Paul VI : "En outre, l'Église étant intimement liée au Christ, la pénitence de chaque chrétien a également une relation propre et intime avec toute la communauté ecclésiale."
Partie trois jours en Europe voir un ami et un couple avec leurs enfants. Je suis marraine du petit dernier.
Accueillie à la gare par l'ami, nous filons nous restaurer avant de nous entretenir avec un curé qui s'occupe sur la ville de B. de l'accueil des non baptisés et de leur parcours de catéchuménat. Nous frappons à la large porte d'une vieille maison, le quartier est tranquille, désert et beau. Il fait très froid.
Le prêtre qui nous ouvre se présente avec un pull signé Ralph Lauren, sans col romain, un sourire figé qu'on devine forgé par des années de concessions et de diplomatie. La partie est perdue, je le pense immédiatement, un coup d'œil a suffi, j'ai compris les colères, les impatiences, le trouble de mon ami qui, après une sincère et brutale conversion, cherche maintenant à se faire baptiser, c'est à dire à recevoir le Dieu Trinitaire, Père, Fils et Saint Esprit en son âme... La grâce divine c'est à dire la Vie de Dieu.
Nous exposons néanmoins les difficultés : le parcours catéchétique trop maigre, nous n'osons dire médiocre, son attirance pour une Église et une liturgie traditionnelle, qui a plus de "corps". Le prêtre nous arrête, il ne comprend pas bien cette attirance qu'il remarque néanmoins chez de nombreux non baptisés. Je tente d'expliquer la chose, me remémorant mon propre cheminement, l'accès à la liturgie traditionnelle par le biais de mon école tenue par des religieuses, de la 6ème à la terminale, l'apparente sécheresse du latin, des prières, l'accès au Mystère lorsqu'on décide de s'y plonger pour de bon, ce Monde spirituel d'une incroyable richesse qui s'ouvre à nous alors, l'apprentissage surtout de l'oraison, la prière intérieure... Le prêtre au regard d'une fixité gênante ne comprend pas. Je me tais. Nous finissons par trouver un terrain d'entente, une possible sortie du nœud : le curé connaît une paroisse traditionnelle qui peut correspondre à mon ami; il se met à la disposition de celui-ci pour le mettre en relation avec le prêtre tradi. Nous acquiesçons tous deux.
En sortant, je vois le front de mon ami barré d'un pli des mauvais jours, la mâchoire serrée, il éclate : "Quand je pense que ce prêtre s'occupe des non baptisés! Mais d'où sort-il? Ne voit-il pas où va le monde? Comment vivent les gens? Comment arrive t-il à dormir alors que jour et nuit il devrait songer à toutes ces âmes qui se perdent? Il y a le feu au lac" conclut-il avec violence.
Je soupire, l'urgence, cette urgence d'une apocalypse qui dure depuis la naissance du monde, je la ressens aussi bien souvent.
Je songe que si mon mari avait été là la conversation aurait sans doute été tout autre et nettement moins agréable pour ce prêtre. Je pense ensuite que je n'aimerais pas être à sa place devant le tribunal divin, mais tout de suite, effrayée de cette pensée "impie", je veux me reprendre et imaginer que si nos prêtres en sont là c'est aussi par la faute du manque de prière de nous les laïcs et de nous, les mères de famille en particulier...Si nous faisions notre travail de maman, élever dans la foi nos petits, leur apprendre la maîtrise de soi, la charité qui n'est pas une tolérance vague envers tout et n'importe quoi, si nous tentions de faire de nos enfants des âmes fortes et brulantes tout à la fois,ce travail maternel qui paraît si insignifiant et qui pourtant, j'en suis persuadée,est l'essentiel d'une vie, je pense que notre Église que j'aime tant et qui m'apparaît si défigurée aujourd'hui n'en serait pas là. Je vais m'en retourner chez moi, me dis-je en moi-même, et faire ce que j'ai à faire. "Just do it" comme la publicité le lance. Just do it parce que élever un gamin chrétiennement, ce n'est pas tant le préparer à la vie que de viser la Vie éternelle. Quand on y réfléchit d'un peu plus près, c'est proprement vertigineux.
