contre des stéréotypes destructeurs pour nous-mêmes.
"La connaissance tue la vie" dit Chantal Delsol en évoquant les progrès de la contraception.  Le problème est qu'aujourd'hui, effectivement nous maîtrisons tout du processus de la vie et il est difficile de choisir la voie de la vie plutôt que d'autres voies. Même les couples catholiques sont bassinés par la voix de la raison qui leurs susurre au creux de leur conscience : "avoir des enfants nécessite des moyens matériels..." Ce qui n'est pas faux mais il me semble que le problème est posé à l'envers : l'ouverture à la vie provoque d'une certaine façon la réussite matérielle, elle pousse à la réussite, au progrès civilisationnel (et personnel) car dès lors que l'enfant paraît, on n'a plus le choix : il faut travailler pour le nourrir et l'éduquer. Tant qu'il n'y a pas d'enjeux, tant qu'il n'y a pas d'enfant, l'homme sera motivé par rien... La réalité est là : ceux qui se disent "ouverts à la vie" sont les premiers à raisonner "contre" la vie.
L'ouverture à la vie c'est se jeter délibérément dans une bataille, dans un combat acharné contre la mort, contre soi, contre tous! Qui veut se battre aujourd'hui? Personne. Qui veut la vie c'est à dire la guerre? Personne.

Gabrielle observe tout ce bruissement familial du haut de ses vingt mois et sait fort bien se glisser dans la mêlée  : le matin, juchée sur un tabouret (elle estime que la chaise haute  ne la concerne plus),elle grignote toutes les tartines des uns et des autres et petit-déjeune la première pour terminer avec les ados lève tard en fin de matinée. Une petite sieste dans son lit déplacé de chambre en chambre (dès qu'il y a une place tranquille quelque part, nous installons son lit) la mène dans l'après-midi à jouer avec les chats de la maison ou bien à se rendre dans le domaine de chacun et vider les placards avec une évidente curiosité. Le soir, son bain est un grand moment de bonheur, elle barbote et piaille furieuse lorsqu'on la sort. Notre petit lutin est notre bonheur, elle met du foutoir et de la gaîté dans toute la maison sans complexe.
A peine suis-je occupée dans ma maison ou dehors qu'un grand se jette sur mon ordinateur pour écouter de la musique ou communiquer avec ses amis, l'excuse la plus classique étant : "j'ai un devoir sur le romantisme noir à terminer" ou bien : "j'ai du code à faire". Ben voyons.
Pierre, Rémi et les jumeaux continuent leurs parties de foot dans la rue juste devant la maison ou leurs balades à trottinette, rollers ou vélos dans le village. Ils jouent beaucoup dehors malgré le temps humide. J'aime les observer même si à la longue les mêlées et les bagarres m'épuisent alors qu'elles semblent, au contraire, revitaliser tous mes petits d'homme. Il faut donc les laisser-faire comme dirait l'autre... De temps à autre leur père intervient et apprend à la horde de nouveaux jeux passionnants : apprendre à compter vite et bien par le biais du Black Jack, apprendre à tirer avec une carabine à plombs dans le jardin. Puis il rentre se réfugier dans son bureau où Gabrielle le rejoint et joue des heures à ses côtés en farfouillant dans cette véritable caverne d'Ali Baba.
Les jours passent mais ne se ressemblent pas tant que cela, le quotidien devient comme de la levure pour faire lever son pain, sa vie. Il en faut, un peu dans chaque pâte, dans chaque existence, c'est nécessaire pour bien vivre et être heureux. Quand il y a trop de levure, quand le quotidien se fait trop pesant, il faut savoir l'alléger un peu mais sans lui la vie serait toute plate et bien fade.
Une sortie restaurant avec toute la famille, une balade à la cathédrale locale, la reprise des activités associatives, tout contribue à équilibrer les charges familiales souvent trop lourdes. C'est mon fil d'Ariane à moi, sur lequel j'oscille en permanence depuis que je suis mariée. Auparavant, j'étais vieille et triste, c'est évident...





