dimanche 16 janvier 2011

Une vie





Cela fait plusieurs semaines maintenant que je le sens bouger. Je mets du temps, j'ai du mal  à m'habituer à cette idée, à ce fait : un nouveau bébé, encore un enfant... J'avais pris grand goût à mon indépendance retrouvée, une liberté que je n'avais jamais ressentie auparavant : mariée à 20 ans, j'habitais encore chez mes parents à l'époque et je suis allée de la chambre que je partageais avec ma sœur à la chambre conjugale! Jamais seule finalement!
Puis les enfants se sont succédés et toute mon attention leur a été consacrée à tel point que pendant longtemps, de longues années, j'étais incapable de suivre un semblant d'actualité locale, régionale, mondiale, incapable de lire aussi... Lorsque les jumeaux sont partis à l'école j'ai eu l'impression de me réveiller d'un très long sommeil.

J'ai donc un peu peur de retomber dans ce sommeil.

Je le sens bouger surtout la nuit, quand je suis tranquille, l'esprit et le corps en repos, attentifs enfin à moi-même... Là, il sait qu'il peut accaparer toute l'attention de maman et il en profite largement. Il lutte déjà pour prouver au monde qu'il existe, il veut déjà avoir toute sa place, il se bat déjà  de toute la force de sa si jeune vie! J'en suis profondément touchée et inquiète aussi : comment répondre à tant d'amour, comment subvenir à cette soif que l'on devine insatiable?
Lorsqu'il bouge ainsi en tout sens je ressens aussi profondément tout son bonheur d'exister... Il est joyeux cet enfant, vous ne pouvez savoir à quel point il est heureux... Et je ris toute seule,stupéfaite, là avec lui, nous passons de bons et doux moments. Je pense alors, que même si sacrifice de liberté il y a, hé bien malgré tout ça vaut le coup, ça vaut toujours le coup, une vie.



(Hoppe, Hoppe Reiter,
Hue Hue Cavalier,
Ta vie a commencé,
Surtout ne pas t’arrêter.)

Reprise : "Souvenir" ( écrit à partir de Spieluhr, Rammstein)

Il a bougé, cette nuit, il a gigoté, joyeux et ravi.

Parfois avec un pied, souvent en prenant appui

Sur les deux il veut s’étendre et fait son caprice.

De mes mains, je l’englobe, il se fige, tout surpris.


Et là, c’est une avalanche de signes et de quêtes

Il se tourne en tous sens, s’agite et me guette

Je le caresse avec force, avec amour, avec rage

Mon bébé, mon amour, ma paix, mon orage.


Au cœur de la nuit, allongée, l’étrange agitation

Mouvante, douloureuse, brutale et éperdue

Délicieuse, évidente, douce, pleine de retenue

Je le sens grandir, irrésistible actualisation.


Parfois, épuisé, il s’endort et ne bouge plus.

Inquiète, c’est à mon tour de m’agiter,

La main sur le ventre, instinctive et pressée

Donne vie à celui qui n’en peut déjà plus.


De nouveau alors, mollement, il remue

Un peu, se laisse porter par l’onde lourde

Pleurniche en silence, suçote son pied, son poing

Tourne sur lui-même et se niche dans un coin.


Double vie à mener, à porter jusqu’à la fin

Trop intense, trop immense et cependant si simple.

Autour de moi, les autres, tout est vain.

C’est un monde si vaste que mon ventre contient.

6 commentaires:

  1. C'est la plus belle période qu'une femme puisse connaître. C'est bien qu'il vous soit donné de la vivre encore une fois.
    Profitez bien de ces moments, soyez sereine.
    Et reposez-vous ! (tu parles ^^)

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  2. Oui, enfin je voudrais pas casser le mythe, mais moi je la connais, la Crevette:
    A part élever ses huit enfants, s'occuper de son neuvième, faire 60 KM de taxi par jour, faire un travail à mi-temps, lire trois livres par semaines, faire des transcriptions de vingt pages des emissions de Finky, corriger l'orthographe d'un contributeur Ilysien, recevoir ses amis chez elle et garder leurs chiens, elle a rien à foutre de ses journées, alors pas la peine de la ramener, hein.

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  3. C'est vrai que j'ai une vie de rêve... J'adore tout ce que je fais.

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  4. XP a raison, sac à papier ! on ne va quand même pas donner cette feignasse en exemple à notre belle jeunesse !

    Les valeurs, bordel, les VALEURS !

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  5. Bande de jaloux. Vous rêvez, je le vois bien, d'éplucher cinq kilos quasi quotidien de légumes, récurer des toilettes, déboucher des aspirateurs, négocier les dernières bourdes de vos enfants avec des maîtresses hystériques, doubler sans avoir pris de café des cars scolaires lancés à 120 sur les petites routes par temps de pluie, faire réciter des poésies atroces à des gnomes qui ne veulent rien savoir, récupérer des ados à minuit et quelques dans des bleds improbables, rembourser les dettes de baby foot dudit ado qui préfère gagner contre "Fifi" la gloire clocharde locale dans un bar miteux plutôt que d'aller à son cours de code, assister à des réunions improbables d'orientation pour le même ado qui, si ça ne tenait qu'à vous, serait déjà à la Légion pour un bon moment, décrypter et repérer les coquilles dans des textes philosophiques du cher mari ("tu peux le faire? Y a que 20 pages pour celui-là, j'en ai besoin pour hier!!"), assumer un petit boulot sans jamais que l'organisation familiale en souffre ("-Quoi!! encore une pizza maman! ça craint le dîner! -oui mais j'ai travaillé aujourd'hui... - Et alors! on s'en fiche! t'avais que te lever à 5 heures et faire le gratin!"), etc, etc...

    Oui Ddier et XP, je comprends votre envie... Je crois que les valeurs chez nous elles sont dans le quotidien, ça en jette à mort je sais bien...^^

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  6. Purée, rien que de lire ça, chuis crevé, moi…

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