Tenir sa maison, c'est tenir le monde.
J’ai soif
L’enfant est né, après bien des alarmes.
Il est beau et repose sur le sein de sa mère.
L’enfant est né, après des cris et des larmes.
Il est maintenant une créature de la terre.
Mais son regard se porte déjà vers le ciel,
Ses bras se tendent vers l’immatériel,
Se referment dans le vide et le néant.
Il est une créature des cieux, pourtant.
Baptisé selon la coutume, avec de l’eau
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
Dieu se love dans son cœur aussitôt
Feu ardent et rouge-sang dans le joyau.
Feu ardent et brûlant attiré par l’eau,
Il murmure maintenant et pour l’éternité,
Dans le cœur de cette âme embrasée
« J’ai soif , Moi le Seigneur, le Très-Haut » .
Descendu aux enfers, volontaire prisonnier
Au cœur de l’homme, un brûlant et divin secret.
Le Seigneur-Dieu, le Créateur, le Crucifié
« J’ai soif » murmure t-Il à l’enfant nouveau-né.
« J’ai soif ! » la Voix enfle et se perd
Dans une vie d’épreuves et de misère.
« J’ai soif ! » crient l’enfant et son Dieu-Trinitaire,
Ils sont à la fois, tous deux, l’eau et le désert.
« J’ai soif ! » parfois la Voix se tait, tout s’endort.
Le bruit du monde, la mollesse de nos corps
Assourdissent le doux murmure, le cri délirant
La voix du Père, et celle de l’enfant.
Occultée, la Voix du Tout-Puissant
Moquée, piétinée, écrasée, cette voix d’enfant
Et dans un silence d’outre-tombe
Quand tout est fini, mort, nuit sombre
Les martyrs, les saints, les pauvres, les malheureux !
De leur bouche pleine de cendre et qui ne s’ouvre plus
Naît un merveilleux sourire. Ils ne crient plus
Puisqu’ils ont appelé, et le Verbe est venu .
Le Calice suprême, La Coupe du salut,
S’est versée sur leurs lèvres, jusqu’à la lie
Ils ont bu.
Prolo de la lite
RépondreSupprimerJ'aimerais vous entendre tenir ce genre de propos devant la grenouille de bénitier qui nous Cathéchisait à coup de règles en fer et qui m'a "interdit de Cathéchisme" (sic) à 7ans pour avoir dessiné un ver dans la fameuse pomme ... Heureusement qu'elle n'avait pas le pouvoir de m'excommunier , je serait déjà dans l'antichambre de l'Enfer !
J'avoue ne savoir que dire Prolo... J'ai pas mal fait le catéchisme et je peux vous assurer que dans certains cas, avec certains enfants ça n'est pas une sinécure... J'ai un peu pris de recul avec mes propres enfants : avec les très sages et les têtes de lard, pourtant élevés de la même façon,on n'obtient pas le même résultat. Disons : ce résultat ne nous appartient pas. Il appartient à l'enfant qui est libre de consentir à la Grâce et il appartient à Dieu. Le boulot demandé à une catéchiste est de transmettre au mieux les vérités de foi.C'est tout.
RépondreSupprimerMais je vous assure que j'était un enfant très sage !!! Et une tête de lard aussi , mais seulement en-dehors des heures de cours ... Je constate seulement les dégâts produits par de mauvais "transmetteurs" . Les athées les plus radicaux ont souvent été élevés chez les frères . Mais qui cherche trouve , la vérité nous appartient , néanmoins que de temps perdu ! On en revient toujours , heureusement , mais montrer l'exemple me paraît plus sain . Quand le simple fait de poser des questions nous est interdit , je vois mal comment on peut s'approcher un tant soit peu d'une vérité .
RépondreSupprimerCe poème est très beau. Il est de qui ?
RépondreSupprimerLe "poème" est de moi.
RépondreSupprimerProlo : je suis persuadée que vous étiez un enfant très sage et chez moi, j'ai des têtes de lard qui seront je n'en doute pas des saints.