Après la rentrée : la Manifestation contre la dénaturation du mariage.
Branle-bas de combat pour manifester contre des lois qui s'immiscent dans ce qui constitue l'essence même de la liberté des individus. Je ne comprendrais jamais pourquoi nous nous livrons si facilement corps et âme (et nos enfants avec) à l'arbitrage d'un Etat omnipotent.
J'emmène avec moi les jumeaux, Pierre et Rémi : les quatre aînés sont depuis la veille sur Paris chez des amis. Mon mari garde la petite dernière, malade. Je pars très tôt, je crains les trains rares et bondés, nous nous rendons à la messe dans Paris puis gagnons notre point de rendez-vous, Denfert-Rochereau : la foule déjà nombreuse est joyeuse, nous battons le pavé allègrement : en 1984, j'avais marché pour l'école libre dans mon uniforme de collégienne... Je veux que mes enfants apprennent à se battre pour préserver leurs libertés, qu'ils soient attentifs dès leur plus jeune âge à ce bien plus précieux entre tous. Nous rentrons le soir épuisés mais ravis, le combat continue maintenant sur internet essentiellement, merveilleux outil de réinformation où les idées circulent, où la vérité éclate, où le mal surabonde et où on appelle à l'élimination des enfants (de mes enfants) sans complexe. Je lis Revel qui écrit :

"La guerre idéologique est une nécessité pour les totalitarismes et une impossibilité pour les démocraties. Elle est consubstantielle à l'esprit totalitaire, inaccessible à l'esprit démocratique. Pour faire la guerre idéologique, il faut d'abord avoir une idéologie. Or les démocraties n'en ont pas une, elles en ont mille, cent mille.La démocratie se manifeste par la critique mutuelle des divers groupes qui composent en sein la pluralité politique et culturelle de la société civile. Notre système est vilipendé de l'extérieur par la propagande communiste et de l'intérieur en vertu de l'exercice normal des prérogatives démocratiques qui consacrent la diversité.(...) Ce qui est une force intérieure en termes de civilisation devient une faiblesse devant un pouvoir totalitaire, le communisme, dont la raison d'être, la condition de survie sont l’annihilation de la démocratie dans le monde."

On pourrait dire que ce pouvoir communiste extérieur qu'observait Revel, ce pouvoir est maintenant au coeur même de notre démocratie dont il a empoisonné toutes les veines ou structures : il suffit de remarquer comment réagit notre gouvernement socialiste en mentant sur les chiffres de la manifestation, en refusant le moindre référendum, en voulant faire payer aux manifestants la réappropriation de leur ville, leurs pelouses, leurs rues, pour conclure que nos démocraties ne sont plus qu'un mot vidé de son sens.
Revel conclut merveilleusement :

 "Aussi la recherche d'une contre-idéologie démocratique, destinée à refouler l'idéologie totalitaire, est-elle vaine. La contre-idéologie démocratique est un mythe. La démocratie n'a pas à se laisser enfermer dans les termes définis par la pensée totalitaire et à construire un reflet antithétique de cette pensée. L'idéologie est mensonge, l'idéologie communiste [ici : SOCIALISTE] est un mensonge total, étendu à tous les aspects de la réalité.(...) ...  la civilisation démocratique se doit de ne survivre et ne peut survivre qu'en opposant à l'idéologie la seule pensée, au mensonge la connaissance de la réalité, à la propagande non point une contrepropagande mais la vérité."

Etre sans cesse dans le réajustement face à la réalité que ce soit dans la pensée ou les actes, comme un équilibriste sur son fil, c'est cela la vie d'un homme, un homme libre. C'est cela que je veux apprendre à mes enfants, à mes amis, c'est comme cela que je veux vivre moi-même, le monde libre que je désire peut être gagné, il existe, il est réel, il est possible, c'est le mien. 









8 commentaires:

  1. Eh bien, dites, en voilà un billet qu'il est copieux ! Aussi riche et fertile que vous l'êtes vous-même…

    RépondreSupprimer
  2. Pour la dernière fois, une Princesse ne fait pas popo!

    Pourquoi s'obstiner à nous faire croire le contraire en nous montrant de faux paquets de couches?!?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous avez parfaitement raison : les couches sont pour sa poupée!

      Supprimer
  3. Et pis l'iconographie à base de chaussettes est très bien choisie.

    Je prends ça pour un hommage à Gato.

    (Sondage : ce comm vous a-t-il paru - ◘ carrément mégalo ◘ un peu parano ◘ de quoi j'me mêle ? ◘ qui c'est c'blaireau ?? - plusieurs réponses sont possibles.)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pourquoi un hommage à Gato? Gato ça veut pas dire chaussettes à priori?
      Je voudrais mettre d'autres photos mais j'y arrive pas, j'ai un problème technique que je vais résoudre (comprendre: je vais aller pleurnicher auprès de superman qui sait résoudre les problèmes techniques)

      Supprimer
    2. "Dieu est une chaussette" sur Touitère, toussa quoi...

      Supprimer
    3. Oh la vache, j'suis vraiment à la ramasse moi, je me souviens pas de toussa...

      Supprimer