Adhonc, dans le chapitre intitulé : "Fraude? Larcin? Viol? Rencontre brutale avec Alice de la lingerie", les deux héros de cette rocambolesque aventure sont dans leur chambre d'hôtel à Las Vegas, drogués au dernier degré (oui, l'histoire relate le very bad trip, mais alors vraiment very bad d'une espèce de journaliste et de son... avocat ), souls jusqu'au trognon et voici ce qui leur arrive...
"Je dormais encore lorsque la femme de ménage était entrée ce matin-là. Nous avions oublié d'accrocher le carton "Ne pas déranger" sur la porte... aussi s'était-elle aventurée dans la pièce, pour surprendre mon avocat qui, nu comme un ver et à genoux dans le placard, vomissait dans ses chaussures...
(...)
"Elle tenait son balai comme un manche de hache, m'avait-il expliqué par la suite. Alors j'ai surgi du placard en galopant à quatre pattes en continuant à vomir et je l'ai plaquée juste aux mollets... c'était par pur instinct; je croyais qu'elle allait me tuer... et puis quand elle s'est mise à gueuler, c'est là que je lui ai fichu le sac à glaçons dans la gueule."
Je vous passe les détails scabreux suivants, mais le journaliste intervient en brandissant une fausse carte de journaliste "collaborateur bénévole de la police" et s'écrie : "Je vous arrête!"
Et l'avocat de surenchérir : "Elle a dû utiliser un passe-partout,.... J'étais en train de cirer mes chaussures dans le placard quand je l'ai vue se faufiler - alors je l'ai appréhendée."(...) Notre comportement avait cette fois-ci dépassé les bornes de la loufoquerie privée. Fallait voir le tableau : tous les deux à poil et écrasant de nos regards une vieille femme terrorisée - une employée d'hôtel - étendue par terre dans notre suite et au paroxysme de la peur et de l'hystérie. On ne pouvait pas la relâcher comme ça."
Là-dessus les deux compères vont mettre au point une espèce de scénario dans lequel eux se retrouvent dans le camps du Bien, sorte de policiers à la recherche d'un camps mafieux, "le réseau de la came" qui sévit dans l'hôtel, ils travailleraient sous couverture et accusent la pauvre femme de faire partie du camps du Mal. Cette dernière, abasourdie, folle de terreur se défend comme elle peut et finit par acquiescer à la thèse des deux énergumènes qui lui demandent le plus sérieusement du monde de collaborer avec eux pour démanteler ce réseau...
"Mon avocat sembla réfléchir quelques instants, puis se penchant pour aider la vieille dame à se relever, me déclara : "peut-être qu'elle dit vrai. Peut-être qu'elle ne fait pas partie du coup.
-Non! Je vous jure que non! rugit-elle.
- Eh ben alors...repris-je, dans ce cas-là, on aura peut-être pas besoin de la mettre au frais... elle peut peut-être nous venir en aide.
-Oh oui! fit-elle avec empressement. Je vous aiderai tout ce que je peux! Je hais la drogue!
-Et nous donc, ma bonne dame, repris-je."
(...)
Le visage de la vieille femme avait changé notablement. Elle ne semblait plus confuse de bavarder avec deux hommes nus dont l'un avait tenté de l'étrangler quelques instants auparavant."
Voilà, voilà à quoi sert la lecture, chers amis, voilà à quoi sert la Littérature! Finky le disait très bien dans une de ses émissions : "mais peut-être aussi lit-on pour ça ? C'est-à-dire pour mieux comprendre, se comprendre soi-même, le monde, le monde commun, le monde sensible…"
(Extraits de Las Vegas parano de Hunter S. Thompson)
Relire quelques réflexions sur ILYS à partir d'ici.
Alors là, moi, je suis nul de chez nul : non seulement je n'ai jamais lu ce livre, mais je n'ai jamais non plus tripoté la moindre femme de chambre !
RépondreSupprimerWhat a pity…
Salut la Crevette,
RépondreSupprimerc'est une bonne illustration de ce que je pense et que je vais résumer façon sentence définitive, "la littérature est un cas pratique de la vie". En gros, lors des études de droit, de commerce, on est bassiné de cas pratiques, une situation donn´é, les réponses à apporter dans sa vie professionnelle...la littérature agit exactement de la même façon avec la vie de tous les jours, une situation donnée, la réponse apportée par notre auteur et puis on se fait son expéricence...on peut notamment apprendre des techniques de drague...
bien à toi,
Cherea : " apprendre des techniques de drague!"^^ En l'occurrence ici, c'est comment se sortir de techniques de "drague" vraiment foireuses!^^
RépondreSupprimerDidier, à dire vrai, ce livre de Hunter machin est une mine à scénarios pour BM!! Le narrateur passe son temps, entre deux délires de drogué, à imaginer comment se tirer d'affaire de situation plus dingues les unes que les autres. Et c'est vraiment hilarant.
je ne parlais pas de cet auteur en particulier mais d'autres, on peut notamment lire P. Roth entre autres, là c'est clairement foireux...
RépondreSupprimerCherea, oui Philip Roth, bon exemple pour appuyer la citation de Finkielkraut mais il faut éviter de parler de "sentences définitives", surtout en littérature... Il n'y a pas de réponses en littérature, mais que des questions. Un bon roman se heurte à un moment donné sur le mystère de la personne humaine, sur des éclairages ou des perspectives qu'on n'avait pas perçu, etc... Personnellement, c'est ce qui me plait dans certaines lectures, et aussi le simple fait d'assister, parfois, dans certains passages écrits et lus, à des numéros de voltige si éblouissants qu'on en reste émerveillé et silencieux.
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