Dans "La route de Los Angeles", Arturo Bandini, héros récurrent chez Fante, raconte comment il a pris conscience de sa vocation d'écrivain. Le héros écrit un premier roman qui est une daube intégrale et il le fait lire à sa mère, bigote italienne bien coincée comme il faut. La mère donne son avis sur le livre et ne veut pas vexer son fils adoré....
"Le héros m'a fait penser à toi", elle a dit en souriant.
"Ma chère petite mère."
Puis elle a toussé en hésitant. Quelque chose la tracassait. Elle essayait de formuler sa question.
"La seule chose qui m'a gênée, c'est : ton héros doit-il vraiment faire l'amour avec cette négresse? Cette femme d'Afrique du Sud?"
J'ai serré ma mère contre moi en riant. Comme c'était drôle. je l'ai embrassée, j'ai caressé sa joue. Ho, ho, elle était comme une petite fille, un tout petit bébé.
"Ma chère petite mère. Je constate que mon texte a eu un profond effet sur toi. Il a remué jusqu'au tréfonds de ton âme pure, ma chère petite mère adorée. Ho, ho."
"Et puis, je n'ai pas aimé l'histoire avec cette chinoise."
"Chère petite mère. Mon petit bébé de mère."
"Je n'ai pas non plus beaucoup apprécié l'aventure avec la femme esquimau. Je l'ai trouvée horrible. Ça m'a dégoûtée."
J'ai secoué mon index devant son visage.
"Allons, allons. Foin de puritanisme. Tâchons d'éliminer toute pruderie déplacée. Essayons d'être logique et philosophique."
Elle s'est mordu les lèvres, a froncé les sourcils. Il y avait autre chose qui la tourmentait. Elle a réfléchi, puis m'a regardé tout simplement dans les yeux. je connaissais son problème : elle avait peur de parler, peur de dire ce qu'elle avait à dire.
"Alors", j'ai dit. "Parle. Crache ton morceau. Quoi d'autre?"
"L'endroit où il couche avec toutes ces danseuses. j'ai pas aimé ce passage non plus. Vingt danseuses! J'ai trouvé horrible. Ça ne m'a pas plu du tout."
"Et pourquoi donc?"
"A mon avis, il ne devrait pas coucher avec autant de femmes."
"Ah, tu crois, tiens? Et pourquoi pas?"
"Ça ne me plaît pas - voilà tout."
"Pourquoi? Cesse donc de tourner autour du pot. Exprime ton opinion si tu en as une. Sinon, boucle-la. Ah, les femmes!"
"Il devrait trouver une gentille et brave Catholique, s'installer avec elle et l'épouser."
Les gentilles Catholiques , c'est un mythe , une légende , comme les gnomes ou les elfes .
RépondreSupprimerMême si certains d'après contes , elles auraient peuplées l'Europe en des temps reculés , elles n'ont jamais existées .
C'est de la propagande pour nous convaincre d'épouser les filles de Christine Boutin .
C.Boutin n'a plus grand chose de catholique en fait.
RépondreSupprimerC'est le terme "gentilles" qu'il faut manier avec précaution et qui peut s'avérer effectivement être légendaire...
Mais j'aime dans ce passage l'avis féminin donné sur une lecture. On ne change pas le cerveau d'une femme.(cf le texte chez "l'horreur du château" sur "Ce que veulent les femmes", assez juste me semble t-il.)
Oui , mais le problème vient souvent des mères .
RépondreSupprimerJ'ai moi-même vécu une idylle avec une petite rouquine aux yeux bleus , mais sa mère est une vieille mégère qui refuse notre union .
L'avis féminin donné sur une lecture ...
Mon chat a préféré faire ses griffes sur Bernanos plutôt que sur Tolstoi , il ne s'agit pourtant pas d'une critique littéraire féline pour autant .
A la limite , une femme peut choisir un ouvage plutôt qu'un autre pour caller un meuble , mais il ne s'agit pas de littérature .
Les femmes n'ont rien çà voir avec la littérature, c'est sûr, elles la vivent, la littérature!^^ Mais parfois elles peuvent fournir de bonnes lectures à certains comme elles peuvent préparer de bons petits plats.
RépondreSupprimerVotre rouquine vous est totalement infidèle, sachez le : elle susurre son mot doux favori "chaat" à tout le monde!^^
Je ne vois pas de quoi vous parlez , elle s'appelle Gargamelle .
RépondreSupprimerGabrielle pour Gargamelle!^^ Génial...
Supprimer"Attention petit schtroumpf! Gargamelle et son chat, qui vous perdra!" dit la chanson (enfin à peu près, me souviens plus très bien...)
J'ai finit ce roman hier, et je tenais à vous remercier, car c'est ici que j'ai découvert John Fante.
RépondreSupprimerJ'en suis ravie, anonyme. Maintenant il vous faut découvrir Haruki Murakami, mon nouveau dada.
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