dimanche 15 avril 2012

Nous étions de la race qui mène le monde et nous avons encensé ceux qui voulaient notre perte

Dagny Taggart, présidente de la compagnie de chemin de fer, la Taggart Transcontinental, et Francisco d'Anconia, propriétaire de mines de cuivre : Dagny : 

"Pourtant, nous étions, toi et moi, de la race qui mène le monde. Si nous en sommes là, ce doit être de notre faute. Mais je n'arrive pas à voir en quoi nous nous sommes trompés.
-Oui, Dagny, c'est de notre faute.
-Parce qu'on n'a pas assez travaillé?
-Parce qu'on a trop travaillé, au contraire, et pas assez demandé en échange.
-Qu'est-ce que tu veux dire?
-Nous n'avons jamais exigé notre dû et nous avons laissé décerner les meilleurs récompenses aux pires des hommes. L'erreur a été commise, il y a longtemps, par des gens comme Sebastian d'Anconia, Nat Taggart, tous ceux qui ont apporté leur contribution au monde et n'en ont pas été remerciés à leur juste valeur. Tu ne sais plus ce qui est juste. La bataille en cours n'a pas pour enjeu des avantage  matériels, Dagny. C'est une crise morale, la plus grave à laquelle le monde ait jamais été confronté, et ce sera la dernière. Notre époque est l'aboutissement de siècles d'erreurs. Il faut y mettre un terme, une fois pour toutes, ou périr, nous, les hommes capables de penser. C'est notre faute. Nous avons produit les richesses de ce monde, mais nous avons laissé nos ennemis ériger leurs principes en code moral.
-Mais nous n'avons jamais accepté leur code. Nous avons vécu conformément à nos principes.
-Oui, et ça nous coûté cher! Aussi bien matériellement que moralement. Nos ennemis ont empoché l'argent qu'ils ne méritaient pas, mais aussi les honneurs que nous méritions et que nous n'avons pas reçus. Notre faute est là. Nous avons aidé l'humanité à survivre, mais nous avons laissé les hommes nous mépriser. Nous avons encensé ceux qui voulaient notre perte. Nous les avons laissé vouer un culte à l'incompétence, à la violence, aux exploiteurs, aux parasites. En acceptant d'être punis, non pour les fautes que nous aurions pu commettre, mais pour nos qualités, nous avons trahi nos valeurs et accrédité les leurs. Dagny, leur morale est celle des preneurs d'otages. Notre amour de la vertu est pris en otage. Ils savent que tu es capable de tout supporter pour travailler et produire. Parce que tu sais que se réaliser est l'idéal le plus élevé qui soit; parce que l'homme ne peut pas vivre sans cela, et que cet amour de la vertu n'est autre que l'amour de la vie. Ils savent que tu accepteras de porter n'importe quel fardeau pour servir ton idéal. Dagny, tes ennemis se servent de tes capacités, de ta générosité, de ta résistance, pour te détruire. Ils n'ont qu'une seule prise sur toi : ton inégalable droiture. Ils le savent. Pas toi! Ils ne craignent qu'une chose : que tu t'en rendes compte. Tu dois comprendre comment ils fonctionnent. Tu ne t'en libéreras qu'en ayant compris. Mais quand tu auras compris, ta colère sera si violente que tu préféreras faire sauter tous les rails du réseau plutôt que de laisser la Taggart entre leurs mains."

(Ayn Rand, La grève, ed. Les Belles Lettres, p. 623-624)

4 commentaires:

  1. Oui, c'est très bien sur le fond...

    Mais pour les noms des personnages, ça ne s'arrange pas : Sebastian d'Anconia... Dagny... Elle aurait dû décalquer les noms des Brigade Mondaine, je suis sûr que ça aurait fait plus naturel !

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  2. Mais voyons Robert, une "Josette" présidente de la Taggart Transcontinentale?? Hum... j'ai comme un doute là...

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  3. Et pendant ce temps, les hordes Mélenchoniennes défilent...

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    1. Et voilà, les hordes mélenchoniennes ne défilent plus, elles s'installent maintenant.

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