samedi 7 janvier 2012

Des conséquences du relâchement de l'effort de vérité - extraits 2

"La vérité est scandaleuse. Mais, sans elle, il n'y a rien qui vaille.(...) Pour ce qui vous concerne, dites simplement la vérité; dites tout simplement la vérité, ni plus ni moins."(Houellebecq)

"Le nihilisme sait qu'en abandonnant les vérités (plus qu'il ne les détruit, car il suffit de laisser se dissoudre la foi, qui était un effort et une permanente légitimation), il ne se trouve pas en face du rien, mais il retourne aux fables qui bercent l'existence des humains de tous les temps. Abandonnez les vérités, elles ne se dissolvent pas, elles se transforment simplement en récits dont l'esprit va se nourrir sans s'y appliquer, avec désinvolture.
Il se produit le mouvement inverse de celui qui s'accomplit au début du christianisme. Saint Paul, parlant devant les philosophes épicuriens et stoïciens, tâchait par pédagogie d'établir une continuité entre leur pensée et la sienne. Notamment, il transformait doucement l'universalisme et le cosmopolitisme stoïciens en une universalité de message et de salut. Il se saisissait des mythes et les métamorphosait en vérités. C'est par le processus inverse que nous sommes en train de passer, encore une fois sans solution de continuité et presque à notre insu : pour reprendre cet exemple, l'universalisme chrétien du salut se dissout dans le cosmopolitisme de la mondialisation. Et la transition se fait en douceur. Pourtant, que de changement radicaux dans ce passage d'une pensée à une autre! D'abord parce que l'universalisme chrétien cherche l'union tout en maintenant la singularité de chaque personne, liée à Dieu; tandis que le cosmopolitisme, rappel de l'ancien stoïcisme, est une noyade dans l'indétermination, une dissolution du moi. Mais aussi parce que l'universalisme chrétien ou d'origine chrétienne est une conséquence de l'idée de vérité, je dirais même un hommage à l'idée de vérité : l'univers créé par Dieu fonctionne selon les lois de la nature, celles de l'architecte divin, qui sont les mêmes partout. Tandis que le monde stoïcien forme un tout par la sympathie universelle, l'interdépendance des hommes et des choses. Comme dans l'ordre cosmique du Dao chinois, harmonie spontanée, on ne peut connaître les lois de l'univers, si tant est qu'il y en ait. C'est bien dans ce cosmos à la fois total, harmonieux et mystérieux, que nous sommes en train de retourner : la relativité de toute chose, la non-fixité, la mise entre parenthèses de la substance pour privilégier la relation forment la trame d'un monde enchanté." (Delsol, L'âge du renoncement")

2 commentaires:

  1. Dites voir, Chère Comtesse, sans vou;oir me montrer par trop exigeant, serait-il possible que votre $*£%@& de vidéo arrête de se déclencher toute seule dès qu'on débarque sur votre blog ? D'autant qu'elle continue même après qu'on en est parti, ce qui m'oblige à fermer puis rouvrir Firefox à chaque fois…

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  2. Didier, j'arrive à dire "extraordinary" avec un excellent accent à présent!Et les enfants aussi! Nous répétons de concert. De quoi vous plaignez-vous??
    Je n'ai pas de solution, je mets sur pause... Je suis navrée.

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