Quant au temps perdu, pas de panique! Vous rattraperez tout très bien j'en suis sûre de sûre.Le temps de Dieu ne correspond pas à notre temps à nous.
Et j'ai connu aussi des "transmetteurs" un peu radicaux du genre "la Loi est la Loi". Mais on s'en sort quand même... Comme vous le dites, la vérité nous appartient.
Je ne suis pas croyant mais je ne suis pas non plus un athée viscéral. Je croyais étant môme, j'ai cessé dans l'adolescence, je crois que si je tentais de renouer avec Dieu je serais confronté à la culpabilité d'avoir renié (et pas mal bafoué) celui que je vouvoyais et appelais "seigneur" dans mes prières d'enfant. Je n'ai pas été baptisé et n'ai reçu aucun véritable enseignement religieux, ma mère m'a quand même beaucoup parlé de Dieu, de la mort, de la conscience de soi en me lisant une Bible destinée aux enfants. J'aimerais rencontrer un homme d'église catholique qui ne soit pas un animateur de colo pour JMJies en bermudas mais c'est hélas tout ce que j'ai eu en face de moi lorsque je me suis rendu dans une ou deux églises de ma région. J'aurais énormément de mal à appeler "mon père" un trentenaire jovial portant une guitare en bandoulière et me tendant un verre de Pulco citron dans un gobelet en plastique. Je sais trop peu de choses de la religion catholique et l'état consternant dans lequel se trouvent de nombreuses paroisses aujourd'hui me fait vivement rechigner à retenter l'expérience d'une tentative de prise de contact. Néanmoins je garde une fervente admiration pour ce que je sais du message christique et j'aimerais beaucoup me familiariser avec le catholicisme, ne serait-ce que par attachement un héritage cultrel qui ne m'a pas été transmis. Quel conseil vous sentez-vous en mesure de donner à des gens dans ma situation ?
RépondreSupprimerFrançois
D'abord François, bravo pour le grand courage dont vous faites preuve en vous lançant dans ce type de question ou de démarche.
RépondreSupprimer1/Le premier conseil François est de prier. Demander au Seigneur de mettre sur votre chemin un homme d'Église ou bien une personne qui pourra vous remettre dans un chemin ecclésial qui vous convient.
Car l'essentiel est là : par l'Eglise, vous retrouverez le chemin de la Grâce par le biais des sacrements. Et c'est cela qui importe.
2/Autre démarche : vous re-familiariser personnellement avec ce message du Christ en lisant la Bible. Pour cela, le mieux est de vous inscrire à l'Évangile au quotidien que vous recevrez dans votre boite mail tous les jours ou une fois par semaine. L'intérêt est que les textes bibliques du jour (qui suivent la liturgie de l'Église Catholique) sont toujours accompagnés d'un commentaire d'un saint ou d'un Père de l'Église, et c'est une petite catéchèse à part entière.
Le lien : http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR
3/Enfin,vous avez dans les liens de ce blog le lien avec la Communauté Saint Martin. C'est une communauté de prêtres assez traditionnelle dans leur forme (ils sont en soutane par exemple) mais très implantés dans beaucoup de paroisses en France.Donc proches des réalités vécues par monsieur tout le monde.Je vous recommande d'aller jeter un coup d'œil sur leur site, de chercher s'ils n'ont pas des prêtres pas trop loin de chez vous et de leur rendre visite. Si vous avez besoin d'aide ou de recommandation quelconque, contactez moi par le biais de mon adresse de blog.
Je veux croire que les épreuves traversées dans ce type de démarche, car ce ne sera pas facile, conforteront votre volonté de parvenir à vos fins ou plutôt à une la seule Fin pour laquelle nous sommes profondément destinés.
Et il y a aussi les Fraternités de Jérusalem qui sont très bien. Leur site est ne vraie mine.
RépondreSupprimerhttp://jerusalem.cef.fr/
Merci Catherine
RépondreSupprimerMerci beaucoup.
RépondreSupprimerFrançois